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DIRECTION DU MATÉRIEL : 1er Bureau : constructions navales

INSTRUCTION relative au mode de numérotage des compartiments des navires.

Du 28 août 1893
NOR

Autre(s) version(s) :

 

Précédent modificatif :  Autre du 20 février 2013 de classement.

Classement dans l'édition méthodique : BOEM  140.2.

Référence de publication : BO/M, p. 297 ; BOR/M, p. 206.

1. Cloisons étanches et tranches.

Les tranches séparées par des cloisons étanches continues ; s'étendant de la carlingue au pont principal, sont désignées par la suite naturelle des lettres A, B, C, de l'avant à l'arrière.

Les cloisons étanches qui limitent les tranches sont désignées par les deux lettres des tranches qu'elles séparent AB-BC-CD.

S'il existe entre les grandes cloisons étanches transversales d'autres cloisons étanches ne montant pas jusqu'au pont principal et qu'il y ait intérêt à les désigner d'une façon spéciale, on les appellera du nom de la petite lettre de la tranche à laquelle elles appartiennent, avec ou sans indice, cloisons aa'… bb'… Mais ces cloisons, pour le numérotage des compartiments, ne seront pas considérées comme formant des divisions spéciales dans la tranche.

2. Numérotage des compartiments par tranche.

2.1. Position en hauteur.

Un navire est presque toujours divisé, dans le sens de la hauteur, en un certain nombre d'entreponts bien définis, limités par des ponts étanches ou non. Ces ponts peuvent être interrompus ou supprimés en différents points ; c'est ce qui arrive toujours pour la chambre des machines et des chaudières, par exemple, mais on admettra qu'ils sont continués par la pensée dans toute la longueur du navire, et dès lors un compartiment quelconque pourra toujours être considéré comme appartenant à un entrepont bien déterminé, fictif ou réel. Ces entreponts seront désignés par la suite naturelle des nombres 1, 2, 3, en partant du pont principal, c'est-à-dire du pont cuirassé supérieur pour les navires qui en ont deux, et en allant vers les fonds, c'est-à-dire dans le sens de la descente. Ces chiffres seront ceux des centaines dans le système de numérotage à trois chiffres adopté. Le dernier entrepont sera limité au vaigrage, les compartiments de double fond devant faire l'objet du numérotage spécial, dans lequel on se borne simplement à supprimer la cote en hauteur, comme il sera exposé plus loin.

Certains navires nouveaux ont, au-dessus du pont cuirassé supérieur, un entrepont cellulaire dont il peut être important de numéroter les compartiments étanches. Cet entrepont sera considéré comme divisé en tranches fictives par les grandes cloisons transversales supposées prolongées et dont les traces devront être peintes à l'huille sur la muraille. Le chiffre assigné à cet entrepont cellulaire, comme cote en hauteur, sera 0 (zéro).

2.2. Position en longueur.

La position en longueur du compartiment sera comptée à partir de la cloison avant de la tranche et en allant sur l'arrière. Elle sera désignée par les chiffres 1, 2, 3… suivant que les compartiments seront à toucher la cloison avant ou en seront séparés par un ou deux autres compartiments. Ces chiffres sont ceux des dizaines.

2.3. Position en largeur.

La position en largeur sera composée à partir du plan diamétral en allant en abord et sera désignée par la suite naturelle des chiffres en réservant les chiffres impairs pour tribord et les chiffres pairs pour bâbord. Pour les compartiments qui se trouvent dans l'axe, la cote de largeur sera 0 (zéro). Ces chiffres sont ceux des unités (1).

Pour la désignation d'un compartiment, le nombre de trois chiffres, qui constitue ses coordonnées, est toujours placé à la suite de la lettre indicatrice de la tranche, comme dans le système actuellement réglementaire (2).

Il est dès lors facile, par la lecture seule du numéro du compartiment, de savoir où il se trouve dans le navire ; ainsi :

  • H 247 sera situé dans la tranche H à tribord dans le second entrepont, ou à hauteur de cet entrepont, en partant du pont principal, le 4e sur l'arrière de la cloison avant de la tranche, c'est-à-dire de la cloison GH, le 4e à tribord en partant du plan diamétral, c'est-à-dire assez éloigné du milieu.

  • H 240 occupera dans la tranche H une position analogue au précédent en longueur et en hauteur, mais se trouvera dans l'axe.

  • E 010 appartiendra à l'entrepont cellulaire, dans une partie du navire correspondante à la tranche E, à toucher la cloison DE supposée prolongée et dans l'axe du navire.

  • E 118 bis serait dans la tranche E à bâbord, dans le premier entrepont, le premier sur l'arrière de la cloison avant, c'est-à-dire de la cloison DE et le 5e bâbord, en partant du plan diamétral.

Si un compartiment occupe en hauteur plus d'un entrepont ou est à cheval sur deux entreponts, on admettra qu'il appartient à l'entrepot dans lequel se trouve la porte d'accès principale si cette porte est une cloison verticale, et celui de l'entrepont dans lequel se trouve sa partie supérieure si l'entrée est sur la face horizontale. De même, si un compartiment occupe en longueur plusieurs tranches fictives ou réelles, ou est à cheval sur deux tranches, il sera toujours considéré comme appartenant à la tranche dans laquelle est sa porte d'accès.

Dans ce cas, ces compartiments intérieurs pourront être désignés comme il suit :

Pour bâbord :

Pour tribord :

onglet H 12

cofferdam E 14

onglet H 11

cofferdam : E 13

 

désignation dans laquelle la cote en hauteur, ou chiffre des centaines, est remplacée par le mot très explicite d'onglet ou cofferdam. Les compartiments supérieurs placés au-dessus dans le même étage seront numérotés selon les règles ordinaires.

Figure 1. NUMÉROTAGE DES COMPARTIMENTS DES NAVIRES PAR TRANCHE

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3. Compartiments de double fond et double coque.

Il paraît désirable de doter ces compartiments d'un numérotage simple et qui les différencie à première vue des autres compartiments du navire. Cette distinction, que ne comporte pas le système actuellement réglementaire, mais qu'il serait d'ailleurs facile d'y introduire, est réclamée par la plupart des commandants.

Mais il est nécessaire de bien définir ce qu'il faut entendre par les compartiments de double fond et de double coque auxquels doit s'appliquer exclusivement le numérotage spécial.

2° Dans certaines dispositions de compartimentage, il peut se faire, assez exceptionnellement d'ailleurs, que des compartiments rapprochés soient susceptibles de recevoir le même numéro. Il suffira, pour lever la difficulté, de supposer prolongées une ou plusieurs cloisons partielles des compartiments voisins, soit dans le sens transversal, soit dans le sens longitudinal, ce qui augmentera d'autant le chiffre des dizaines ou des unités des compartiments situés derrière ces cloisons fictives.

Ainsi, soit au 3e entrepont une tranche D compartimentée à bâbord, comme le représente le croquis ci-contre. En suivant les règles indiquées, le numérotage peut se faire comme sur la figure 1, mais alors on aurait deux compartiments ayant le numéro 322. Il suffit de supposer prolongée la cloison longitudinale partielle ab en bc (fig. 2) pour que les compartiments en abord aient une cote en largeur supérieure d'une unité et pour que le numérotage devienne tel qu'il n'y ait plus deux nombres semblables.

D'ailleurs, dans tous les cas particuliers qui peuvent se présenter, il sera toujours facile aux ingénieurs chargés de l'armement, d'accord avec les commandants des navires, de trouver une solution simple qui conserve toute l'économie du système.

Figure 2. NUMÉROTAGE DES COMPARTIMENTS DE DOUBLE FOND ET DOUBLE COQUE

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Ces compartiments seront ceux compris entre le bord extérieur et le vaigrage étanche, que ce vaigrage soit appliqué sur les membrures, comme dans les fonds du bâtiment, ou qu'il se relève en abord sous forme de cloison longitudinale distante de la membrure comme sur certains navires. Si le vaigrage reste appliqué sur les membrures jusque sous le pont principal, tout autre compartiment limité en abord par des cloisons longitudinales rentrera dans le numérotage ordinaire.

Les compartiments de double fond et de double coque ainsi définis recevront un numérotage de deux chiffres seulement, précédé toujours de la lettre de la tranche à laquelle ils appartiennent. Ils seront ainsi différencié ipso facto. Le chiffre des dizaines donnera la cote en longueur, et le chiffre des unités la cote en largeur par rapport au plan diamétral et en remontant le long du bordé jusqu'au pont principal. Les règles suivies pour ce numérotage seront d'ailleurs les mêmes que pour les autres compartiments.

Ce numérotage de deux chiffres ne comporte pas de cote de hauteur, ce qui ne saurait avoir d'inconvénient ; le nombre de ces compartiments, suivant le contour du bordé, étant généralement de trois à cinq, et par suite le chiffre des unités indiquant suffisamment s'ils sont dans les fonds ou en abord.

Ainsi E 25 se trouvera dans la tranche E, le second sur l'arrière de la cloison DE, le troisième à tribord à partir du plan diamétral en remontant le long du bordé. Si, comme sur certains navires, le vaigrage se relève à partir de la 2e liste étanche pour former cloison longitudinale, ce compartiment fera partie de ceux dits de double coque.

E 10 sera, comme le premier, dans la tranche E, le premier sur l'arrière de la cloison DE et dans l'axe du navire qui, dans ce cas, n'aurait pas de carlingue centrale étanche.

Il importe d'éviter dans le numérotage des compartiments toute complication inutile. Ainsi les guérites et couloirs d'accès d'une soute à munitions, bien que pouvant former sur certains navires autant de petits compartiments étanches, doivent être considérés, au point de vue du numérotage général, comme ne faisant qu'un avec la soute. Si, pour le service intérieur, le commandant croit devoir distinguer chacune de ces subdivisions, il pourra toujours le faire, mais sans modifier le numérotage principal.

La lettre caractéristique de chaque tranche sera peinte d'une manière aussi apparente que possible sur la cloison avant de cette tranche. Le signalement de chaque compartiment sera gravé sur le robinet d'épuisement qui le commande, sur le trou d'homme, et marqué d'une façon très visible sur la porte ou le panneau d'accès.

Le ministre de la marine,

RIEUNIER.