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Archivé DIRECTION CENTRALE DU SERVICE DES ESSENCES DES ARMÉES : bureau exploitation

CIRCULAIRE N° 6307/DEF/DCSEA/SDE/1/TD/185/01 relative à la contamination des hydrocarbures par des micro-organismes.

Abrogé le 27 novembre 2000 par : CIRCULAIRE N° 7700/DEF/DCSEA/SDE/1/TD/180/01 relative aux méthodes de détection des contaminations bactériennes des carburants et des méthodes de traitement des carburants contaminés par des micro-organismes. Du 27 septembre 1995
NOR D E F E 9 5 5 4 1 0 2 C

Précédent modificatif :  1er modificatif du 15 septembre 1997(BOC, p. 4017) NOR DEFE9754079C.

Pièce(s) jointe(s) :     Cinq annexes.

Texte(s) abrogé(s) :

Circulaire n° 3067/DEF/DCSEA/SDE/1/185/01 du 29 mars 1990 (RTP 117.90.60) (n.i. BO).

Texte(s) caduc(s) :

texte abrogé, caduc ou radié (reprise des données Boreale_v1).

Classement dans l'édition méthodique : BOEM  501.1.4.

Référence de publication : BOC, p. 4958.

1. Introduction.

Dès la sortie de la tour de distillation et tout au long de la chaîne d'exploitation, les carburants et les combustibles issus des coupes moyennes du pétrole sont contaminés par des micro-organismes.

Le niveau de la contamination reste généralement faible et n'entraîne aucune conséquence sur l'utilisation des produits. Les micro-organismes peuvent aussi rencontrer des conditions favorables à leur développement, et proliférer jusqu'à atteindre un niveau de contamination au-delà duquel le produit, sans traitement préalable, devient impropre à la consommation.

La présente circulaire a pour objet de définir les procédures de contrôle et les moyens à mettre en œuvre pour lutter contre une biocontamination des carburants par des micro-organismes dans les établissements du SEA.

Des mesures préventives permettent de limiter la prolifération des micro-organismes ; des mesures curatives rendent le carburant contaminé à nouveau consommable après destruction des micro-organismes.

L'annexe I présente une description du phénomène de contamination des carburants.

Les annexes II, III et IV détaillent respectivement les opérations à réaliser :

  • pour traiter une capacité de stockage ;

  • pour le cas particulier du carburéacteur ;

  • pour traiter les réservoirs des véhicules et engins terrestres.

L'annexe V donne la définition des termes techniques utilisés dans la circulaire.

2. Champ d'application.

Les prescriptions édictées par cette circulaire sont applicables à l'ensemble des organismes du SEA, en métropole et hors métropole.

Les carburants et les combustibles issus des coupes moyennes du pétrole, distribués par le SEA, sont concernés par cette circulaire.

3. Prévention d'un biocontamination.

L'idée de supprimer toute présence de micro-organismes dans le carburant n'est pas réaliste. Toutefois, il est possible d'en limiter la prolifération par des mesures préventives adaptées.

3.1. Mesures préventives d'exploitation.

Les hydrocarbures purs ne constituent pas un milieu propice au développement des micro-organismes.

Le travail courant d'exploitation des établissements du SEA constitue la meilleure prévention :

  • purges régulières de la phase aqueuse en fond de bac ;

  • nettoyages périodiques des capacités de stockage.

3.2. Mesures préventives par additivation.

Sur ordre de la DCSEA, un traitement préventif par additivation peut compléter les mesures préventives d'exploitation. Le traitement se fait au moyen de l'additif biocide pour carburants, S-1751, selon les principes suivants :

 

Traitement préventif.

Mesure préliminaire.

Purger (1).

Traitement.

Dosage 50 ppm (2).

Homogénéisation.

Brasser.

(1) Eliminer l'interface eau/hydrocarbures.

(2) 50 ppm soit 1 l de S-1751 pour 20 m3 de carburant.

 

4. Détection d'un niveau de contamination anormal

(Modifié : 1er mod.).

4.1. Détection initiale.

Le diagnostic initial d'un niveau anormal de contamination par des micro-organismes est effectué par observation directe.

Il est suspecté dès que l'un des phénomènes suivants est observé :

  • odeur d'œuf pourri ;

  • masse gélatineuse ou fibreuse dans les réservoirs ;

  • taches foncées sur les filtres ;

  • eau de purge trouble, émulsionnée et parfois colorée.

4.2. Confirmation.

Toute présomption d'un niveau anormal de biocontamination doit aussitôt entraîner un contrôle de qualité réalisé au moyen du test de détection, S-1752.

Le mode opératoire du test de détection de micro-organismes S-1752 est livré avec le test.

Nota. — L'additif biocide pour carburants, S-1751, a un large spectre d'efficacité et n'a aucun effet néfaste, aux concentrations utilisées, sur les moteurs, les turbines, les turbomachines, terrestres et aéronautiques et sur les équipements. Il peut être utilisé aussi bien à titre curatif que préventif. Il permet notamment, moyennant quelques précautions d'emploi, de rendre consommable un produit dit « à traiter ».

Les risques de contaminations parasites étant assez importants, chaque contrôle se fait simultanément avec 3 tests de détection pratiqués sur 3 échantillons.

Lorsque 2 tests au moins montrent un niveau de contamination supérieur aux seuils définis ci-après, le produit est jugé, en l'état, impropre à la consommation, et « à traiter ».

4.3. Seuils d'intervention.

Les opérations de décontamination du produit et des capacités de stockage doivent être envisagées, dès que l'un des seuils suivants est atteint :

  • Bactéries.

    Contamination forte.

    Contamination moyenne associée à une contamination moyenne par des levures ou légère par des champignons.

  • Levures.

    Contamination forte.

    Contamination moyenne, associée à une contamination moyenne par des bactéries ou légère par des champignons.

  • Champignons.

    Contamination moyenne, quel que soit le niveau des autres contaminations.

    Contamination légère, associée à une contamination moyenne par des bactéries ou des levures.

5. Traitement de la contamination.

Le traitement se fait au moyen de l'additif biocide pour carburants, S-1751, selon les principes suivants :

 

Traitement curatif.

Mesure préliminaire.

Purger.

Dosage du traitement.

100 ppm (1).

Homogénéisation.

Brasser.

Décantation.

48 heures.

Divers.

Filtrer éventuellement.

(1) 100 ppm soit 1 l de S-1751 pour 10 m3 de carburant.

 

6. Utilisation des produits traités.

6.1. Produits à usage terrestre.

Ils peuvent être consommés, sans aucune précaution particulière, directement après un traitement préventif ou curatif.

6.2. Carburéacteur pour turbomachines d'aviation, F-34, F-35, F-44 et XF-43.

Ils ne doivent pas contenir plus de 50 ppm d'additif biocide, S-1751 (cf. ANNEXE III).

7. Elimination des déchets.

7.1. Tests de détection S-1752.

Après leur utilisation, les lames doivent être détruites conformément aux prescriptions de la norme NF M 07-070 ; les géloses incubées sont neutralisées par incinération, immersion dans l'éthanol à 70° ou dans l'eau de Javel à 12° chlorés ou par un séjour en autoclave.

7.2. Produits contenant du S-1751.

Les déchets liquides contenant du S-1751 sont détruits par incinération.

8. Texte abrogé.

Circulaire no 3067/DEF/DCSEA/SDE/1/185/01 du 29 mars 1990 est abrogée.

Pour le ministre de la défense et par délégation :

L'ingénieur général, direction du service des essences des armées,

Michel LASNE.

Annexes

ANNEXE I. Description du phénomène de contamination par des micro-organismes.

1 Cas de micro-organismes aérobiés.

Les souches aérobies (champignons, levures ou bactéries) ont besoin d'oxygène pour se développer. Elles se nourrissent d'hydrocarbures et vivent à l'interface eau-carburant qui procure les conditions propices à leur prolifération. Certains facteurs amplifient ce phénomène :

  • l'oxygénation mécanique du carburant due aux mouvements ;

  • la température (conditions optimales entre 30 et 40 °C) ;

  • la présence d'oxydes métalliques ou de sels minéraux en fond de bac ;

  • la présence d'additifs tensioactifs qui maintiennent l'eau en suspension dans le carburant et augmentent la surface de l'interface.

Les conséquences directes sont nombreuses et souvent graves :

  • dégradation du carburant par apparition de produits acides d'origine organique ;

  • diminution du pouvoir de désémulsion du carburant par la production de produits biosurfactants par certaines bactéries. Ces biosurfactants maintiennent l'eau en suspension, ralentissent la décantation et empêchent la coalescence dans les filtres séparateurs d'eau ;

  • colmatage des filtres par une zooglée (masse gélatineuse) sur le média filtrant lui-même ou par le mycélium (fibres) produit par les champignons ;

  • attaque des revêtements et corrosion des réservoirs ;

  • mauvais fonctionnement des appareils de jaugeage.

De plus, des conséquences indirectes sont dues à l'intervention du personnel :

  • détérioration des organes moteurs par bipasse volontaire des filtres souvent colmatés ;

  • détérioration du revêtement intérieur des réservoirs par des machines de lavage à haute pression ;

  • perte de pouvoir de désémulsion du carburant due à l'introduction d'agents tensioactifs lors du nettoyage des réservoirs.

2 Cas des micro-organismes anaérobiés.

Le mécanisme du développement des micro-organismes s'articule en deux phases :

  • dans un premier temps, développement de micro-organismes aérobies qui épuisent l'oxygène et forment le substrat initial ;

  • dans un second temps utilisation de ce substrat désoxygéné pour le développement des micro-organismes anaérobies.

Ce mécanisme est particulièrement dangereux pour les dépôts stockeurs dont les cuves sont mal drainées. En effet, les micro-organismes anaérobies dégagent des produits de réaction dont certains sont corrosifs, hydrogène sulfuré (H2S), ammoniac (NH3), méthane (CH4), etc.

Les conséquences sont toujours importantes :

  • corrosion des tôles des réservoirs ;

  • toxicité des gaz générés ;

  • risque d'incendie ou d'explosion dû à la formation d'un corps instable, tel que le sulfure de fer.

ANNEXE II. Traitement des capacités de stockage.

1 Traitement curatif.

1.1 Purger.

Procéder aux purges pour éliminer la phase aqueuse et l'interface au fond de la capacité.

1.2 Traiter.

La manipulation de l'additif biocide doit faire l'objet des précautions habituelles pour le personnel, gants, lunettes, etc.

La concentration finale d'additif biocide, S-1751, devant être égale à 100 ppm, deux méthodes peuvent être employées pour injecter l'additif biocide :

  • a).  Aspiration en amont de la pompe de transfert.

    Brancher un tuyau plastique plongeant dans un bidon d'additif biocide, S-1751, en amont de la pompe de transfert par l'intermédiaire d'une pompe doseuse et commencer l'aspiration dès que le débit de carburant est bien établi.

    Cette procédure est à privilégier parce qu'elle permet le traitement des canalisations et limite les risques d'accident par manipulation.

  • b).  Introduction à partir du toit du bac.

    Introduire l'additif biocide, S-1751, par le toit du bac au début d'une phase de remplissage ou de recomplètement d'au moins 20 p. 100 de l'existant initial de façon à assurer un brassage maximum du carburant.

1.3 Laisser décanter, purger.

A l'issue du traitement laisser décanter quarante-huit heures puis purger pour éliminer l'eau et les déchets organiques. Le carburant ainsi traité sera ensuite mis à la consommation en priorité après filtration éventuelle.

1.4 Inspecter la capacité.

Dès que la capacité est vide, son inspection permet de vérifier si un nettoyage complet est nécessaire.

1.5 Remarques.

  • a).  La désinfection des canalisations et des pompes est obtenue par circulation du produit traité.

  • b).  Des résidus de décontamination, non éliminés par la décantation, sont encore susceptibles de colmater les filtres à l'issue de l'opération.

  • c).  Le traitement des cuves des camions citernes est assimilé à celui des capacités de stockage.

  • d).  Dans le cas d'une batterie de petites cuves (volume unitaire inférieur à 200 m3), la décontamination de l'installation peut se faire par transfert du carburant contenant de l'additif biocide, S-1751, à la concentration de 100 ppm, et en respectant les étapes nos 2 et 3 décrites plus haut.

2 Traitement préventif.

Il est réalisé de manière identique au traitement curatif ; la concentration finale d'additif biocide, S-1751, devant être de 50 ppm.

ANNEXE III. Cas particulier du kérosène pour turbo machines d'aviation.

1 Traitement du carburéacteur stocké.

Les procédures de traitements curatif et préventif font l'objet de l'annexe II à la présente circulaire.

En métropole, l'additivation préventive permanente et systématique n'est pas justifiée.

Hors métropole, des traitements préventifs peuvent être réalisés sur ordre de la DCSEA car le risque de biocontamination est majeur (pays chaud et humide).

2 Utilisation des produits traités.

Les aéronefs peuvent consommer du kérosène additivé de 50 ppm maximum d'additif biocide, S-1751. En conséquence :

  • après un traitement préventif le carburéacteur peut être immédiatement consommé ;

  • après un traitement curatif et avant utilisation, le carburateur doit être dilué à 50 p. 100 avec du produit pur.

3 Les reprises.

L'attention des personnels d'exploitation doit être particulièrement attirée sur les risques de contamination que présente une reprise sur un aéronef.

Les règles de contrôle de qualité (analyse type C) doivent être systématiquement appliquées.

Nota. — Décontamination des aéronefs :

Le traitement des aéronefs n'est pas de la responsabilité du SEA, elle incombe aux cadres de l'armée de l'air, de l'aéronavale, de l'ALAT, ou de la gendarmerie qui doivent édicter leur propre réglementation.

Toutefois les personnels du SEA, en tant que conseillers techniques doivent apporter leur soutien aux armées en mettant notamment en œuvre les moyens d'avitaillement lorsqu'ils sont demandés pour faciliter les opérations de décontamination des aéronefs.

ANNEXE IV. Traitement des réservoirs des véhicules et engins terrestres.

1 Traitement du carburant.

Introduire l'additif biocide, S-1751, dans le réservoir à moitié vide et assurer le brassage du produit par un apport de carburant ou bien introduire du carburant préadditivé en biocide. La concentration finale en additif biocide, S-1751, doit être égale à 100 ppm.

2 Décantation.

Laisser décanter 48 heures, purger puis vidanger le contenu du réservoir.

3 Rinçage du réservoir.

Remplir le réservoir du véhicule avec du carburant frais contenant de l'additif biocide, S-1751, à la concentration de 100 ppm. Laisser décanter et purger.

4 Décontamination du circuit d'alimentation du véhicule.

La décontamination du circuit d'alimentation est réalisée par la circulation du carburant traité introduit dans le réseau lors de l'étape no 3 en faisant fonctionner le moteur quelques minutes.

Changer le filtre à carburant si nécessaire.

Nota 1. — La présence de micro-organismes morts non décantés peut occasionner pendant quelque temps des colmatages de filtres sans qu'il y ait redémarrage de la contamination.

Nota 2. — Si une grande partie du parc est contaminée, il est recommandé de vider complètement les réservoirs des véhicules concernés dans une cuve de stockage, de traiter cette cuve conformément aux instructions de l'annexe IV, puis de remplir à nouveau les réservoirs de véhicules avec le carburant ainsi décontaminé, conformément aux instructions ci-dessus.

ANNEXE V. Définition des termes techniques.

A traiter.

Un produit pétrolier est dit « à traiter » lorsque son niveau de contamination mesuré avec le test S-1752 est supérieur aux seuils d'intervention.

Média filtrant.

Substance assurant la filtration.

Coalescence.

Phénomène physique permettant l'agglomération des gouttelettes d'eau émulsionnées dans le carburant.

Biocide.

Produit détruisant les micro-organismes.

Tensioactif.

Produit modifiant la tension superficielle d'un fluide dans lequel il est dissous (surfactant).

Biosurfactant.

Produit d'origine biologique permettant de solubiliser les dépôts et l'eau dans le carburant.

Gélose.

Milieu de culture des micro-organismes à base d'algues utilisé en bactériologie.

Mycélium.

Longs filaments sécrétés par les champignons.

Zooglée.

Réunion de micro-organismes agglutinés par une substance visqueuse.