La présente instruction précise les modalités d'application de la politique générale du contrôle non destructif (CND) définie dans l'instruction citée en référence b), ainsi que les principes de formation du personnel appelé à exercer cette discipline.

1. Domaines d'application.

Le contrôle non destructif est une opération d'entretien du 2e niveau technique d'intervention (NTI 2) qui s'applique aux aéronefs, aux moteurs, aux ensembles mécaniques et aux matériels d'environnement.

Le personnel affecté en formation peut être autorisé à exécuter ce type d'opération sur délégation du chef du groupement des services techniques (CGST) ou du chef du groupement technique aéronautique (CGTA) sous réserve de respecter les conditions d'habilitation définies dans le 5.

2. Références normatives.

NF EN 473 : qualification et certification du personnel en contrôle non destructif.

Pr EN 4179 : qualification et agrément du personnel en contrôle non destructif dans le secteur aérospatial.

CCA PP 94 001 : règlement intérieur du comité sectoriel aérospatial (COSAC) relatif aux conditions d'attribution des certificats de la confédération française pour les essais non destructifs (COFREND).

3. Méthodes « contrôle non descriptif ».

Sept méthodes CND sont couramment utilisées dans l'aéronautique navale.

3.1. Inspection visuelle.

L'inspection visuelle est une méthode simple ne nécessitant aucun appareillage. Elle est couramment utilisée pour la détection de la corrosion. En revanche, elle suppose, chez les personnels chargés de la maintenance, outre une volonté de recherche, l'aptitude à reconnaître les manifestations de la corrosion et à évaluer l'intégrité des structures.

3.2. Endoscopie.

Cette méthode permet, sans démontage, un contrôle visuel de l'intégrité superficielle de pièces ou de structures à l'aide d'endoscopes souples ou rigides.

3.3. Ressuage.

Le ressuage permet la détection de défauts débouchants sur tous types de matériaux, à l'exception des matériaux poreux. Cette méthode utilise des produits pénétrants et révélateurs sur des pièces préalablement décapées. Elle ne permet pas de dimensionner les défauts en profondeur.

3.4. Magnétoscopie.

Cette méthode, exclusivement réservée aux matériaux ferromagnétiques, permet de détecter des défauts superficiels et sous-jacents.

3.5. Courants de Foucault.

Cette méthode est utilisée pour la détection de défauts débouchants ou proches de la surface sur les matériaux de type « conducteur d'électricité ». Elle permet également d'effectuer des mesures d'épaisseur et de conductivité électrique.

3.6. Ultrasons.

Cette méthode permet la mise en évidence de défauts de surface ou internes sur tous les types de matériaux. Les ultrasons permettent aussi des mesures dimensionnelles sur la surface et en profondeur.

3.7. Radiographie.

La radiographie permet de détecter des défauts débouchants ou internes. Son domaine est limité par la capacité du faisceau de rayons X à traverser la pièce contrôlée.

4. Organisation du CND dans l'aéronautique navale.

4.1. Service de l'aéronautique navale.

4.1.1.

Le bureau technique du service central de l'aéronautique navale (S/AERO/CENT/TECH) est responsable :

• de la définition des modalités d'application de la politique de CND au sein de l'aéronautique navale ;

• de la recherche, de la définition et de la mise en place des méthodes et des moyens nécessaires ;

• de la programmation des stages CND à l'école de formation des sous-officiers de l'armée de l'air de la base aérienne 721 (EFSOAA, BA 721) et de la désignation du personnel en relation avec le commandement des écoles de l'armée de l'air (CEAA) ;

• de la tenue à jour du tableau d'allocation des matériels CND en liaison avec la section environnement du service d'approvisionnement en matériel de l'aéronautique navale (SAMAN/LOG/APPRO/ENV) ;

• de l'élaboration et de la diffusion du recueil des procédures CND de chaque aéronef.

L'animation et la coordination de ces tâches sont assurées par le groupe « études générales » de la section technique (S/AERO/CENT/TECH/EG).

4.1.2.

Le bureau administration-organisation du service central de l'aéronautique navale (S/AERO/CENT/ADM-ORG) assure la gestion de la formation du personnel civil dans un centre agréé par la confédération française des essais non destructifs (COFREND).

Le coût pédagogique de cette formation est pris en charge par le service de l'aéronautique navale au titre des stages spécifiques au profit du personnel civil.

4.1.3.

Le SAMAN/LOG/APPRO/ENV est chargé de l'achat et de la distribution des matériels retenus par le bureau technique.

4.1.4.

L'atelier de réparation de l'aéronautique navale (ARAN) dispose d'une section CND au sein du service qualité contrôle (ARAN/SQC) composée d'un bureau et d'un atelier CND.

Le bureau CND est responsable :

• du suivi des qualifications et des certifications des techniciens civils et militaires spécialistes en CND ;

• du suivi technique de tout le matériel CND présent sur le site ;

• du respect de son allocation en matériel ;

• de la gestion des procédures nécessaires à l'exécution des contrôles CND.

L'atelier CND est chargé :

• de l'exécution des contrôles CND ;

• de l'évaluation des nouveaux matériels à la demande du S/AERO/CENT/TECH ;

• de l'élaboration des procédures écrites détaillant les différentes opérations à effectuer au cours du contrôle.

4.2. Bases d'aéronautique navale et porte-avions.

L'atelier CND du service maintenance des aéronefs (SMA) assume les responsabilités définies ci-dessous :

• le suivi des qualifications et des certifications des techniciens civils et militaires spécialistes en CND ;

• le suivi technique de tout le matériel CND présent sur le site ;

• le respect de son allocation en matériel ;

• la gestion des recueils de procédures CND pour les aéronefs dont la base est désignée base pilote en relation avec la section documentation du service qualité, contrôle et instruction technique ;

• la réalisation des contrôles non destructifs sur les aéronefs et équipements en service dans la base d'aéronautique navale (BAN) ;

• l'élaboration des procédures écrites détaillant les différentes opérations à effectuer au cours du contrôle.

Le concours de l'atelier CND peut être demandé par le S/AERO pour évaluer un nouveau matériel de CND.

La BAN Lanvéoc-Poulmic et la BAN Saint-Mandrier assurent le soutien des bâtiments porteurs d'hélicoptères (BPH) pour l'exécution des opérations de CND, conformément à l'instruction relative aux bases support de ces bâtiments.

5. Formation et habilitation du personnel en contrôle non destructif.

5.1. Principe de la formation.

Le personnel spécialiste en CND est formé par méthode selon la norme NF EN 473. Cette norme relative à la qualification et à la certification du personnel en CND est reconnue par l'ensemble des fabricants et réparateurs de matériels aéronautiques.

Deux cursus sont proposés.

5.1.1. Formation dans un organisme indépendant de certification.

Cette formation dispensée dans un centre agréé de la confédération française des essais non destructifs (COFREND) s'adresse en priorité au personnel civil des BAN, mais est aussi ouverte au personnel militaire. Elle est sanctionnée après examen par un certificat du comité sectoriel aérospatial de certification (COSAC) pour la discipline dans laquelle l'agent est formé.

Composition de la formation :

Les centres d'examen homologués par la COFREND organisent des stages de formation d'une durée de trois à dix jours par méthode CND selon un programme bien déterminé comprenant à la fois des cours théoriques et pratiques. Ces stages préparent à la certification.

Les agents certifiés sont classés en fonction de leur qualification en 3 niveaux de compétence :

Niveau 1 : les agents de niveau 1 sont des opérateurs capables d'effectuer des contrôles selon des procédures écrites. Ils doivent être capables :

• de procéder aux réglages de l'appareillage ;

• de procéder aux essais ;

• de relever et éventuellement de classer les résultats obtenus par rapport aux critères spécifiés dans les consignes écrites et d'en rendre compte.

Pour l'ensemble de ces tâches, les agents de niveau 1 travaillent selon les procédures et sous la responsabilité d'un agent de niveau 2.

Niveau 2 : les agents de niveau 2 sont capables d'effectuer les tâches prévues pour le niveau 1 et d'en contrôler la bonne exécution ; ils sont aptes à mettre au point des modes opératoires de contrôle adaptés à des problèmes faisant l'objet d'une spécification de contrôle et à prendre les mesures nécessaires à leur mise en application.

A cet effet, ils doivent :

• avoir une bonne connaissance du procédé de contrôle concerné et du matériel correspondant ;

• évaluer, interpréter les résultats et pouvoir décider de la conformité du contrôle en fonction des codes, normes et spécifications à respecter ;

• assurer la mise en service et la vérification des appareillages ;

• établir les procédures écrites relatives aux opérations à exécuter par les agents de niveau 1 ;

• diriger sur le plan technique les agents de niveau 1 et participer à leur formation pratique lorsqu'ils y sont appelés.

La validation des procédures écrites par un agent de niveau 2 doit être, dans la mesure du possible, recherchée auprès d'un agent de niveau 3.

Niveau 3 : les agents de niveau 3 ont une bonne connaissance des méthodes CND, des matériaux et des techniques de fabrication des matériels anciens. Ils sont capables de choisir une méthode CND, de définir des critères d'acceptation et de valider une procédure de contrôle.

5.1.2. Formation interne à l'école de formation des sous-officiers de l'armée de l'air de la base aérienne 721.

Cette formation, dispensée au sein de l'EFSOAA, s'adresse au personnel militaire titulaire d'un brevet supérieur (BS) de la spécialité de mécanicien d'aéronautique (MECAE) et, éventuellement, au personnel civil des BAN n'ayant pu suivre un stage COFREND.

La formation et la qualification du personnel sont organisées selon le processus défini dans la norme NF EN 473 mais ne conduisent pas à la délivrance d'un certificat COFREND. Le personnel militaire peut néanmoins obtenir la mention correspondant à la formation suivie.

5.2. Processus.

Le logigramme figurant en annexe I présente un processus simplifié de qualification et de certification du personnel civil et militaire en contrôle non destructif.

Les candidats à cette formation doivent être jugés aptes médicalement à exercer cette activité et avoir une expérience de la méthode concernée avant d'aborder la formation.

Le détail de ce processus est donné dans le règlement intérieur du comité sectoriel aérospatial cité en référence normative.

5.3. Organisation.

Les propositions de candidature et de renouvellement de la qualification sont établies par les BAN, le porte-avions (PA) et l'ARAN en fonction des objectifs en qualifications définis au 6.

Pour le personnel civil : dans le cadre des stages de formation spécifique organisés par le S/AERO.

Pour le personnel militaire : sur proposition adressée au S/AERO/CENT/TECH.

5.4. Habilitation.

Les contrôles non destructifs sont effectués par les personnels habilités par le commandement, choisis parmi les agents ayant suivi la formation dans un centre agréé de la COFREND ou à l'EFSOAA et disposant d'un certificat en cours de validité.

Pour le personnel utilisant des générateurs de rayons X, la détention du certificat d'aptitude à la manipulation des appareils de radioscopie et de radiographie industrielle (CAMARI/DEF) est obligatoire.

6. Objectifs en qualifications.

Le tableau figurant en annexe II fixe les objectifs en qualifications à atteindre dans chaque localisation.

Une proposition de mise à jour de ce tableau est à adresser au service de l'aéronautique navale en cas d'évolution de l'activité CND.

7. Tableau d'allocation du materiel CND.

Le tableau d'allocation cité en référence c) est diffusé à chaque atelier CND responsable du suivi technique et logistique du matériel CND présent sur le site.

La mise à jour et la diffusion de ce document sont assurées par le S/AERO/CENT/TECH.

8. Recueils de procédures.

Les opérations de contrôle non destructif sont décrites et consignées dans un recueil de procédure pour chaque type d'aéronef.

Une instruction particulière définit la composition et les règles d'élaboration des recueils de procédures.