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DIRECTION CENTRALE DES SERVICES DE SANTÉ DES ARMÉES : bureau technique

CIRCULAIRE N° 2144-2/DCSSA relative aux mesures de protection à prendre dans la manipulation de l'essence éthylée.

Du 07 mars 1952
NOR

Classement dans l'édition méthodique : BOEM  510-3.1.2.1.

Référence de publication : BO/G, p. 1794 ; BO/M, p. 1707 ; BO/A, p. 1246.

« L'Éthyl-fluid » dont il est fait usage comme antidétonant dans les moteurs à piston est un mélange contenant 61 p. 100 en poids de plomb tétraéthyle.

Il est coloré en bleu ou en vert pour l'essence d'avion, en jaune pour l'essence d'auto.

L'essence éthylée contient de « l'Éthyfluid » en proportion variable selon l'usage auquel elle est destinée :

  • pour l'aviation : 1,2 p. 1000 (en volume) ;

  • pour l'automobile : 0,5 p. 1000 (en volume) ;

  • pour certains chars : 0,8 p. 1000 (en volume).

Les risques d'intoxication sont d'autant plus grands que la proportion d'Éthyl-fluid dans l'essence est plus élevée.

Le plomb tétraéthyle est susceptible de provoquer chez l'homme des accidents toxiques, soit par sa propre action, soit par celle du plomb ou des composés minéraux de ce métal qui peuvent prendre naissance au moment de la combustion de l'essence et se trouver fixés sur diverses parties du moteur ou expulsés dans l'atmosphère avec les résidus de la combustion.

Le plomb tétraéthyle lui-même peut pénétrer dans l'organisme par inhalation de ses vapeurs ou par absorption cutanée ; le plomb et ses composés minéraux peuvent être absorbés sous forme de poussières plombifères, par inhalation ou ingestion.

Toutefois les phénomènes d'intoxication ne surviennent que si la dose de plomb ayant pénétré dans l'organisme à un moment donné ou pendant un temps donné est suffisante.

La préparation du plomb tétraéthyle étant limitée à quelques usines et les opérations du mélange avec l'essence se faisant elles-mêmes dans ses dépôts soumis à une réglementation sévère, seules les mesures de protection à prendre pour éviter ces phénomènes d'intoxication lors de la manipulation ou de l'utilisation de l'essence éthylée par du personnel de l'armée sont à envisager.

Sources de risques d'intoxication par « l'essence éthylée aviation ».

  • 1. Respiration des vapeurs. Les risques d'exposition aux vapeurs sont dus à :

    • la mauvaise ventilation des locaux où se font les manipulations ;

    • le conditionnement d'importantes quantités d'essence par des moyens de fortune ;

    • l'essence répandue dans des locaux fermés ou mal ventilés dans des conditions telles qu'elles peuvent entraîner la vaporisation à peu près complète du liquide répandu ;

    • les fortes températures régnant dans ces locaux.

  • 2. Contact avec la peau. Le contact de la peau avec l'essence éthylée est pratiquement sans danger à moins d'un contact habituel permanent et de longue durée.

  • 3. Inhalation de particules plombifères provenant :

    • des gaz d'échappement des moteurs ;

    • des poussières plombifères sortant des pots d'échappement et tombées sur le sol.

    Pratiquement, il a été constaté que la question d'intoxication par inhalation de particules plombifères ne se pose pas, sauf dans le cas de nettoyage des réservoirs où cette question est primordiale.

  • 4. Ingestion de particules plombifères ayant pour origine :

    • la pollution des aliments par des poussières plombifères ;

    • la pollution, en particulier chez les mécaniciens, des mains ayant été en contact avec les huiles des carters.

Prescriptions à observer.

  • 1. Manipulation intermittente. La manipulation intermittente et l'utilisation de l'essence éthylée n'entraînent pas de risques d'intoxication à condition de :

    • faire connaître au personnel utilisateur que toutes les essences devant servir de carburant contiennent du plomb ;

    • faire connaître au personnel utilisateur les risques auxquels l'exposeraient les fautes d'utilisation, la respiration prolongée de ses vapeurs ou celle des gaz provenant des pots d'échappement dans un lieu mal ventilé ;

    • interdire sa manipulation dans les hangars, tout remplissage de récipients devant s'effectuer avec le maximum de ventilation naturelle, de préférence à l'air libre, ou dans un emplacement n'offrant aucun obstacle naturel ou artificiel aux courants d'air ;

    • assurer une large ventilation des hangars abritant des avions dont les réservoirs contiennent de l'essence éthylée ;

    • prescrire aux mécaniciens et manipulateurs d'enlever leurs vêtements de travail et d'effectuer un savonnage soigneux et prolongé de leurs mains avant d'absorber tout aliment dont l'apport et la consommation dans les hangars sont interdits.

  • 2. Manipulation régulière. Les mêmes prescriptions seront observées par le personnel appelé à manipuler régulièrement l'essence éthylée. Ce personnel doit être :

    • exempt de maladies organiques du système nerveux central, des reins, des vaisseaux sanguins et du sang ;

    • doté de vêtements, chaussures, etc., si possible de gants en résine polyvinilique dont le nettoyage sera régulièrement effectué ; il y aura lieu de veiller au bon état de conservation des gants, le polychlorure de vinyl ne résistant pas à l'action prolongée de l'essence ;

    • périodiquement affecté, si possible, à un autre service n'impliquant aucune exposition au plomb. Il est recommandé de changer le personnel ayant accompli deux semaines de travail quotidien (journée de huit heures) et de l'affecter pendant quatre semaines à un autre service.

    Les manipulations seront effectuées :

    • à l'air libre ;

    • ou dans des bâtiments largement ouverts à l'air libre, ou parfaitement ventilés, dont le sol, disposé de manière à éviter l'accumulation de l'essence répandue, sera fréquemment lavé à la lance ou par tout autre moyen.

    Les prescriptions concernant le travail dans les réservoirs à carburant font l'objet de dispositions plus sévères. Le masque à gaz réglementaire ne suffit pas (inopérant) et un masque d'un type isolant genre Fenzy doit être utilisé. Mais pour ces travaux il y aurait intérêt à faire appel à des équipes spécialisées disposant de matériel nécessaire et opérant suivant les prescriptions spéciales édictées par la société Éthyl SA. De toutes façons il est nécessaire de rincer à la lance les parois du réservoir avant d'y descendre.