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DIRECTION CENTRALE DU SERVICE DE SANTÉ DES ARMÉES : Sous-Direction action scientifique et technique ; Bureau technique

INSTRUCTION N° 710/DEF/DECSSA/AST/TEC sur la désinsectisation et la dératisation dans les armées.

Du 12 mars 1997
NOR D E F E 9 7 5 4 0 2 9 J

Précédent modificatif :  a).  Erratum du 21 mai 1997 (BOC, p. 2557) NOR DEFE9754029Z , b).  1er modificatif du 4 septembre 1997 (BOC, p. 3649) NOR DEFE9754067T

Texte(s) abrogé(s) :

Instruction n° 103/DEF/DCSSA/2/TEC du 10 janvier 1985 (BOC, p. 2759)

Classement dans l'édition méthodique : BOEM  510-3.1.2.2.

Référence de publication :

1. Dispositions générales.

(Modifié : 1er mod.)

La désinsectisation et la dératisation obéissent aux règles de l'hygiène et de la prophylaxie ainsi qu'aux règlements nationaux et internationaux ; ces opérations entrent dans le cadre de la protection sanitaire nationale et internationale. Elles peuvent être motivées :

  • par l'application des prescriptions légales ou administratives tendant à prévenir l'apparition ou l'extension de maladies transmissibles à l'homme ;

  • par l'application de prescriptions légales ou réglementaires visant à la protection de la santé, à l'hygiène ou au bien-être de la troupe, à la protection du matériel et des animaux appartenant à l'Etat, à l'assainissement des locaux destinés au logement des militaires et des marins ou de ceux qui sont occupés, à titre de logements particuliers, dans des immeubles dépendant du ministère de la défense.

1.1. RESPONSABILITE DE L'EXÉCUTION DES OPÉRATIONS.

Les différents textes concernant le fonctionnement et les attributions des commandements des armées de terre, de l'air, de mer et de la gendarmerie nationale et ceux relatifs à l'organisation et au fonctionnement du service de santé dans les trois armées et dans la gendarmerie nationale, fixent les responsabilités respectives du commandement et du service de santé des armées en matière de désinsectisation et de dératisation.

D'une manière générale, ces opérations suivent les principes suivants :

  • lorsque ces opérations ont pour but de conserver ou de protéger des matériels ou des produits placés dans les magasins des commissariats, des corps de troupe, des bâtiments, des écoles, des bases ou des ports, ainsi que dans les ateliers ou arsenaux, leur exécution incombe aux moyens des commissariats ou des corps de troupe, des écoles, bases, ateliers ou arsenaux. Le service de santé n'intervient alors, en principe, que pour délivrer ou pour procurer, à charge de remboursement, les produits demandés et pour dispenser, si besoin, ses conseils ;

  • dans les autres cas, qui visent directement ou indirectement la protection du personnel, le service de santé est concerné. Il peut, soit exécuter les opérations par ses moyens propres, soit exercer un contrôle technique particulièrement lorsque les opérations sont réalisées par des moyens extérieurs aux armées.

1.2. LE CONSULTANT RÉGIONAL.

Tout directeur ou chef du service de santé peut faire appel à un médecin spécialiste, choisi en raison de sa compétence, après accord de l'autorité dont dépend cet officier, pour exercer la fonction de consultant régional en matière de désinfection et de dératisation.

Ce consultant régional peut recevoir du directeur ou chef du service de santé des missions d'expertises, d'enquêtes ou de visites techniques, occasionnelles ou permanentes, dans les formations relevant de l'autorité technique de ce directeur ou chef du service de santé ; il peut donner aux médecins et au commandement de ces formations tous avis ou conseils techniques en matière de désinsectisation et de dératisation.

2. DESINSECTISATION.

2.1. GENERALITES.

La désinsectisation a pour but la destruction des arthropodes, vecteurs d'agents pathogènes. Elle s'impose également lorsque, par leur pullulation, ceux-ci sont source de nuisance et de dégradation au niveau des récoltes, stocks alimentaires, etc. Leur destruction revêt une particulière importance en zone intertropicale où les conditions climatiques favorisent leur prolifération. Pour cette raison, la présente instruction traite essentiellement de la lutte contre les insectes en zone intertropicale, tout en sachant que des dispositions de même nature peuvent être appliquées en zone tempérée et plus particulièrement en métropole.

Parmi les milliers d'espèces d'insectes existants, seules quelques-unes sont vectrices de maladies. La contamination de l'homme se fait à l'occasion de piqüres ou de morsures qui se produisent le plus souvent au crépuscule ou la nuit. La prolifération des insectes est favorisée par la chaleur, les collections d'eau et l'existence de sites écologiques favorables (hautes herbes, broussailles, forêts).

La lutte contre les arthropodes comporte deux aspects :

  • un aspect défensif, tendant à soustraire l'homme aux effets du vecteur ;

  • un aspect offensif cherchant à détruire la population d'arthropodes en cause.

2.2. LUTTE CONTRE LES INSECTES VECTEURS DE MALADIES EN ZONE TROPICALE.

2.2.1. Introduction.

Les régions intertropicales demeurent le lieu d'élection des affections transmises par les insectes car les conditions d'environnement qui y règnent (températures, collections d'eau, difficultés de l'assainissement) favorisent la pullulation des arthropodes vecteurs.

Par ailleurs, pour de nombreuses affections à transmission vectorielle n'existent ni vaccination ni chimioprophylaxie. C'est le cas en particulier des arboviroses, des leishmanioses, des trypanosomiases. Les seules mesures préventives efficaces reposent sur la lutte contre les insectes vecteurs.

L'actualité montre que les affections transmises par les insectes gardent toute leur importance au plan de la santé communautaire :

  • augmentation de la morbidité et de la mortalité par paludisme, liée à l'extension des chimiorésistances de Plasmodium falciparum dans les zones intertropicales asiatiques, africaines et américaines ;

  • multiples poussées épidémiques de fièvre jaune en Afrique de l'Ouest depuis 1985 ;

  • poussées épidémiques de dengue dans la zone Pacifique ainsi qu'en Amérique du Sud et aux Caraïbes depuis 1991.

Les détachements militaires qui séjournent dans ces zones intertropicales, bien souvent soumis à des conditions d'hygiène précaire, représentent des groupes hautement réceptifs à ces différentes affections.

Le médecin des armées est donc particulièrement concerné par les opérations de lutte anti-vectorielle qui visent à préserver la santé des militaires opérant en zone tropicale et maintenir leur disponibilité opérationnelle.

2.2.2. La bio-écologie des principaux insectes vecteurs de maladies en zone tropicale.

De façon pratique, les insectes vecteurs sont classés en deux groupes : les insectes non ailés et les insectes ailés.

2.2.2.1. Les insectes non ailés.

Ils sont représentés par les poux, les puces et les tiques, ces derniers n'étant pas à proprement parler des insectes mais des acariens.

Le pou de corps (Pediculus humanus) est susceptible de transmettre le typhus exanthématique. La puce du rat (Xenopsylla cheopis) est responsable de la transmission de la peste du rat à l'homme. Ces deux affections sont des maladies cosmopolites dont l'extension épidémique est favorisée par les conflits, les déplacements de population et les catastrophes naturelles.

Les tiques sont susceptibles de transmettre des borrélioses (maladie de Lyme), des rickettsioses, des arboviroses, chez le personnel se déplaçant en zone rurale (forêt, savane, etc.).

2.2.2.2. Les insectes ailés.

Ce sont les transmetteurs des grandes endémies tropicales : paludisme, arboviroses dont fièvre jaune et dengue, trypanosomiases, leishmanioses, onchocercose et filariose lymphatique.

Les insectes ailés qui sont des diptères (deux ailes) se subdivisent en deux sous-ordres : les diptères brachycères (corps ramassé, ailes larges) et les diptères nématocères (ailes longues et étroites).

2.2.2.2.1. Les diptères brachycères.

L'espèce vectrice importante à connaitre est la mouche piqueuse appelée « tsé-tsé » ou glossine, responsable en Afrique de la transmission de la trypanosomiase humaine africaine.

La plupart des espèces de glossines vivent sous le couvert forestier et leur cycle de développement nécessite des sols humides et ombragés pour la ponte des œufs et le développement des larves.

2.2.2.2.2. Les diptères nématocères.

Ce vaste sous-ordre comprend les moustiques, les simulies et les phlébotomes.

2.2.2.2.2.1. Les moustiques.

Ils possèdent en commun une caractéristique fondamentale : leur cycle de développement implique la présence d'eau, leurs premiers stades (œuf, larve, nymphe) étant aquatiques. Un autre point commun aux moustiques est le comportement hématophage des femelles nécessaire à la maturation de leurs œufs. Enfin et bien qu'il existe des variations selon les espèces, les moustiques femelles piquent surtout au crépuscule et pendant la nuit.

  • Les anophèles.

    L'anophèle femelle est responsable de la transmission du paludisme dans les zones inter et subtropicales de la planète.

    La phase larvaire, qui dure de huit à vingt jours, nécessite des eaux calmes, claires, ombragées ou ensoleillées selon l'espèce en cause. Les collections d'eau telles que fossés, ornières, empreintes de pas dans le sol, sont des gîtes larvaires potentiels, sous réserve de leur persistance pendant un minimum de dix jours.

    En zone de savane, la pullulation optimale des vecteurs a lieu quelques semaines après l'arrivée de la saison des pluies lorsque les collections d'eau sont à leur maximum. Les populations d'anophèles sont peu nombreuses en ville sauf si celles-ci sont implantées à proximité d'une lagune. En revanche, les zones périurbaines sont souvent très infestées.

    La période d'activité maximale des anophèles se situe du crépuscule à l'aube.

    Le vol de l'insecte est silencieux et sa piqüre indolore.

  • Les aedes.

    Aedes aegypti est le grand vecteur de la fièvre jaune urbaine en Amérique comme en Afrique. De plus, les aedes sont responsables en Afrique, comme en Extrême-Orient, de la transmission des fièvres hémorragiques dont la dengue.

    Les œufs, qui résistent plusieurs mois à la dessication, se développent dans des collections d'eau très réduites. Les réserves d'eau des habitations rurales (canaris) ainsi que les réceptacles que constituent les plantes à tige engainante (maïs, bananiers) constituent des gites de choix pour leur développement.

    Les populations d'aedes sont nombreuses en milieu urbain.

    Leur activité maximale se situe en fin d'après-midi et durant la première partie de la nuit.

  • Les culex.

    Ils sont responsables de la transmission de la filariose lymphatique et de certaines arboviroses (encéphalite japonaise) dont la zone de transmission se situe en Asie du Sud-Est et au niveau du sous-continent indien.

    Ils se multiplient en milieu urbain car leurs larves prolifèrent dans les eaux chargées en matières organiques telles que les égouts, les caniveaux, les fosses septiques.

    Les piqüres de culex sont douloureuses et représentent une nuisance dans les agglomérations urbaines implantées en zone tropicale.

2.2.2.2.2.2. Les simulies.

Elles sont le vecteur de l'onchocercose ou « cécité des rivières ».

Ces insectes installent leurs gites larvaires en eau courante. Ce caractère explique la localisation géographique des grands foyers africains d'onchocercose près des rapides et des chutes des fleuves et des rivières.

Par ailleurs, les morsures de simulies, par leur nombre et par la douleur qu'elles occasionnent, constituent des nuisances redoutées des populations vivant près des cours d'eau.

2.2.2.2.2.3. Les phlébotomes.

Ils sont responsables de la transmission des leishmanioses.

Leur développement larvaire, contrairement aux moustiques, est terrestre.

L'Inde, l'Afrique tropicale et méditerranéenne, l'Amérique du Sud sont particulièrement concernées par les leishmanioses qui constituent un véritable problème de santé publique.

2.2.3. Les moyens techniques de la lutte antivectorielle.

Ne sont traités dans la présente instruction que les moyens de lutte qui ont fait leurs preuves et qui sont d'utilisation courante sur le terrain, en excluant les techniques en cours d'étude ou de développement (méthodes génétiques et biologiques).

La lutte antivectorielle associe les moyens physiques qui visent à modifier durablement l'environnement et les moyens chimiques (insecticides) dont les effets sont limités dans le temps.

2.2.3.1. Les moyens physiques.

Ils reposent sur l'aménagement de l'habitat et de l'environnement, de façon à maintenir des barrières physiques entre les insectes vecteurs et l'homme et à limiter leur prolifération.

Leur coüt est élevé mais leur efficacité est durable.

2.2.3.1.1. La lutte domiciliaire.

Elle est fondée sur l'utilisation des moustiquaires : moustiquaires de lit, grillages moustiquaires aux ouvertures des habitations (portes, fenêtres).

Ces méthodes sont d'un coüt acceptable, mais nécessitent en contrepartie un suivi rigoureux pour remplacer les éléments déchirés ou détériorés.

La climatisation, lorsqu'elle est correctement installée, constitue une barrière efficace contre la pénétration des vecteurs.

2.2.3.1.2. La lutte péridomiciliaire.

Elle s'adresse aux gites larvaires et aux insectes adultes.

La destruction des gites larvaires est obtenue par :

  • le comblement méthodique de toutes les collections d'eau et le drainage des terrains ;

  • l'enlèvement de tous les objets usagés susceptibles de constituer un gite (füts, bouteilles, vieux pneus, boites de conserve, etc.) ;

  • l'interdiction de la culture de plantes à tiges engainantes (arbres du voyageur, cannas) ;

  • le nettoyage hebdomadaire des récipients utilisés pour le stockage de l'eau (vidange et brossage des parois intérieures).

La lutte contre les sites de repos des insectes adultes (imago) nécessite la destruction des taillis, des buissons, des hautes herbes, dans un rayon de 400 mètres autour des habitations.

Enfin, dans le cadre de la lutte physique antivectorielle, le choix de l'implantation des camps ou des bivouacs est essentiel. Les meilleurs sites sont les points hauts, loin des collections d'eau et bien ventilés.

2.2.3.2. Les moyens chimiques.

Les insecticides chimiques, dont le chef de file fut le dichloro-diphényl-trichloréthane ou DDT, ont largement été utilisés en zone tropicale. A partir des années 1950, l'organisation mondiale de la santé (OMS) a développé un programme d'éradication du paludisme fondé sur les aspersions intradomiciliaires de DDT.

Les produits les plus utilisés sont les insecticides de contact qui pénètrent par voie tégumentaire et vont se fixer dans le système nerveux de l'insecte.

Des contraintes à l'utilisation de ces produits sont apparues, il s'agit des résistances des insectes, de la toxicité sur la faune non-cible et sur les humains qui rend nécessaire la protection du personnel appelé à manipuler les insecticides (vêtements, gants, masques, lunettes) et du coüt élevé des campagnes de désinsectisation.

Il existe une centaine d'insecticides qui se répartissent en trois grands groupes : les organochlorés, les organophosphorés et les pyréthrinoïdes. Les principaux insecticides utilisables sont mentionnés dans l'annexe I.1.

2.2.3.2.1. Les grands groupes d'insecticides.
2.2.3.2.1.1. Les organochlorés.

Une vingtaine de produits différents existent dont le DDT et l'hexachloro-cyclohexane ou lindane ou HCH.

Leur toxicité est modérée et leur rémanence longue.

2.2.3.2.1.2. Les organophosphorés et les carbamates.

Parmi la cinquantaine de produits existants, les plus utilisés sont le téméphos, le malathion, le chlorpyrifos et le propoxur.

Ils sont moins rémanents, plus toxiques et plus coüteux que les organochlorés.

2.2.3.2.1.3. Les pyréthrinoïdes de synthèse.

Une quinzaine de produits existe et parmi les plus connus figurent la deltaméthrine, la perméthrine et la cyfluthrine.

Ils sont peu toxiques pour l'environnement, peu rémanents mais relativement coüteux.

2.2.3.2.2. Utilisation des insecticides.

En pratique, trois modalités d'utilisation sont possibles.

2.2.3.2.2.1. L'imprégnation des matériaux.

Elle se réalise avec des insecticides rémanents qui visent à détruire et à éloigner les insectes adultes.

Cette modalité s'applique, en particulier, aux moustiquaires de lit. Pour les murs intérieurs des habitations, les opérations d'imprégnation se font au moyen d'appareils à main (Matabi®) ou d'appareils à moteur (type Fontan®).

2.2.3.2.2.2. Les pulvérisations spatiales.

Elles visent à détruire les moustiques adultes autour des habitations. En raison de leur coüt, elles sont employées uniquement en milieu urbain ou en cas de menace d'épidémie (fièvre jaune, dengue) sur des zones géographiques circonscrites.

Les pulvérisations se font au moyen de générateurs thermiques d'aérosols transportables par piéton (Swingfog®) ou par véhicule (Microgen®). Pour les très vastes surfaces, l'épandage se fait par hélicoptère en utilisant la technique du volume ultra-faible.

2.2.3.2.2.3. L'épandage dans les collections d'eau.

Cette technique permet de détruire les larves d'insectes, dont les gîtes sont péridomiciliaires (aedes, culex), par épandage de granulés insecticides tous les sept à quinze jours.

2.2.4. Application pratique de lutte antivectorielle à une petite collectivité militaire.

Au cours des déplacements d'unités militaires en zone tropicale, le médecin doit veiller à la lutte antivectorielle, Il doit également assurer la sensibilisation des hommes et des cadres à ce problème.

Trois types de mesures complémentaires sont à appliquer au niveau d'un groupe opérant outre-mer : des mesures individuelles, des mesures domiciliaires et des mesures péridomiciliaires.

2.2.4.1. Les mesures individuelles.

Elles visent à éviter les piqüres par l'interposition de barrières physiques et chimiques :

  • port de vêtements protecteurs imprégnés d'insecticide (pantalons, chemises à manches longues au crépuscule et la nuit) ;

  • port de moustiquaires de tête (gardes statiques en zone à haute nuisance vectorielle) ;

  • utilisation de répulsifs [habituellement à base d'associations de diméthylphtalate (DEPA), de diéthyltoluamide (DEET) et d'éthylhexanediol dont les principaux représentants figurent en annexe I.1 et sont détaillés en annexe I.2] ; toutes les parties découvertes, mains, poignets, visage, doivent être traitées ; le produit insectifuge doit être renouvelé toutes les cinq heures pour conserver son efficacité ;

  • utilisation de moustiquaires de lit ou de hamac dont l'imprégnation par deltaméthrine, augmente substantiellement son efficacité (la technique d'imprégnation simple est réalisable sur le terrain : la dose habituellement utilisée est de 25 mg de produit par mètre carré de moustiquaire ; les détails de la technique d'imprégnation sont donnés en annexe I.3.) ;

  • la limitation des activités à l'extérieur dès le crépuscule constitue également une mesure individuelle efficace.

2.2.4.2. Les mesures domiciliaires.

Elles ont pour but de limiter les populations d'insectes autour des implantations humaines et de leur interdire l'accès des locaux d'habitation :

  • en premier lieu, le site est choisi avec soin (lieu élevé, ventilé, éloigné des collections d'eau) ;

  • toutes les ouvertures des locaux sont munies de grillages moustiquaires ;

  • si l'unité est abritée dans des locaux en dur, des pulvérisations rémanentes d'insecticides sont entreprises sur les murs des locaux d'habitation avec des concentrés émulsifiables de malathion à la dose de 2 g de matière active par mètre carré de surface (rémanence de 3 mois) ou avec la deltaméthrine sous forme de poudre mouillable, à la dose de 12 mg par mètre carré de surface (rémanence de 6 semaines) ;

  • enfin, l'utilisation des petits moyens (serpentin antimoustique, plaquette diffusante électrique, bombe aérosol d'insecticides) représente un appoint utile.

2.2.4.3. Les mesures péridomiciliaires.

Ces mesures sont à développer lorsque le temps de stationnement dans un site est de plusieurs semaines. Il s'agit de réaliser, avec des moyens limités, un assainissement du milieu pour éliminer les gîtes larvaires par :

  • drainage des eaux stagnantes ;

  • élimination des réceptacles d'eau potentiels ;

  • débroussaillage et fauchage des hautes herbes dans un rayon de 400 mètres autour du site d'habitation ;

  • épandage d'insecticides à visée larvicide dans les collections d'eau non drainables par l'emploi de chlopyrifos dans les collections d'eau polluées, à la dose de 10 mg de matière active par mètre cube d'eau à traiter ou de téméphos pour les réserves d'eau potable à la dose de 20 mg par mètre cube d'eau à traiter.

2.2.5. Conclusion.

L'efficacité de la lutte antivectorielle repose sur l'observance parfaite et continue des différentes mesures préconisées. Elle génère des contraintes dans la vie des unités militaires, dans leurs déplacements et dans leurs activités outre-mer.

Le médecin des armées doit donc informer et sensibiliser inlassablement le personnel et les cadres, afin de les convaincre de la faisabilité et de l'efficacité de la lutte contre les insectes vecteurs pour la prévention de nombreuses maladies transmissibles tropicales.

2.3. LA PRÉVENTION CONTRE LES PIQURES DE MOUSTIQUES.

Cette prévention débute dès le coucher du soleil par le port de vêtements couvrant les membres (chemises à manches longues, pantalons, chaussures fermées). Il est nécessaire de protéger les zones de peau découvertes à l'aide de produits répulsifs dont il faut renouveler les applications régulièrement (toutes les 5 heures selon la sudation et l'efficacité constatée).

En l'état des connaissances, un seul produit, disponible dans le commerce (en pharmacie) en France, répond aux critères de choix pour les pays intertropicaux :

Pour les adultes (enfants de plus de 10 ans) : Insect Ecran Peau Adulte® (DEET 50 p. 100) :

  • spray (flacon de 50 ml) permet 60 applications sur les mains et le visage et assure une protection de cinq heures ;

  • contre-indication : la femme enceinte ;

  • fabricant : Osler Laboratoires, 42 rue Monge, 75005 Paris.

Pour les enfants à partir de 1 an : Insect Ecran Peau Enfant® (EHD 30 p. 100) ; spray (flacon de 50 ml).

Par ailleurs, il faut dormir sous une moustiquaire. Pour renforcer l'efficacité de cette moustiquaire, il convient de l'imprégner avec un insecticide et la laisser sécher à plat vingt-quatre heures avant son utilisation (cf. ANNEXE I.3).

Des moustiquaires imprégnées d'insecticide sont disponibles sur le marché :

  • Moustiquaire Imprégnée 5 sur 5® (vente en pharmacie et magasins d'articles de camping) ;

  • Moskitul® (vente en pharmacie).

Lorsque le risque d'exposition aux piqüres est élevé comme sur les chantiers forestiers ou agricoles, à la chasse, en opération et plus particulièrement si les tenues ne sont pas auparavant imprégnées par un pyréthrinoïde, il est utile d'imprégner les vêtements avec un produit insecticide, par exemple avec le produit Insect Ecran Vêtements® (spray à 4 p. 100 de perméthrine).

Lors de séjours statiques dans des zones à haute nuisance vectorielle, l'utilisation de moustiquaires de tête est particulièrement recommandée.

Dans les locaux protégés par des grillages moustiquaires aux ouvertures, il convient de pulvériser le soir un insecticide avec une bombe aérosol à base de pyréthrinoïdes de synthèse de type Néocide Fulgurant®, Catch Citronnelle® par exemples, ou d'utiliser un diffuseur électrique d'insecticide à tablette ou à recharge du type Néocide®, Baygon®, Catch®.

Pour les logements en case ou en camping, il est recommandé de faire bruler des spirales insecticides du type Néocide®, Eurofix®.

2.4. LA LUTTE CONTRE LES POUX DE CORPS.

En face du risque épidémique de rickettsiose, l'objectif est de réaliser la désinsectisation vis-à-vis de ces ectoparasites dans une période de temps la plus courte possible. En conséquence, il y a nécessité de privilégier la technique de poudrage sur l'individu par une méthode simplifiée et de multiplier les équipes en faisant appel à des agents formés à cet effet.

Le traitement est à appliquer sur les vêtements, les cheveux des personnes infestées et aussi sur leur literie.

En raison du développement des résistances au DDT, les insecticides utilisés sont actuellement des pyréthrinoïdes ou des organophosphorés (cf. liste en ANNEXE I.4).

Les formulations les plus satisfaisantes pour l'épouillage sont les poudres sèches (pyrophyllite ou talc) dont l'application est facile et rapide soit à l'aide d'une poudreuse à main, soit à l'aide d'une poudreuse à moteur portée sur le dos (type Fontan® modifié pour poudrage).

Il convient d'appliquer uniformément et à l'intérieur des sous-vêtements, 30 g de poudre environ par personne, à l'aide d'une poudreuse. Le sujet se présente tout habillé devant l'agent sanitaire qui insuffle successivement la poudre dans la coiffure, dans chaque manche de la chemise ou de la veste, dans l'ouverture du cou entre peau et chemise en avant et en arrière, dans la ceinture du pantalon ou de la jupe, en avant et en arrière. La durée de l'opération est d'environ une minute.

Le poudrage d'insecticide de la literie est également effectué lorsque c'est possible.

Avec les organochlorés (DDT, lindane), la quantité de poudre utilisée pour chaque individu doit être strictement mesurée, d'où la nécessité de formation et de supervision du personnel d'exécution.

De plus, tous les emballages vides d'insecticide sont rassemblés et stockés dans un lieu sür en vue d'éviter leur réutilisation incontrôlée.

2.5. LA LUTTE CONTRE LES MOUCHES DOMESTIQUES.

2.5.1. Introduction.

La lutte contre les glossines et les simulies nécessite la mise en place de programmes spécifiques dont la complexité dépasse le cadre de la présente instruction.

Dans les zones à faible niveau d'hygiène et en période chaude, les mouches domestiques représentent à la fois une nuisance majeure et un risque pour la santé par leur rôle de transporteurs de germes.

La mouche domestique a un cycle de développement variant de dix à trente jours en fonction de la température. La mouche adulte vit de deux à huit semaines. Elle a un rayon de déplacement d'environ 3 kilomètres. Sa nourriture est constituée de substances humides ou liquides, riches en sucres et protéines.

C'est une espèce étroitement liée à l'environnement humain et qui va fréquenter successivement des milieux contaminés (excreta, dépôts d'ordures) et les aliments humains, jouant ainsi un rôle de transporteur de germes.

Les méthodes de lutte contre les mouches domestiques comportent deux techniques complémentaires toujours associées : l'assainissement du milieu et la lutte contre les mouches adultes proprement dite.

2.5.2. L'assainissement du milieu.

Il constitue la base même de la lutte. Les autres méthodes n'ont de sens que si celui-ci a été préalablement réalisé. Il consiste en un traitement des ordures ménagères, des matières fécales, des fumiers, qui sont des lieux de ponte pour les mouches. Il est un préalable aux opérations de désinsectisation.

2.5.2.1. Le traitement des ordures ménagères.

Les ordures ménagères doivent être déposées dans des poubelles, métalliques ou en matière plastique, pourvues d'un couvercle. Ces poubelles sont régulièrement lavées et nettoyées. Des camions assurent un ramassage régulier des ordures et les transportent dans des dépôts où elles sont incinérées.

L'incinération est le seul procédé praticable par une petite unité militaire isolée. Cette opération doit être journalière. Les alentours du site d'incinération doivent être tenus en parfait état de propreté pour éviter la pullulation des mouches et des rats.

2.5.2.2. Le traitement des excreta animaux (fumiers).

Enlevés chaque jour, les excreta sont disposés à distance des habitations en tas rectangulaires d'un mètre de haut sur une plate-forme bétonnée. La fermentation qui s'opère à l'intérieur du tas élève suffisamment la température pour y interdire tout développement larvaire. Un insecticide est pulvérisé en surface.

2.5.2.3. Le traitement des excreta humains (feuillées, latrines).

Les matières fécales et les bords des latrines ou des feuillées sont arrosés tous les jours avec du chlorure de chaux à 5 p. 100. Le sol des latrines est lavé avec une solution de crésylol sodique à 5 p. 100.

2.5.3. La lutte contre les mouches adultes.

La pose de grillages métalliques aux fenêtres limite la pénétration des mouches dans les habitations, les cuisines et les réserves d'alimentation.

La destruction des mouches adultes est obtenue par des petits moyens domestiques, des pulvérisations et des traitements spatiaux.

2.5.3.1. Les pulvérisations.

L'apparition rapide de résistance impose l'alternance des insecticides employés.

2.5.3.1.1. Lieux d'application.

Ce sont les lieux où les mouches se reproduisent et séjournent : dépôts d'ordures, arbres, caniveaux, extérieurs des portes, encadrements des fenêtres.

2.5.3.1.2. Période d'application.

L'application doit être réalisée le soir de préférence, en l'absence de vent.

2.5.3.1.3. Insecticides utilisés.
2.5.3.1.3.1. Deltaméthrine.

Deux présentations sont disponibles :

  • sous la forme de K-Othrine PM 25® : diluer 10 g de K-Othrine PM 25® par litre d'eau, soit 1 kg pour 100 litres d'eau ;

  • sous la forme de K-Othrine Flow 25® : diluer 10 ml par litre d'eau, soit 1 litre pour 100 litres d'eau.

La dose d'application pour les 2 formulations est de 7,5 à 10 g/m2 (+ 30 p 100 en climat chaud).

La durée de protection est de deux à quatre mois.

2.5.3.1.3.2.

Mélange d'organophosphoré et d'organochloré (dichlorvos-malathion-dieldrine).

Ce mélange est réalisé dans le Mitchelltox 90®. C'est un concentré à diluer au moment de l'emploi à raison de 1 litre dans 20 litres d'eau.

2.5.3.1.4. Appareils pour application.

Peuvent être employés pour l'application des pulvérisateurs portatifs du type Matabi®, Triton®, des pulvérisateurs à moteur type Fontan®.

2.5.3.2. Les traitements spatiaux.
2.5.3.2.1. Insecticide utilisé.

L'insecticide utilisé est la deltaméthrine. Plusieurs présentations sont à disposition :

  • K-Othrine ULV 15/15® pour le traitement en volume ultra-faible. Il doit être dilué 1 litre dans 14 litres de solvant (gasoil ou kérosène) et être appliqué à raison de 0,5 l par hectare ;

  • K-Othrine TF 2,5® pour thermonébulisation. Il doit être dilué un 1 litre dans 39 litres de solvant (gasoil ou kérosène) et être appliqué à raison de 5 litres par hectare.

2.5.3.2.2. Période d'application.

L'application est réalisée le matin, moment de la journée où les mouches volent à l'extérieur, ou le soir au coucher de soleil.

2.5.3.2.3. Appareils pour application.

Il s'agit de :

  • nébulisateur de grande capacité, monté sur véhicule, modèle TIFA® ;

  • nébulisateur de petite capacité, portable, type Swingfog®.

2.6. LA LUTTE CONTRE LES BLATTES.

2.6.1. Introduction.

Le risque sanitaire des blattes est lié à la souillure des aliments et à la dissémination de germes pathogènes et d'œufs d'helminthes.

Les blattes ou cafards (Blatta orientalis, Periplaneta americana, Blattella germanica, etc.) sont des insectes à métamorphoses incomplètes et à pièces buccales broyeuses, présentant un corps ovale aplati et une tête triangulaire avec de longues antennes filiformes repliées sous le thorax. De mœurs noctumes, elles se cachent le jour dans les fentes des murs, sous les revêtements muraux, etc. Elles recherchent les endroits chauds, humides et obscurs. Elles pullulent dans les magasins d'alimentation, les cuisines.

Les navires à la mer, en particulier en zones tropicales, sont susceptibles d'être massivement infestés.

2.6.2. Méthodes de lutte.

La lutte contre les blattes, indispensable, associe toujours des mesures défensives (protection des locaux) et des mesures offensives (utilisation des insecticides).

2.6.2.1. Mesures défensives.

L'action défensive se concentre essentiellement sur la suppression des microcachettes, la diminution de la chaleur et de l'humidité, le maintien de la propreté et la mise à l'abri de la nourriture.

La conception des locaux doit éviter les faux plafonds, les doubles cloisons et tout matériau susceptible de proposer aux insectes des fissures ou des fentes dans les pièces particulièrement exposées comme les cuisines et les offices. Les passages de câbles et de tuyauteries sont rendus étanches. Murs et sols doivent être faciles d'entretien. La ventilation, voire la climatisation, limitent chaleur et humidité.

Mais l'essentiel repose sur la mise hors de portée des blattes de tout ce qui peut les nourrir. Les locaux alimentaires sont tenus dans un état de propreté irréprochable et aucun déchet ne doit subsister en dehors des heures de restauration. Les ordures sont enfermées dans des sacs en plastique prévus à cet effet qui sont ensuite déposés dans des poubelles fermées ou des bennes fréquemment vidées et nettoyées.

2.6.2.2. Mesures offensives.

La lutte offensive contre les blattes doit être permanente et se fait soit par épandage d'insecticides dans les lieux de rassemblement de ces insectes, soit par utilisation d'appâts toxiques.

Les produits utilisés sont des insecticides à effet rémanent, utilisables en pulvérisation.

Pour les locaux alimentaires, les insecticides non toxiques pour l'homme sont à employer de préférence, comme les solutions à base de perméthrine ou de deltaméthrine dont certaines préparations en phase aqueuse ne sont pas irritantes pour les muqueuses lors des pulvérisations.

Pour les autres locaux, les insecticides chlorés, longtemps utilisés, tendent à être délaissés en raison de la résistance développée par certaines espèces de blattes et surtout par Blattella germanica. Avant de les employer, il faut donc s'assurer que l'espèce visée est sensible à ces produits. En cas de résistance, l'usage des composés organophosphorés et des carbamates est recommandé. Les insecticides couramment utilisés contre les blattes sont répertoriés dans le tableau en annexe I.5.

Le matériel d'application est adapté à l'importance de l'opération. Un pulvérisateur manuel avec buse à gerbe réglable et allonges peut servir en toutes circonstances.

Les membres de l'équipe de désinsectisation et l'équipe d'accompagnement sont revêtus de combinaisons protectrices, de gants et munis de masques à cartouche filtrante, réglementaires. L'applicateur doit, en toutes circonstances, avoir l'équipement complet, le reste du personnel adapte sa tenue suivant les nécessités : pièces aérées ou confinées. La douche est obligatoire en fin d'opération.

La pulvérisation est faite, courant coupé selon les instructions de sécurité, boîtiers électriques ouverts. La canne réglée en jet diffusé, l'insecticide est projeté sur le bas des murs et sur le mobilier en insistant sur les plinthes, les charnières des portes, le logement des tiroirs, le dessous des éviers et des tables, l'intérieur des placards surtout si les étagères sont recouvertes d'une feuille protectrice. Cette dernière est soulevée ou même enlevée si cela s'avère nécessaire. Avec la canne réglée en jet filiforme, le produit insecticide est injecté dans tous les interstices, fissures, fentes particulièrement au niveau des contacts entre les huisseries et les murs, derrière les tableaux et les glaces, dans les prises de courant, les doubles cloisons des fourneaux et cuisinières, ou à l'intérieur des moteurs électriques.

Ce type de traitement long et soigneux est réservé aux locaux particulièrement infestés. Pour les autres, une brumisation à l'aide d'un appareil de type Fontan® peut suffire.

Pour augmenter la rémanence et en complément de l'application précédente (locaux hospitaliers), des résines synthétiques ou des laques peuvent être employées. Celles-ci sont alors appliquées au pinceau, en bandes de 10 centimètres de large au moins, aux endroits de passages habituels des insectes.

2.6.3. Précautions d'emploi.

Les concentrations les plus élevées ne doivent être employées que par un personnel expérimenté ou par des spécialistes de la lutte contre les insectes.

Il faut éviter de contaminer les denrées alimentaires. Les lieux, où les enfants sont en contact avec les dépôts d'insecticides, ne doivent pas être traités.

Les locaux traités doivent rester fermés deux à trois heures. Ensuite les pièces sont ventilées, la vaisselle, les ustensiles et les surfaces de travail sont lavés. Les sols ne sont nettoyés qu'après vingt-quatre heures. Dans les semaines suivantes, il faut éviter de laver les plinthes, le bas des murs et les surfaces inférieures pour laisser intacts les cristaux d'insecticide assurant la rémanence.

Les appareils de désinsectisation sont démontés et soigneusement nettoyés.

Les cycles de traitement sont à déterminer en fonction de la rapidité de réinfestation, mais il est nécessaire d'envisager au moins un traitement annuel, le plus souvent deux. L'époque en est choisie en fonction des conditions météorologiques locales et des disponibilités de l'unité.

Pour réduire le rythme des interventions tout en évitant des proliférations explosives, il est recommandé aux unités de réaliser des traitements d'appoint. Pour ces traitements de faible ampleur, un petit pulvérisateur électrique autonome est utilisé ou, plus simplement si les besoins sont très réduits, des insecticides en bombe spéciale « insectes rampants ».

2.7. TRANSPORTS INTERNATIONAUX : DESINSECTISATION DES NAVIRES ET DES AVIONS.

2.7.1. Introduction.

Les transports internationaux ont toujours présenté des risques d'introduction d'épidémies.

Les transports aériens, qui ont permis le désenclavement de nombreux pays et le développement du tourisme international, contribuent à l'introduction de maladies hors de leurs zones d'endémicité lorsqu'ils hébergent des insectes vecteurs (paludisme des aéroports, fièvre jaune, dengue…).

La désinsectisation des avions et des navires assurant des transports internationaux constituent des mesures indispensables dans le cadre de la prévention des maladies soumises au règlement sanitaire international (RSI) de l'organisation mondiale de la santé (OMS).

Elle vise à éliminer tout insecte, porteur d'agent pathogène ou non, afin d'éviter :

  • la contamination des passagers pendant le transport ;

  • l'introduction de l'insecte et éventuellement de l'agent, pathogène dont il est porteur, dans des régions qui en sont indemnes.

Cette désinsectisation est essentiellement dirigée contre les moustiques à l'intérieur des aéronefs et contre les blattes dans les navires.

2.7.2. La lutte antivectorielle.

2.7.2.1. La désinsectisation en milieu aéronautique.

La désinsectisation doit être réalisée de manière :

  • à éviter toute gêne inutile et à ne causer aucun préjudice à la santé des personnes ;

  • à ne causer aucun dommage à la structure de l'aéronef ;

  • à éviter tout risque d'incendie.

2.7.2.1.1. Matériel de désinsectisation.

Actuellement, l'aérosol insecticide homologué pour la désinsectisation des aéronefs (réf. OMS : G. 1707) renferme :

  • un pyréthrinoïde de synthèse (resméthrine ou bioresméthrine ou phénothrine) : 2 p. 100 ;

  • un gaz vecteur.

Cette préparation est ininflammable, ne présente aucun risque de toxicité pour l'homme et n'est pas novice pour les matériaux de construction des aéronefs. Elle est distribuée en bombe aérosol par le service de santé des armées.

2.7.2.1.2. Techniques de désinsectisation.
2.7.2.1.2.1. Désinsectisation avant le décollage.

La désinsectisation de la cabine des passagers et de tous les autres espaces intérieurs accessibles de l'aéronef, à l'exception du poste de pilotage, doit être effectuée après le verrouillage des portes qui suit l'embarquement et avant le décollage. Elle est désignée par l'expression : désinsectisation « cales enlevées ». Des diffuseurs d'aérosols à manœuvre manuelle, utilisables en une seule fois, sont employés. Chaque diffuseur porte un numéro d'identification à inscrire, une fois utilisé, dans la partie relative aux questions sanitaires de la déclaration générale d'aéronef. Le(s) diffuseur(s) vide(s) est (sont) convenablement stocké(s) dans l'aéronef et, lors de l'arrivée à destination, sert (servent) à prouver que la désinsectisation a été effectuée. Tous les emplacements susceptibles d'abriter des moustiques à l'intérieur de l'aéronef doivent être traités, y compris les placards, les coffres et les vestiaires, les soutes à bagages et à fret. Les denrées alimentaires et les ustensiles de cuisine doivent être protégés de toute contamination par l'insecticide utilisé.

Le poste de pilotage doit être traité en temps opportun, avant l'heure d'embarquement prévue de l'équipage. La porte ou les rideaux du poste sont ensuite fermés et maintenus ainsi tant que le traitement « cales enlevées » n'a pas été effectué et que le décollage n'est pas terminé, sauf momentanément pour livrer passage aux membres de l'équipage. Le réseau de ventilation doit rester fermé durant la diffusion et pendant une période de cinq minutes au moins après la fin de celle-ci.

Les passagers sont informés de cette opération imposée par le règlement sanitaire international. Elle est effectuée par le personnel sécurité cabine qui commence par l'arrière en se déplaçant à gauche et à droite à une allure de marche régulière de façon à ce que l'intérieur de l'aéronef soit entièrement traité pendant les cent quarante secondes que dure la pulvérisation. La diffusion doit se faire vers le haut et ne pas être dirigée vers les passagers. Aux escales où doit se faire la désinsectisation « cales enlevées » les diffuseurs d'aérosols nécessaires sont fournis par les services au sol. Si, une fois la désinsectisation effectuée, l'aéronef ne décolle pas et si les portes sont ouvertes lorsqu'il revient au poste d'embarquement, l'opération doit être répétée avant le décollage.

Toutes les parties de l'aéronef qui ne sont accessibles que de l'extérieur et dans lesquelles les insectes peuvent trouver abri, telles que les soutes et le logement du train, doivent être désinsectisées au dernier moment avant que l'appareil quitte l'aire de stationnement. Cette opération est effectuée par le personnel au sol. Dans le logement du train d'atterrissage, la diffusion de l'aérosol est de six secondes. La durée de diffusion à l'intérieur des soutes est fonction du volume de chacune d'elles : dix à trente secondes selon le type d'aéronef.

2.7.2.1.2.2. Désinsectisation au sol à l'arrivée.

Elle est identique dans son application à la désinsectisation précédant le décollage. Elle est effectuée par l'autorité sanitaire du pays en cause avant le débarquement des passagers.

2.7.2.1.2.3. Désinsectisation par traitement à effet rémanent.

L'application d'insecticides à effet rémanent (perméthrine) intéresse les avions-cargos pour lesquels la désinsectisation par aérosols pose des problèmes de faisabilité et d'efficacité.

2.7.2.2. La désinsectisation des navires.

La désinsectisation des navires porte essentiellement sur la lutte contre les blattes. A ce titre, elle applique les mesures décrites au paragraphe 2.6.2.

Elle est effectuée conformément aux dispositions légales et réglementaires :

  • la loi no 49-1531 du 1er décembre 1949 (n.i. BO, JO du 2, p. 11575) interdisant l'emploi des gaz toxiques dans la désinsectisation, la dératisation ou la désinfection des locaux ;

  • le code de la santé publique, notamment ses articles L. 52 à L. 54 relatifs à la prévention de la propagation des maladies transmissibles, L. 626 et R. 5149 à R. 5168 relatifs aux conditions de délivrance et d'emploi des substances vénéneuses ;

  • le décret no 50-1299 du 18 octobre 1950 (n.i. BO, JO du 19, p. 10842) fixant les conditions d'utilisation des gaz toxiques non interdits pour la dératisation et la désinsectisation des navires ;

  • le règlement sanitaire international.

L'opération de mise en œuvre de gaz toxique est effectuée sur le navire vide d'équipage.

2.7.3. Les contrôles technico-administratifs.

2.7.3.1. Le contrôle de la salubrité des aéronefs.

Ce contrôle a pour but de vérifier l'absence d'insectes vecteurs à bord des avions, il consiste en la remise, par le commandant de bord de l'avion, de la partie « santé » d'un document (la déclaration générale d'aéronef) et des contenants d'aérosols vides qui ont servi à la désinsectisation.

2.7.3.2. Le contrôle de la salubrité des navires.

La désinsectisation des navires est effectuée par des entreprises agréées à cet effet par le ministère chargé de la santé, sous le contrôle effectif des agents chargés du contrôle sanitaire aux frontières, lesquels vérifient également les agréments.

2.8. MESURES DE PROTECTION DU PERSONNEL, DU MATÉRIEL ET DES LOCAUX CONTRE LES INSECTICIDES.

2.8.1. Protection du matériel et des locaux.

Les locaux où sont entreposées des quantités importantes d'insecticides et de solvants organiques doivent être aménagés pour limiter les risques d'incendie et pour éviter que les produits ne se répandent à l'extérieur à la suite d'une fausse manœuvre et aillent contaminer les cours d'eau.

Après chaque utilisation, les appareils de désinsectisation sont soigneusement nettoyés selon les recommandations du constructeur pour éviter la détérioration rapide de certaines pièces délicates comme les buses et les joints.

2.8.2. Protection du personnel.

Les insecticides peuvent être absorbés par voies respiratoire et cutanée au cours de la préparation des suspensions, lors de leur épandage et durant le nettoyage des appareils.

Le personnel doit être formé à leur utilisation et faire l'objet d'une surveillance médicale régulière.

2.8.2.1. Mesures à prendre par les opérateurs.
2.8.2.1.1. Avant l'opération.

Le personnel revêt une combinaison protectrice, une coiffure, des gants et des chaussures imperméables. Lorsque les quantités à traiter sont importantes, il porte un masque à cartouche filtrante.

La préparation des solutions et suspensions d'insecticides est faite à l'air libre ou dans un local vaste et bien ventilé.

2.8.2.1.2. Pendant l'opération.

Durant l'application des insecticides, le port d'une tenue de travail est obligatoire. Cette tenue est adaptée à chaque type d'opération ainsi qu'au climat, de telle sorte que la peau et les voies respiratoires soient protégées sans gêner l'opérateur de façon majeure.

La combinaison protectrice est en tissu léger et irrétrécissable permettant une bonne évaporation de la sueur. Cette combinaison est munie d'un capuchon serre-tête et possède des systèmes de fermeture pratiques (adhésifs par exemple) sur le devant, au niveau des poignets et des chevilles.

Cette tenue est complétée par le port de gants et de chaussures imperméables et d'une protection oculaire (lunettes).

Lorsque le risque existe de respirer des vapeurs ou aérosols pendant l'épandage, le port d'un masque est obligatoire (d'un modèle à cartouche munie d'un filtre à charbon actif). Lors des épandages de poudre, un simple masque antipoussière suffit.

Par ailleurs, il est interdit de fumer, de boire et de manger pendant l'opération.

2.8.2.1.3. Après l'opération.

Après chaque opération ou en fin de journée, les opérateurs prennent une douche savonneuse.

Les combinaisons sont soigneusement lavées (au moins une fois par semaine si elles servent régulièrement).

2.8.2.2. Surveillance médicale des opérateurs.
2.8.2.2.1. Visites systématiques.

A la visite d'embauche, un examen clinique complet est effectué et des examens paracliniques sont réalisés comprenant un bilan hématologique et le dosage de l'activité cholinestérasique du sérum.

Une visite semestrielle de surveillance comporte les mêmes examens.

Une atteinte organique sérieuse, quelle qu'en soit l'origine, ou la baisse de 25 p. 100 de l'activité cholinestérasique du sérum entraîne l'inaptitude temporaire jusqu'à guérison ou rétablissement d'une activité enzymatique satisfaisante.

Cette surveillance est prescrite par l' instruction ministérielle 3018 /DEF/DCSSA/AST/TEC/3 du 21 décembre 1992 (BOC, 1993, p. 1791) modifiée.

2.8.2.2.2. Conduite à tenir en cas d'accident.

Lors d'un accident d'intoxication, le traitement comprend deux sortes de mesures :

  • l'élimination du produit toxique non absorbé : lavage de la peau, bain d'œil… ;

  • l'administration d'antidotes spécifiques et le traitement symptomatique comme la respiration artificielle par exemple.

Dans une intoxication aiguë par les organophosphorés, l'atropine, parasympathicolytique, doit être prescrite à doses considérables : 2 mg en intraveineux direct suivis de 2 mg toutes les quinze minutes jusqu'à l'apparition des signes d'atropinisation (peau sèche et rouge, délire, mydriase) ; cette atropinisation doit être poursuivie plusieurs jours. Le traitement antidote spécifique fait appel à des substances du groupe des pyridyaldoximes. La pralidoxime (Contrathion®) est d'abord administrée en perfusions (800 mg en 1 heure) puis poursuivie à doses plus faibles. Le dosage de la cholinestérase sérique permet de suivre l'évolution biologique de l'intoxication. Dans les cas sévères, une intubation endotrachéale permet les aspirations répétées et la ventilation artificielle. Les morphiniques, les phénothiazines et la succinylcholine sont proscrits.

Les manifestations d'une intoxication par un carbamate sont plus fugitives que les précédentes et sont justiciables des seuls traitements atropinique et symptomatique.

En cas d'intoxication par les organochlorés, par la dieldrine ou par le lindane par exemples, le traitement est essentiellement symptomatique visant surtout à réduire l'hyperréactivité et, dans certains cas, les convulsions. Le diazépam (Valium®) ou le clométhiazole (Hémineurine® injectable) et même les barbituriques solubles (Gardenal®) sont utilisés par voie intraveineuse, sous intubation endotrachéale et assistance respiratoire. Les adrénergiques sont proscrits.

Les pyréthrinoïdes sont peu toxiques. Ils sont responsables éventuellement de troubles digestifs, neurologiques et allergiques répondant à un traitement symptomatique.

2.9. LE RÉGLEMENT SANITAIRE INTERNATIONAL ET LA LUTTE CONTRE LES INSECTES.

Le règlement sanitaire international impose des mesures spécifiques en matière de désinsectisation. Le décret 89-38 du 24 janvier 1989 (BOC, p. 877) porte publication du règlement sanitaire international adopté par la vingt-deuxième assemblée mondiale de la santé en 1969 et modifié par la vingt-sixième assemblée mondiale de la santé en 1973 et par la trente-quatrième assemblée mondiale de la santé en 1981.

Ce décret et le texte complet du règlement sanitaire international (ses annexes et ses appendices) sont inclus dans l'édition méthodique du Bulletin officiel des armées 620-3*. La lutte contre les insectes y est particulièrement régie par :

  • les articles : 19 (organisation sanitaire), 25 (dispositions générales), 30 (mesures sanitaires au départ), 67, 71, 73, 74 (dispositions propres à la fièvre jaune), 77 (documents sanitaires) et 83 (dispositions diverses) ;

  • les appendices : 3 (déclaration maritime de santé) et 4 (déclaration de santé d'aéronef).

2.10. LISTE DES PRODUITS ET MATÉRIELS DE DESINSECTISATION UTILES A UN POSTE DE SECOURS OU A UN SERVICE MÉDICAL D'UNITÉ EN SITUATION D'ISOLEMENT.

Cette liste figure en annexe I.6.

3. Dératisation.

3.1. INTRODUCTION.

Les rongeurs sont des animaux néfastes pour l'homme car ils jouent d'une part un rôle pathogène comme réservoir et disséminateur de germes et d'autre part un rôle ravageur par les destructions ou souillures qu'ils causent aux constructions et aux nourritures.

Il est donc important de lutter contre la pullulation des rongeurs. Cette lutte est délicate et nécessite pour être efficace de bien connaître l'éthologie de ces animaux.

Il n'entre pas dans le cadre de la présente instruction de traiter des espèces sauvages et péridomestiques car elles échappent à peu près complètement à une action prophylactique. Seuls y sont étudiés les rongeurs commensaux du fait de leurs liens étroits avec l'homme.

3.2. LES RONGEURS.

3.2.1. Généralités.

L'ordre des rongeurs renferme à lui seul plus de la moitié des espèces de mammifères actuellement vivants, avec plus de 350 genres regroupant 2 300 espèces.

Ces mammifères, qui ont une répartition cosmopolite, sont retrouvés sur tous les continents à l'exception de l'Antarctique. Ils ont su en effet s'adapter aux situations de vie les plus diverses, terrestre, souterraine, arboricole et même, dans quelques cas, amphibie ou aérienne.

Ce pouvoir d'adaptation tient à ce que les rongeurs possèdent un régime alimentaire peu spécialisé, ont une bonne tolérance climatique et surtout une capacité de reproduction exceptionnelle avec la possibilité de moduler la taille et le nombre des portées en fonction des contraintes environnementales. Leurs populations subissent de ce fait des fluctuations numériques importantes d'une saison ou d'une année à l'autre, mais l'espèce se maintient malgré tout là où des animaux, moins prolifiques et dont la reproduction est plus dépendante des facteurs ambiants, seraient rapidement éliminés.

3.2.2. Systématique.

Les rongeurs sont des mammifères qui se caractérisent par la possession de 4 incisives de forte taille, 2 en bas et 2 en haut. Celles-ci présentent la particularité d'être à croissance continue, ce qui impose à l'animal de les user sans cesse sur des matériaux durs. L'absence de canines et de prémolaires laisse entre les incisives et les molaires un large espace, la barre. La proéminence des incisives et cette barre permettent à l'animal de s'attaquer à des produits toxiques sans atteintes des muqueuses.

Parmi les rongeurs, ceux qui présentent le plus grand intérêt économique ou médical, font partie de la famille des muridés. C'est à cette famille qu'appartiennent les 3 commensaux que sont la souris, le rat et le surmulot.

3.2.3. Anatomie, biologie.

3.2.3.1. La souris.
3.2.3.1.1. Morphologie.

Mus musculus (common mouse en anglais ; hausmaus en allemand) est un petit animal dont la silhouette est suffisamment familière pour se dispenser d'une longue description. Toujours affairée, se frottant le museau, qu'elle a pointu, avec ses pattes antérieures au pouce atrophié, elle s'immobilise au moindre froissement, dressant ses larges oreilles en « pastilles », l'œil globuleux et luisant aux aguets. Sa robe varie du gris foncé au brun fauve, suivant qu'elle est domestique ou qu'elle niche en pleine nature (cf. annexe II, fig. 1).

3.2.3.1.2. Reproduction, durée de vie.

Pubère à trois mois, la souris donne 4 à 5 portées annuelles de 4 à 7 petits en moyenne chacune. La gestation est de dix-huit à vingt et un jours.

Les petits, nus et rouges, naissent aveugles. Ils sont capables de quitter leur mère du quinzième au dix-huitième jours. Leur espérance de vie est de deux ans.

En l'absence des prédateurs et lorsque la nourriture est abondante, la vitesse de reproduction aboutit à une véritable explosion écologique avec pullulation de la gent murine.

3.2.3.1.3. Habitat.

Lorsqu'elle vit dans les maisons ou dans certains bâtiments, comme les entrepôts alimentaires ou les restaurants, elle construit son nid sous les planchers, dans les trous des murs, dans les tas de chiffons ou derrière les rangées de livres, dans tous les lieux tranquilles situés à proximité de la nourriture.

Très agile, grimpeuse, équilibriste, la souris se déplace suivant des chemins allant d'un couvert à l'autre, s'aventurant rarement au milieu des pièces sauf dans les endroits habituellement déserts. Elle peut cependant devenir « familière » lorsqu'elle sait ne courir aucun danger. Son activité est essentiellement nocturne.

3.2.3.1.4. Comportement alimentaire.

Très électrique dans le choix de sa nourriture, la souris se délecte de graines de toutes sortes, de gâteaux secs, de fromage, goüts qui peuvent être mis à profit pour l'appâter. Elle aime aussi les charcuteries, particulièrement le saucisson sec. Elle ne dédaigne pas non plus les tissus, le papier, certaines matières plastiques, la colle et le savon à l'occasion. Elle se fait les dents sur tout ce qui se ronge, du croüton de pain au morceau de bois.

3.2.3.2. Le rat.
3.2.3.2.1. Morphologie.

Rattus rattus (roofrat en anglais ; hausratte en allemand), le rat noir est svelte avec une taille d'environ 40 cm pour un poids variant de 150 à 250 grammes. La plante des pieds postérieurs atteint 30 à 40 millimètres. Sa queue est plus longue (150 à 250 mm) que sa tête et son corps réunis (100 à 190 mm). Ses oreilles sont glabres, larges et longues recouvrant les yeux si elles sont rabattues. Les yeux proéminents, luisants et noirs, semblent grands. Le museau est pointu. Il est aisément reconnaissable à son pelage plus ou moins foncé avec un ventre plus clair, plus ou moins bien limité (cf. annexe II, fig. 2).

Parmi les nombreuses formes décrites peuvent être citées :

  • Rattus rattus rattus : forme type, dos presque noir, ventre gris-cendré, variété peu fréquente ;

  • R. r. alexandrinus : dos brun-fauve parsemé de poils noirs, ventre gris à gris blanchâtre sans délimitation nette avec le dos ;

  • R. r. frugivorus : variété très fréquente, dos brun-fauve à brun foncé, ventre blanc nettement délimité.

3.2.3.2.2. Reproduction, durée de vie.

Le rat noir se reproduit dès l'âge de trois mois. Il est capable de donner 2 à 5 portées annuelles de 5 à 10 petits chacune. La durée de gestation est de vingt-deux jours. Il peut vivre de trois à quatre ans.

3.2.3.2.3. Aptitudes particulières.

Excellent grimpeur et sauteur, il emprunte pour se déplacer des itinéraires souvent acrobatiques : charpentes étroites, tuyauteries, canalisations libres, angles de toitures, gouttières…

3.2.3.2.4. Habitat.

Il établit son nid dans les parties sèches des habitations et des magasins. C'est le rat des bateaux par excellence. Il y pénètre par les câbles d'amarrage ou plus simplement en montant par les coupées. A bord, il suit les faisceaux de câbles pour passer d'un local à l'autre, longeant toujours les cloisons, ne descendant que par nécessité.

3.2.3.2.5. Comportement alimentaire.

Omnivore, il consomme de préférence des aliments végétaux. Casanier, il n'hésite pas à faire de longs trajets à la recherche de sa nourriture plutôt que de changer de nid.

3.2.3.3. Le surmulot.
3.2.3.3.1. Morphologie.

Rattus norvegicus (brown rat en anglais ; wanderatte en allemand) est un animal de constitution robuste, à silhouette trapue. Il est reconnaissable à son pelage qui varie du fauve au brun roux et surtout par sa taille de 40 cm pour un poids proche de 400 grammes (120 à 475 g). Les membres sont courts. La plante du pied postérieur mesure 35 à 45 millimètres. Les faces palmaires et plantaires sont nues et rosâtres. La queue, annelée et écaillée, avec quelques poils courts et raides, est moins longue (110 à 220 mm) que la tête et le corps réunis (150 à 270 mm). Il a une mâchoire lourde, élargie à la base, un museau camus et des oreilles courtes qui, rabattues, ne couvrent pas les yeux (cf. annexe II, fig. 3).

Le rat blanc de laboratoire est une variété albinos.

3.2.3.3.2. Reproduction, durée de vie.

Mâle et femelle peuvent se reproduire dès l'âge de quatre mois. La gestation est de trois semaines et la femelle peut donner de 2 à 7 portées annuelles (4 en moyenne) de 5 à 14 petits chacune. Cette capacité de reproduction explique la place prépondérante prise par le surmulot parmi les rongeurs. Il peut vivre trois à quatre ans.

3.2.3.3.3. Aptitudes particulières.

Il sait grimper, mais il est surtout un excellent nageur et se déplace avec aisance sous l'eau. Animal sans peur, il emprunte le chemin le plus court et n'hésite pas à traverser à découvert. Le surmulot ne supporte aucune contrainte, aucun concurrent. Il ronge tout, parfois dans le simple but de se faire les dents ; il affectionne alors les matières semi-dures comme les tuyaux de plomb ou de caoutchouc toilé. Il traverse aisément un aggloméré dont le liant est de mauvaise qualité.

3.2.3.3.4. Habitat.

Le rat gris, contrairement à son cousin le rat noir, recherche les lieux humides. A la ville, c'est le rat des égouts, pour le marin c'est le rat des quais. Ses terriers sont installés près de l'eau, sur les berges des rivières, le long des douves, dans les endroits protégés des curieux en bord de mer. Il apprécie aussi les décharges qui lui offrent vivres et couvert. Il creuse à 50 cm de profondeur pour élaborer ses galeries mais peut aller jusqu'à trois mètres de profondeur pour contourner un obstacle. L'ensemble des galeries forme un dédale très étendu à plusieurs entrées.

3.2.3.3.5. Comportement alimentaire.

Il montre un grand éclectisme dans le choix de sa nourriture : il s'attaque au petit gibier et fait des ravages dans les poulaillers, gobant les œufs, égorgeant les poulets. Il peut à l'occasion se rabattre sur une charogne. Agressif, meurtrier, il sait se défendre en mordant cruellement lorsqu'on lui coupe sa retraite ; il sait occire un congénère et le dévorer en commençant par la cervelle. De telles scènes fratricides se déroulent souvent lorsque plusieurs rats sont pris dans une nasse.

3.2.4. Ethologie.

3.2.4.1. Organisation territoriale.

Les muridés d'importance médicale sont des animaux qui vivent en société, en colonie, sur un territoire qui est structuré en trois zones :

  • la première correspond au territoire familial où vivent un couple et ses petits. Chaque territoire se compose du nid principal entouré de gîtes secondaires servant d'abris de secours. C'est un lieu indépendant, inviolable et farouchement défendu contre l'intrusion des congénères ;

  • la deuxième zone, le domaine vital, qui inclut le territoire familial, est plus vaste s'étendant environ sur 100 m2 pour le surmulot. C'est le terrain de chasse. Il comporte aussi des pistes et des gîtes de secours. Ses frontières peuvent être chevauchées par d'autres domaines vitaux limitrophes ;

  • la dernière zone est l'espace vital. Il représente le lieu de vie d'une colonie de rats, soit la somme des domaines vitaux. La colonie défend cet espace comme le couple défend son nid.

En général, sur ces différents territoires, l'organisation de la colonie est régie par des règles rigoureuses. Chaque individu du groupe a sa place et son rôle, déterminés par son sexe et sa vigueur physique. Cependant cette organisation peut être modifiée dans plusieurs circonstances.

Tout d'abord lorsque la nourriture est abondante, le territoire familial peut perdre son caractère d'inviolabilité, les rats de la colonie vivent alors tous ensemble ; les femelles acceptent n'importe quel mâle et cette anarchie sexuelle entraîne celle du groupe tout entier où la notion de hiérarchie disparaît.

Ensuite, deux phénomènes, sans cause connue, peuvent apparaître :

  • les mouvements de populations : les rats quittent un lieu sans raison apparente pour aller s'installer en masse dans un lieu nouveau ; c'est à ce phénomène qu'est due l'arrivée du surmulot d'Asie en Europe au XVIIIe siècle ;

  • le nomadisme : quelques individus d'une colonie quittent celle-ci pour aller s'installer ailleurs, créant de nouveaux foyers d'infestation.

3.2.4.2. Balisage du territoire.

Sur le domaine vital, véritable terrain de chasse, le rat, animal casanier, crée des chemins, des pistes, qui conduisent à la nourriture, à la boisson, aux gîtes de secours. Pour s'y repérer et renseigner ses congénères, il utilise des balises. Ces balises font appel aux sens les plus développés chez le rat : le goüt et l'odorat. Les sensations tactiles transmises par les poils (vibrisses) du museau, la vue et l'ouie paraissent jouer un rôle moins important.

Ainsi, les balises sont intentionnellement placées par le rat. Elles consistent en dépôts brunnoirâtres, pouvant atteindre plusieurs millimètres d'épaisseur, brillants et gras, d'odeur caractéristique, particulièrement forte et désagréable chez la souris. Les rongeurs forment ces dépôts en frottant leurs parties génitales sur l'endroit choisi ; des produits d'excrétion (urines, mucus, sébum) se mélangent à la poussière accentuant ainsi ces marques révélatrices. Ils peuvent être principalement aux angles des parcours, près des cachettes ou des réserves de nourriture, aux endroits de passage difficile (risque de chute), là où les matériaux différents se touchent (pierre-bois, bois-fer…).

Le rat peut également laisser des traces involontaires. Elles sont généralement « mécaniques », traces de pattes ou de queue dans la poussière, ou traces grasses dues au frottement des pattes et du corps dont le pelage est imprégné d'une substance huileuse provenant de la sécrétion des glandes cutanées.

3.2.4.3. Mémoire environnementale et néophobie.

Le rat est intelligent, doué d'une grande mémoire qui lui permet de tenir compte de l'expérience acquise et il est néophobe. Ainsi, sa mémoire topographique l'amène à se méfier devant toute modification de l'aspect du domaine, sa mémoire olfactive lui fait éviter tout endroit dont l'ambiance olfactive est modifiée notamment par l'odeur humaine. Toute nourriture nouvelle est flairée, observée. Quelques individus se risquent peu à peu à goüter. La colonie n'utilise l'aliment que si rien ne se passe. En effet, leur mémoire d'incident leur permet d'établir une relation entre l'absorption d'un aliment et la mort rapide d'un congénère. De même, ils font le rapprochement entre la présence d'un piège et un congénère qui se débat. Toutes ces mœurs et facultés sensorielles sont à bien connaître pour entreprendre une lutte antimurine efficace.

Enfin, les rongeurs sont des animaux qui effectuent plusieurs fois par jour une toilette par léchage du pelage.

3.3. NUISANCES DUES AUX RONGEURS.

La vie de l'homme et son économie sont perpétuellement menacées par les rongeurs de deux manières : ces animaux sont de redoutables réservoirs de germes et des disséminateurs d'agents pathogènes ; ce sont aussi des dévoreurs et des gaspilleurs.

3.3.1. Rôle pathogène.

Toujours affamé, le rat s'en est pris parfois aux orteils de malheureux marins endormis. Cruelles par elles-mêmes, ces morsures sont aussi susceptibles de transmettre des germes commensaux de la cavité buccale des rongeurs. Mais ce n'est qu'une des nombreuses manières pour les souris et les rats d'être des réservoirs ou des disséminateurs d'agents pathogènes. Ce rôle, ils le jouent aux quatre coins du monde pour des parasites, des bactéries et des virus dont le tableau 1 de l'annexe II en dresse l'inventaire.

3.3.2. Rôle de ravageur.

Le rat est certainement un des animaux les plus destructeurs de la terre. Doté d'un appétit redoutable et condamné à ronger sans arrêt pour compenser la croissance continue de ses incisives, il est l'auteur d'importants dégâts.

Incapable de supporter un jeüne prolongé, il fait preuve d'un acharnement obstiné dans la recherche de sa nourriture. Franchissant les obstacles à coups de griffes et de dents, il perce les murs, sectionne les tuyaux, ronge les câbles électriques et téléphoniques, laissant les empreintes caractéristiques de ses dents sur la matière. De nombreux incendies, fuites de gaz et explosions sont dus à sa démangeaison masticatoire.

L'observation permet de savoir qu'un rat adulte mange en moyenne 40 grammes de nourriture par jour soit environ le dixième de son poids. Il est par ailleurs admis que, dans les grandes villes, vit un rat par habitant, ce qui correspond à une consommation de 180 000 tonnes de victuailles par an pour une ville comme Paris.

En fait les dégâts sont bien plus considérables. Le rat gaspille et souille 20 fois plus qu'il ne dévore. Par l'éventration des paquets de café et boîtes de biscuits, ou en souillant par l'urine des morceaux de fromage ou de pain, les rats rendent ces aliments impropres à la consommation. Généralement la perte en produits alimentaires subie par la France est évaluée à 20 millions de tonnes par an.

3.4. LUTTE CONTRE LES RONGEURS.

Toute lutte contre les rongeurs nuisibles est une entreprise délicate, de longue haleine, qui nécessite de la patience et de la méthode. Le hasard est ici voué à l'échec.

3.4.1. L'enquête.

Toute opération de dératisation suppose une enquête préalable qui va permettre d'adapter les moyens de lutte. Elle doit être menée par un personnel compétent sur tout le territoire concerné, la caserne, la base aérienne, l'ensemble des installations portuaires ou à bord des navires.

Elle doit permettre d'évaluer la densité murine, les espèces en cause et l'organisation territoriale.

3.4.1.1. La densité murine.

Elle peut être appréciée à l'aide de plusieurs critères : le nombre de rats vivants vus le jour ou la nuit, le nombre de pistes balisées d'un enduit grisâtre caractéristique, le nombre et la fraîcheur des crottes et les dégâts. Le tableau 2 en annexe II permet d'estimer le degré d'infestation murine.

Les rats et souris défèquent au moins une crotte par heure. Le nombre de fèces peut donc servir d'indice pour l'estimation d'une colonie. Des crottes de taille différente signent la présence de rats d'âges différents. Une crotte se desséchant au bout de deux jours, les lieux abandonnés par les rongeurs n'ont que des excreta durcis.

Les dégâts sont surtout dus à l'action des dents sur divers matériaux, y compris tuyauteries en plomb, cables électriques.

3.4.1.2. L'orientation vers une des trois espèces.

Cette orientation se fait en identifiant les prises obtenues par les pièges et en observant l'aspect des fèces :

  • surmulot : fèces de 10 millimètres de long, assez larges, ovalaires, souvent effilées à une extrémité, de teinte brunâtre ;

  • rat noir : fèces de 8 à 10 mm de long, en boudin arrondi aux extrémités, de teinte sépia foncé ;

  • souris : fèces de 3 à 8 millimètres ressemblant à celles du surmulot en plus menues, de teinte brun-noir.

3.4.1.3. La carte des territoires.

La carte des territoires est établie en reconnaissant les lieux à la recherche des nids et des itinéraires et en posant des pièges à proximité des pistes.

L'emplacement des fèces peut indiquer un endroit de séjours fréquents. Les lieux habituels de « dégustation » sont ainsi marqués par de véritables tapis de crottes.

3.4.1.4. Résultats de l'enquête.

L'enquête aboutit à un faisceau de renseignements indispensables à l'établissement d'un plan de campagne. La mise en œuvre des moyens doit en outre prendre en compte les zones mitoyennes, sa situation en ville ou à la campagne, pour adapter la durée des actions à mener. Ainsi il est inutile d'entreprendre l'assainissement d'une zone limitée si le risque de réinfestation de proximité est grand.

3.4.2. La lutte défensive.

3.4.2.1. La limitation de l'accès à la nourriture.

Le blocus alimentaire est primordial, car toute colonie s'établit à proximité d'une source de nourriture.

Il est possible de limiter le nombre de rongeurs en les affamant. Souvent simple et peu onéreux, ce blocus est efficace et permet de diminuer de 70 p. 100 les populations murines. Il s'appuie sur les mesures suivantes.

Les stocks alimentaires doivent être mis hors de portée des rats et des souris. Le conditionnement en sac de denrées telles que la farine, les lentilles, le riz, est très largement employé. Or, les matériaux de ces sacs, jute, papier, ou fibres plastiques ne résistent pas aux incisives des rongeurs. Pour limiter les dégâts, les sacs doivent être empilés en rangées étroites, en ménageant toujours un passage suffisant entre les piles et les murs. En outre, une pile ne doit pas rester en place plus d'un mois. En définitive, il faut généraliser l'usage de boîtes et d'armoires métalliques, de caisses en bois dur doublées d'aluminium, ou encore de cages grillagées.

Ces mesures sont à compléter par une chasse aux « provisions clandestines », aux paquets de biscuits dans les tiroirs des bureaux et dans les armoires.

Les locaux alimentaires, salles de restaurant, cuisines, doivent être soigneusement nettoyés.

Les ordures ménagères doivent être collectées dans des containers hermétiques qui ne doivent jamais déborder et doivent être évacués quotidiennement. Aucune décharge ne doit être tolérée à l'intérieur même des enceintes car elle constitue, encore une fois, un terrain propice à la pullulation des rongeurs. Dans les meilleures conditions d'hygiène, les déchets sont transportés jusqu'à une décharge située loin des lieux d'habitation et dont le contrôle limite théoriquement la pullulation des rats.

3.4.2.2. La limitation de la circulation et de l'implantation.

La première série de mesures consiste à rendre difficile l'établissement de terriers et la construction de nids dans les enceintes militaires. L'évacuation des déchets et emballages y contribue, mais il convient également d'entretenir les terre-pleins et les quais. En effet, les berges non protégées, les amas de ferrailles, les terrains vagues sont propices à l'élaboration de terriers. Malgré le coüt des opérations, l'amélioration de l'environnement passe alors par des travaux d'envergure : berges pavées, quais et parcs macadamisés.

La deuxième série de mesures vise à empêcher les rongeurs de pénétrer dans les locaux et d'y circuler. C'est le rat-proofing des anglo-saxons, dont les règles fondamentales découlent des limites du rat à sauter, grimper et creuser. Giban les a schématisées en 7 points :

  • les rats ne peuvent sauter à plus de 75 cm de hauteur sans élan ;

  • ils grimpent pratiquement le long de tous les murs sauf s'ils sont recouverts d'un enduit de finition très lisse ;

  • ils ne peuvent franchir, sur une paroi verticale, une bande métallique lisse de 30 cm de hauteur ;

  • ils ne peuvent traverser une couche de 10 cm d'épaisseur de béton bien fait ;

  • le plomb, l'étain, le cuivre en feuille ne résistent pas ;

  • un grillage métallique de 1 cm d'entremaille arrête les rats, même les plus jeunes ;

  • en creusant leurs terriers, les rats ne descendent pas à plus de 40 cm sauf si un obstacle les y oblige : ils peuvent alors atteindre 3 mètres de profondeur.

Toutes les ouvertures constituant un accès possible ou installations proposant une piste, doivent être rendues infranchissables par :

  • l'obturation des soupiraux par un grillage d'acier à mailles fines ;

  • le renforcement des bas de portes par des plaques en tôle galvanisée ;

  • l'herméticité des traversées des murs par des cables et des tuyaux ;

  • la protection des descentes extérieures par des obstacles infranchissables ;

  • la protection des murs rugueux par des enduits en bandes parfaitement lisses, de peinture par exemple, sur une hauteur de 75 cm.

L'application de ces mesures concerne tout d'abord les locaux contenant de l'alimentation. Ces mesures s'adressent aussi aux annexes des habitations, égouts, canalisations de drainage des eaux superficielles, gaines de câbles électriques… Ce sont les lieux de passage privilégiés, le long des quais tout particulièrement. Les constructeurs doivent donc concevoir leur aménagement pour que les visites soient aisées et la lutte antimurine possible à leur niveau. Les regards posés le long des conduits d'évacuation des eaux usées doivent être munis d'un système, en fonte généralement, empêchant les rongeurs de remonter des égouts pour pénétrer dans les locaux.

De même, lors des constructions neuves, les architectes et maitres d'œuvre doivent tenir compte des impératifs de la protection contre les rats.

3.4.3. La lutte offensive.

Cette lutte offensive est nécessaire pour réduire au plus vite la population murine et compléter les mesures défensives. Longtemps de type artisanal, cette lutte active est devenue efficace avec les découvertes de la chimie de synthèse et la mise au point des anticoagulants.

L'instruction ministérielle relative à la prophylaxie des maladies transmissibles dans les armées dicte les mesures à prendre en cas d'apparition de peste ou de typhus murin dans une unité. Dans une telle éventualité, la désinsectisation, destinée à supprimer les ectoparasites vecteurs, prime la dératisation.

3.4.3.1. Les méthodes physiques.

A côté des inefficaces cannes, gourdins ou pelles, il existe des moyens pour éloigner les rongeurs et des moyens pour les tuer ou les capturer.

3.4.3.1.1. Les ultrasons.

Pour éloigner les rongeurs, les ultrasons mettent à profit l'extrême sensibilité de leur système auditif dans le spectre de fréquences allant de 18 KHz à 40 KHz. Des appareils basés sur l'émission continue d'ultrasons peuvent rendre de réels services là où les autres moyens échouent, en particulier dans les grands entrepôts.

3.4.3.1.2. Les pièges.

Peu utilisables en lutte permanente, ils sont de deux types :

  • les pièges à ressort pour tuer le rongeur sont employés en fin de campagne pour éliminer rapidement les quelques survivants ;

  • Les nasses pour capturer le rongeur vivant avec les ectoparasites sont employées lors des enquêtes préliminaires. Le même engin peut contenir, lors d'infestations importantes, jusqu'à quatre individus, ou un couple avec des matériaux pour y construire un nid.

Ces pièges doivent être employés selon une méthodologie bien précise :

  • l'animal est méfiant, il faut donc appâter plusieurs jours avant d'amorcer les pièges ;

  • l'appât doit être bon ; ce peut être le très apprécié morceau de fromage de gruyère ou un trognon de pomme, des tomates ou des graines pour capturer un frugivorus par exemple ;

  • les endroits de piégeage sont soigneusement choisis ; les engins sont placés sur ou à proximité des pistes ainsi qu'aux endroits très fréquentés (amas de crottes) ; les nasses sont disposées parallèlement à la piste, les pièges à ressort sont au contraire placés perpendiculairement ;

  • l'action doit être limitée dans le temps.

La manipulation du matériel est à faire avec des gants. Les précautions sont prises pour tuer les captures et leurs ectoparasites dans le même temps. Les cadavres sont incinérés.

3.4.3.2. Les méthodes biologiques.
3.4.3.2.1. Les prédateurs.

Les chats et les chiens constituent un moyen limité dans la lutte car ils évitent en général de se frotter aux rats, beaucoup trop agressifs. Au contraire, d'autres prédateurs peuvent donner d'excellents résultats notamment associés aux rodenticides : ce fut le cas avec la belette japonaise, Mustela sibirica itatsi, dans l'archipel des îles Ryu-Kyu. En pratique, une étude des répercussions écologiques sur la faune locale dans son ensemble doit être entreprise avant toute introduction d'un animal dans une région où il était inconnu auparavant.

3.4.3.2.2. Les agents pathogènes.

L'emploi d'agents pathogènes capables de provoquer des épizooties spécifiques a été envisagé. Des salmonelles très pathogènes pour les rongeurs ont ainsi été mélangées aux appâts : S. enteritidis et une variété de S. typhimurium connue sous le nom de virus de danys. Cette technique est difficile d'application (ces souches étant pathogènes pour l'homme et les animaux domestiques) et peu efficace (20 à 40 p. 100 des rongeurs survivent en s'immunisant).

3.4.3.3. Les méthodes chimiques.

Les produits chimiques sont groupés en trois catégories bien distinctes : les gaz et fumigants, les toxiques d'action rapide et les anticoagulants.

3.4.3.3.1. Les gaz et fumigants.

Ils représentent le moyen radical de détruire toutes les espèces de rongeurs domestiques et leurs ectoparasites. Très toxiques pour l'homme, contre-indiqués en présence de denrées alimentaires, applicables uniquement dans des espaces hermétiquement clos ou dans certains terriers, ils nécessitent, pour leur utilisation, des équipes très spécialisées munies d'un matériel adapté.

Ce sont l'acide cyanhydrique, la chloropicrine et l'anhydride sulfureux.

Ces gaz sont à proscrire dans les armées. Au cas où l'emploi de ces gaz toxiques serait nécessaire, il conviendrait d'appliquer rigoureusement les mesures adaptées de protection du personnel, des matériels et des locaux.

3.4.3.3.2. Les toxiques d'action rapide.

Les rodenticides traditionnels sont des toxiques violents exerçant une action rapide dans des délais de trente minutes à quarante-huit heures après l'absorption. L'ingestion d'une seule prise entraîne habituellement la mort dans un tableau provoquant souvent une panique parmi les congénères. Cette relation de cause à effet est d'autant mieux interprétée qu'il existe dans les clans des animaux ayant survécu à des doses sublétales. L'utilisation de tels produits est soumise, par là même, à des règles très strictes :

  • emploi très large pendant une période brève ;

  • doses suffisantes incorporées à l'appât, sans dépasser des taux qui accentuent le goüt et l'odeur du toxique et augmentent les risques d'accidents pour l'homme et les animaux ;

  • renouvellement constant des appâts préparés à l'aide de denrées périssables ;

  • adjonction d'émétiques aux rodenticides pour limiter leurs effets chez l'homme. La physiologie des rats rend impossible tout rejet d'un aliment quelconque par vomissements, une telle pratique n'entrave donc en rien la lutte antimurine.

Les toxiques actuellement utilisables sont :

  • l'alpha-naphtylthiourée ou ANTU dont la dose létale est de 8,5 mg/kg, il provoque la mort des rongeurs en moins de quarante-huit heures dans un tableau d'œdème pulmonaire avec épanchements pleuraux. Il n'a pas d'antidote. Il est inscrit en liste 2 ;

  • la 2-chloro-4-diméthylamino-6-méthyl-pyrimidine ou castri ou crimidine. C'est un toxique du système nerveux central à action convulsivante. Après ingestion, les premiers symptômes se produisent dans les quarante-cinq minutes qui suivent et la mort survient en quelques heures. Son absence de goüt lui permet de ne susciter aucune méfiance de la part des rongeurs. Sa DL 50 est de 1 à 1,3 mg/kg de poids pour le rat. Il est également très toxique pour l'homme et les animaux domestiques (à l'exception des poules). Ce produit est inscrit en liste 1. Les préparations qui en contiennent une quantité inférieure ou égale à 1 p. 1000 sont inscrites en liste 2. Les barbituriques sont les antidotes à utiliser en cas d'intoxication.

  • le chloralose ou glucochloral : ce rodenticide est un mélange comprenant 80 p. 100 de chloralose alpha et 20 p. 100 de chloralose bêta, le premier de ces isomères étant hypnotique, le second toxique. Sa faible toxicité entraîne une certaine difficulté dans la confection des appâts, puisque le produit doit être présent à la concentration de 10 p. 100 pour être efficace. Sont utilisées habituellement des graines (blé, orge, maïs) enrobées après immersion dans l'eau bouillante gélatinée. Le pain imprégné de toxique est également un bon appât. Pour lutter contre les souris peut être utilisé un mélange facile à réaliser avec de la farine de blé. L'intoxication est rapide et les rongeurs meurent souvent près des appâts, ce qui éveille la méfiance de leurs congénères. Néanmoins, le glucochloral est un raticide à action immédiate qui conserve certaines indications. Son avantage indiscutable est sa très faible toxicité pour l'homme. Il est inscrit en liste 2.

    L'action brutale de ces produits, les dangers qu'ils font courir à l'homme et aux animaux, en limitent considérablement l'emploi. Celui-ci est réglementé par la loi du 12 juillet 1912 sur les produits dangereux.

3.4.3.3.3. Les anticoagulants.

Depuis la découverte du dicoumarol en 1940, de nombreuses molécules sont apparues. Les unes sont utilisées comme raticides, les autres comme anticoagulant en thérapeutique humaine.

3.4.3.3.3.1. Les produits.

Actuellement les rodenticides à effet différé appartiennent à deux groupes :

  • les dérivés de la 1-3 indanedione : pindone (ou pivalyl valone ou pival ou triban), valone, diphacinone, chlorophacinone ;

  • les dérivés de la 4. hydroxycoumarine :

    • de première génération : coumafène (ou warfarine), coumachlore (ou tomorin ou ratilan), coumafuryl (ou fumarin), coumatétralyl (ou racumin) ;

    • de deuxième génération : difénacoum, bromadiolone, brodifacoum, flocoumafène.

3.4.3.3.3.2. Leurs modes d'action.

Ils agissent tous comme inhibiteurs des facteurs de la coagulation vitamino-K dépendants. Les dérivés coumariniques de deuxième génération agissent à deux niveaux :

  • en inhibant la vitamine K 2,3 oxydoréductase, cofacteur essentiel pour la conversion des précurseurs inactifs en facteurs actifs ;

  • en provoquant le découplage de la chaîne respiratoire des mitochondries.

Ce sont les rodenticides de choix car leur demi-vie, longue (30 à 150 heures), entraîne un effet retardé. Ces produits sont efficaces à faible concentration dans le cas de prises répétées ; cette toxicité ne résulte pas d'une accumulation du produit chez le rongeur, mais d'une cumulation d'effets majorés par rapport à ceux observés en intoxication aiguë.

L'effet sur les rats est lent. A partir du troisième jour après l'ingestion, les rats présentent un pelage ébouriffé et ne se déplacent plus. A partir du quatrième jour sont observées des hémorragies sous-cutanées au niveau du cou et des épaules, des suffusions hémorragiques sur le museau, les conjonctives, les muqueuses anales et génitales. L'avortement est de règle chez les femelles gravides, fait particulièrement intéressant pour la destruction rapide de l'espèce. Peu avant la mort, les rats dyspnéiques cherchent en titubant à atteindre le plein air. La phase ultime de l'intoxication est très courte et la mort frappe des animaux cachectiques, au cinquième ou dixième jour habituellement ; certains résistent un mois.

Ainsi les dérivés coumariniques comme le difénacoum assure 75 p. 100 de destruction de la population en deux jours et plus de 90 p. 100 en cinq jours.

La lenteur de l'intoxication, l'absence de symptômes bruyants font que la mort paraît naturelle aux congénères et n'éveille pas leur méfiance.

Enfin, la toxicité pour l'homme et les autres animaux est faible. La DL 50 du difénacoum 0,25 p. 100 est de 70 mg/kg pour le rat et de 2 g/kg pour le chien. Il existe un antidote : la vitamine K1.

3.4.3.3.3.3. Leurs formes de présentation.

L'utilisation de ces produits se fait sous trois formes : incorporés à un produit alimentaire, en solution comme appât liquide, en poudre de piste. Les concentrations varient considérablement d'un produit à l'autre : 0,5 p. 100 pour le coumafène, 0,025 p. 100 pour le chlorophacinone et 0,005 p. 100 pour le difénacoum, bromadiolone ou le flocoumafène.

Les appâts sont des graines entières ou concassées, des pâtes formant des blocs durs, des morceaux de pain. Le poison est additionné d'un colorant (évitant de regrettables erreurs), d'un produit permettant l'adhésion du mélange au grain (huile de paraffine), d'un parfum (framboise, anis) ou d'un autre attractif rendant l'appât particulièrement appétissant pour les rongeurs. Il y est parfois ajouté une substance fongistatique, par exemple du paranitrophénol à 0,25 p. 100 en poids final. Ces additifs ont l'inconvénient de diminuer la sapidité de l'ensemble et des attractifs sont alors nécessaires. Un enrobage par de la cire de paraffine permet une protection contre l'humidité. Certains blocs, « tickets », ou « bombes », entourés de papier paraffiné, peuvent être utilisés dans les caniveaux, les égouts et sur les berges des plans d'eau.

La solution aqueuse d'anticoagulant est avantageusement additionnée de 5 p. 100 de sucre. Le mélange est conditionné dans des dispositifs non renversables pourvus d'un réservoir.

Les poudres de piste incorporent l'anticoagulant dans une formulation adhésive et colorée.

3.4.3.3.3.4. Les modalités d'utilisation.

Les appâts solides sont placés le long des pistes et présentés dans des récipients d'utilisation commode. Ces derniers sont conçus pour sécuriser le rat pendant sa dégustation, protéger les appâts et prévenir l'intoxication éventuelle d'animaux domestiques. Le plus recommandable est une caisse en bois (45 × 30 × 15 cm) munie d'un couvercle et trouée aux deux extrémités (6 × 6 cm) (cf. annexe II, fig. 4). Elle convient aussi bien pour appâter à l'intérieur qu'à l'extérieur. Dans les locaux, il est possible de se contenter de fonds de boîtes, de petits plateaux, d'une planche posée contre le mur et protégeant les graines. A l'extérieur peuvent être employés aussi des tuyaux en aggloméré de 15 cm de diamètre, aux extrémités fermées d'une rondelle de bois percée d'un trou de 6 cm de diamètre, ou toute autre protection similaire. Le personnel doit visiter les appâts le plus souvent possible pour évaluer la consommation et pour réamorcer jusqu'à ce que celle-ci cesse faute de consommateurs. Lorsque l'appât n'est pas touché, il faut en changer ou le déplacer jusqu'à trouver le bon appât et la bonne place.

Les appâts liquides sont moins utilisés. Pour avoir quelques efficacités, les abreuvoirs doivent être placés loin de tout point d'eau, ce qui est souvent malaisé.

Les poudres de piste sont par contre très employées. En faisant sa toilette le rongeur ingère le toxique fixé à sa fourrure et à ses pattes. Ces poudres présentent l'avantage supplémentaire de révéler les passages : traces délicates des pattes postérieures, sillon laissé par la queue. Elles sont pulvérisées dans les terriers ou répandues en couches de 3 mm d'épaisseur autour des boîtes d'appâts et en tapis de 50 cm de longueur sur les trajets des rongeurs. Elles sont à éviter dans les endroits où l'humidité leur ferait perdre leur pouvoir adhésif.

3.4.3.3.3.5. La résistance aux anticoagulants.

Les rodenticides anticoagulants ont fait preuve d'une efficacité remarquable dans la lutte contre le surmulot depuis le début des années 1950 et ont permis de contrôler les populations murines des Etats-Unis et de l'Europe. Des phénomènes de résistance sont apparus à partir des années 1960 en Europe du nord, au début des années 70 aux Etats-Unis et en 1977 dans le port de Marseille pour la France.

Actuellement, les trois espèces commensales présentent une résistance aux dérivés coumariniques de première génération. Cette résistance génétique est à transmission autosomale dominante. La dominance de cette mutation favorise sa diffusion. En pratique, un rat est considéré comme résistant lorsqu'il survit après six jours d'un régime contenant 0,025 p. 100 de coumafène.

La mise au point de dérivés coumariniques de deuxième génération a résolu pour un temps le problème. Des résistances à ces produits ont depuis fait leur apparition ; elles sont contrôlées non par un gène mais par plusieurs, ce qui donne une mosaïque de niveaux de résistance dans une population murine donnée.

3.4.4. Les règles pratiques de la lutte antimurine.

L'entretien des locaux et la mise à l'abri des produits alimentaires sont les meilleurs moyens d'éviter la prolifération des rongeurs et les seuls garants d'une lutte bien conduite (cf. 3.4.2).

3.4.4.1. Infestation limitée.

A infestation mineure, moyens modestes. Il s'agit le plus souvent de quelques individus cherchant à implanter une colonie. La pose de pièges à ressort et de coupelles contenant un toxique d'action rapide suffisent généralement. Peu dangereux pour l'homme, le chloralose est recommandé.

3.4.4.2. Infestation importante.

L'enquête complète est nécessaire avec pose de nasses pour identifier les espèces et déterminer leurs territoires.

La lutte offensive utilise des appâts à base d'anticoagulants dont les présentations et conditionnements sont choisis en fonction des besoins : poudre de piste, blocs hydrofuges, boîtes OMS garnies de grains par exemple.

Dans les entrepôts de grandes dimensions où sont stockées des denrées conditionnées en sacs telles que riz, lentilles, haricots,… la pose d'appareils à ultrasons peut rendre de grands services.

Cette lutte doit être permanente.

3.4.4.3. Lutte contre la réinfestation.

Lorsqu'un secteur donné a été débarrassé des rongeurs, il est indispensable de prendre des dispositions pour empêcher la réinfestation.

Les actions concertées ont ici toute leur valeur : amélioration de l'environnement, dératisation concomitante à l'extérieur des installations militaires sous la responsabilité des autorités du bureau municipal d'hygiène. La mise en place permanente d'appâts aux anticoagulants rend en la matière de grands services. Les boîtes, décrites ci-avant, sont très utiles car elles peuvent contenir les grosses quantités nécessaires : 500 grammes ou davantage. En effet, les visites de ces postes sont espacées suivant le rythme mensuel par exemple. Il est recommandé de placer de tels postes parmi les marchandises lors de leur chargement dans les grands conteneurs destinés à prendre la voie maritime, aérienne ou même la voie ferrée.

3.4.5. La lutte antimurine à bord des navires.

Les premières mesures de protection consistent à empêcher à tout prix le rat de monter à bord. Des dispositifs ont été conçus à cet effet :

  • pose de cônes de protection sur les aussières (placés dans le bon sens) ;

  • coupée relevée de 80 cm au-dessus du sol, peinte en blanc et violemment éclairée la nuit.

Ces protections sont relativement peu efficaces d'autant que les rongeurs embarquent clandestinement, blottis dans les sacs, les caisses, les conteneurs.

Aussi est-ce à bord même qu'il faut rendre la vie impossible au rat. La modernisation des armements ne l'a guère gêné dans ses habitudes et il a appris à vivre dans l'acier. Cependant au fil des années, il se fait plus rare à bord des navires, l'accès aux produits alimentaires et la constitution de pistes devenant de plus en plus difficiles. Ceci n'exclut pas la vigilance, car certains gros bâtiments ont été envahis par des souris qui se nichaient dans l'épaisseur de la matière isolante des canalisations. Pour être efficace, ce « rat-proofing » doit donc être l'affaire d'ingénieurs.

En dehors de ces mesures préventives, la lutte contre les rongeurs à bord des navires est permanente et utilise des rodenticides anticoagulants.

Lors des voyages internationaux, les navires doivent être munis d'un certificat de dératisation ou d'exemption de dératisation conforme aux prescriptions du réglement sanitaire international.

3.4.6. La lutte antimurine à bord des aéronefs.

L'accroissement continu du trafic aérien international augmente les risques de transport des rongeurs d'un pays à l'autre, principalement avec le fret. Outre les dangers qu'ils présentent comme réservoirs d'agents pathogènes et comme ravageurs, leur présence à bord des aéronefs est particulièrement indésirable étant donné les dégâts qu'ils sont susceptibles de faire subir aux câbles ou aux fils de commande des organes vitaux des aéronefs.

La lutte antimurine sur les bases aériennes ne diffère en rien de celle menée dans les autres unités à terre et dans les ports. Elle est essentielle pour protéger le fret et les aéronefs.

Préventivement, ces derniers sont tenus correctement fermés sur leur aire de parking. Les conteneurs destinés aux échanges internationaux doivent être garnis de blocs raticides avant leur fermeture.

Lorsque la présence de rongeurs est constatée à bord, leur capture est la méthode de choix pour les éliminer. Sont employés alors des pièges à ressort ou des nasses. Il faut en effet éviter que les rongeurs meurent dans des endroits difficiles d'accès, non pas tant pour des raisons de sécurité que pour éviter les mauvaises odeurs.

3.5. LA RÉGLEMENTATION.

3.5.1. La réglementation nationale.

3.5.1.1. Cas général.

Les mesures de dératisation sont exécutées par l'autorité nationale. La responsabilité de la dératisation incombe aux mairies des villes et des villages, aux administrations des ports et des aéroports, mais aussi aux particuliers. L'action dans les villes de plus de 20 000 habitants incombe au bureau municipal d'hygiène. Dans la plupart des autres cas, des entreprises privées peuvent effectuer cette dératisation.

Quel que soit l'exécutant, il doit suivre les directives des textes suivants :

  • code de la santé publique : article 16 ;

  • loi sur la distribution et l'application des produits antiparasitaires à usage agricole et produits assimilés : loi no 92-533 du 17 juin 1992 (n.i. BO, JO du 18, p. 7952) ;

  • arrêté du 13 mars 1995 fixant les modalités relatives au certificat pour les applicateurs et distributeurs de produits antiparasitaires et produits assimilés (n.i. BO, JO du 6 avril, p. 5501) ;

  • réglement sanitaire départemental : article 119, section 4.

3.5.1.2. Dans les armées.

L'application des mesures de dératisation dans les armées se fait en général par l'intermédiaire d'une firme spécialisée avec laquelle l'unité passe un contrat. Dans les ports de guerre, les services d'hygiène du port peuvent appliquer eux-mêmes les mesures de dératisation.

3.5.2. Le règlement sanitaire international et la dératisation.

Le règlement sanitaire international impose des mesures spécifiques en matière de dératisation. Le décret 89-38 du 24 janvier 1989 (BOC, p. 877) porte publication du règlement sanitaire international (1969) adopté par la vingt-deuxième assemblée mondiale de la santé en 1969 et modifié par la vingt-sixième assemblée mondiale de la santé en 1973 et par la trente-quatrième assemblée mondiale de la santé en 1981.

Ce décret et le texte complet du règlement sanitaire international (et ses appendices et ses annexes) sont inclus dans l'édition méthodique du Bulletin officiel des armées. La dératisation y est plus particulièrement régie par :

  • les articles : 17, 21 (organisation sanitaire), 25 (dispositions générales), 53, 54, 56, 57, 59 (dispositions propres à la peste), et 79 (documents sanitaires) ;

  • les appendices : 1 (certificat de dératisation, certificat d'exemption de la dératisation) et 3 (déclaration maritime de santé).

Les ports militaires français suivants sont habilités à délivrer des certificats en application du règlement sanitaire international :

  • Brest : port agréé pour délivrer des certificats de dératisation (y compris dératisation des navires de guerre) ainsi que des certificats d'exemption de dératisation ;

  • Cherbourg et Toulon : ports agréés pour délivrer des certificats de dératisation aux seuls navires de guerre ainsi que des certificats d'exemption de dératisation ;

  • Lorient : port agréé pour délivrer des certificats d'exemption de dératisation.

4. Dispositions diverses.

TEXTE ABROGÉ.

La présente instruction abroge l'instruction no 103/DEF/DCSSA/2/TEC du 10 janvier 1985 relative à la désinfection, la désinsectisation et la dératisation dans les armées de terre, de mer et de l'air.

Pour le ministre de la défense et par délégation :

Le médecin général,

sous-direction action scientifique et technique,

Jacques ABGRALL.

Annexes

ANNEXE I.1. Principaux insecticides et insectifuges utilisables dans la lutte contre les moustiques.

(Nouvelle rédaction : erratum)

Table 1. PRINCIPAUX INSECTICIDES ET INSECTIFUGES UTILISABLES DANS LA LUTTE CONTRE LES MOUSTIQUES.

Niveaux d'utilisation.

Produits.

Modes d'utilisation.

Observations.

1. Individuel.

 

 

 

1.1. Répulsifs cutanés.

Insect ecrans® peau adulte.

Application sur les parties découvertes.

A renouveler toutes les cinq heures.

Ne pas appliquer sur les yeux ni sur les muqueuses.

Contre-indiqués chez la femme enceinte.

1.2. Imprégnation des moustiquaires.

K-Othrine EC 25® (bidon 1 litre).

K-Othrine Moustiquaire® (flacon 15 ml).

Se reporter au § 2.4.1 et à l'annexe V.3.

Insecticide toxique pour les animaux à sang froid.

2. Intradomiciliaire.

 

 

 

2.1. Petits moyens.

Bombes insecticides (aérosols pour insectes volants).

Produits du commerce : bombes : Néocide®, Baygon®, Catch®.

Pulvérisations dans les locaux au crépuscule.

Efficacité limitée à quelques heures.

 

Diffuseurs électriques : Néocide®, Raid®.

Brancher le diffuseur du crépuscule au matin.

Efficacité pendant six à huit heures.

2.2. Pulvérisations d'insecticides rémanents sur les murs des locaux d'habitation.

Liquides insecticides pour pulvérisations :

— malathion (Cythion®) ou fénitrothion (Folithion®) : concentré pour émulsion : 2 g/m2 ;

— deltaméthrine : poudre mouillable : 12 mg/m2.

Pulvériser :

— soit avec un appareil à main type Matabi® ;

— soit avec un appareil à moteur Fontan® pour les surfaces importantes.

La durée de protection s'étend :

— de six semaines pour la deltaméthrine ;

— à trois mois pour le malathion ou le fénitrothion.

3. Lutte extérieure.

 

 

 

3.1. Lutte antilarvaire.

Eau polluée : fosses septiques, puisards, caniveaux : chlorpyrifos (Dursban®, Piridur®).

Epandage de granulés insecticides (10 mg matière active/m3 d'eau).

La durée de la protection conférée va de une à deux semaines.

 

Eau potable : citernes, bassins, puits : téméfos (Abate®).

Epandage de granulés insecticides (20 mg matière active/m3 d'eau).

 

3.2. Lutte contre les moustiques adultes.

Malathion (Cythion®), fénitrothion (Folithion®) : concentré émulsifiable.

K-Othrine TF 2,5® pour thermonébulisateur.

Application par :

— brumisateur type Fontan® ;

— générateur d'aérosols : portable (Swingfog®), véhiculé (Microgen®).

Nécessite l'utilisation de protections efficaces pour le personnel chargé de l'épandage (vêtements, gants, masques, lunettes).

 

K-Othrine VUF®.

Epandage sous volume ultra-faible par aéronefs.

 

4. Désinsectisation des aéronefs.

Bombe aérosol aux pyréthrinoïdes de synthèse.

Gaz vecteur : fréon.

Désinsectisations avant décollage, au sol et à l'arrivée.

Prescrites par le règlement sanitaire international.

 

ANNEXE I.2. Les insectifuges.

1 Les principes actifs.

1.1 Le N-diéthyl-m-toluamide (DEET).

Liquide légèrement huileux, insoluble dans l'eau.

Dégrade les plastiques.

Semble le plus efficace des insectifuges (rémanence sur les vêtements d'environ un mois).

30 p. 100 de la dose appliquée sur la peau est absorbée. Il paraît peu toxique sauf chez l'enfant de moins de 8 ans (convulsions voire encéphalite) quand il est appliqué à forte concentration ou à faible concentration longtemps et sur un vaste territoire cutané. Il est localement irritant, parfois allergisant. Son utilisation prolongée, même à faible concentration est déconseillée chez l'enfant. Il faut éviter son application dans les plis de flexion.

Potentialisé par certains composés odorants.

1.2 Le diméthylphtalate (DMP).

Liquide huileux insoluble dans l'eau.

Contact avec matières plastiques et fibres synthétiques à éviter.

Concentration optimale 40 p. 100.

Irritant à forte concentration.

Non potentialisé par d'autres produits.

Efficacité brève sauf contre certaines espèces de tiques.

1.3 L'éthylhexanediol (EHD).

Liquide peu soluble dans l'eau.

Ne dégrade pas les matières plastiques mais peut altérer les couleurs.

Concentration optimale 30 à 50 p. 100.

Bien toléré en application cutanée, mais peut induire quelques sensations de chaleur à forte concentration.

Non potentialisé par d'autres produits.

Efficacité brève par forte température ambiante mais la rémanence sur les vêtements atteindrait 78 heures.

Serait supérieur au DEET contre les anophèles.

1.4 Le N-Bytil-n-acétyl 3 éthylaminopropionate (35/35).

Liquide peu soluble dans l'eau.

Le nylon et d'autres matières plastiques sont altérés.

Bonne efficacité avec une bonne rémanence pour les moustiques mais ses caractéristiques sont mal connues vis-à-vis des autres insectes.

Pas de toxicité décrite mais les études sont rares.

La concentration optimale au laboratoire est de 20 p. 100 mais une concentration de 6 p. 100 reste très efficace.

1.5 L'huile essentielle de citronelle (CIT).

Liquide huileux.

Pas d'altération des plastiques.

Faible efficacité répulsive sauf contre les phlébotomes pour lesquels il est le produit le plus efficace ; sa rémanence est assez faible.

Réactions allergiques, en particulier eczéma de contact, possibles.

D'autres huiles essentielles sont utilisées mais leur efficacité est au plus égale à celle de la citronnelle.

1.6 Le pyrèthre.

Le pyrèthre naturel à la dose maximale de 10 mg/m2 est un insectifuge ou plutôt un inappétant.

Il est moins efficace que la citronnelle.

Il est localement irritant.

2 CritÈres de choix des principes actifs.

La hiérarchie d'efficacité varie selon l'insecte :

  • Culex et aedes : DEET > EHD > DMP > CIT.

  • Anophèles : EHD > DEET = DMP > CIT.

  • Phlébotomes : CIT > DEET > EHD > DMP.

  • Tiques : DMP > DEET > EHD > CIT.

Les associations, en particulier DEET + EHD semblent particulièrement intéressantes.

En pays tropical, où le risque de transmission des maladies par vecteurs est maximal, certains auteurs préconisent :

  • chez l'adulte : DEET (35 à 50 p. 100) + EHD ;

  • chez l'enfant : DEET (< 15 p. 100) + EHD.

Il n'y a pas d'effet tératogène connu pour aucun de ces produits, néanmoins une certaine prudence est à conseiller chez la femme enceinte.

L'imprégnation des vêtements par le DEET peut également être envisagée.

En l'état des connaissances, un seul produit, disponible dans le commerce (en pharmacie) en France, répond aux critères de choix pour les pays intertropicaux :

Pour les adultes (enfants de plus de 10 ans) : Insect Ecran Peau Adulte® (DEET 50 p. 100) ;

  • spray (flacon de 50 ml) permet 60 applications sur les mains et le visage et assure une protection de cinq heures ;

  • contre-indication : la femme enceinte ;

  • fabricant : Osler Laboratoires, 42, rue Monge, 75005 Paris.

Pour les enfants à partir de 1 an : Insect Ecran Peau Enfant® (EHD 30 p. 100), spray (flacon de 50 ml).

3

ANNEXE I.3. Technique d'imprÉgnation des moustiquaires individuelles par les insecticides.

1 Séquence des opérations d'imprégnation.

1.1 L'imprégnation individuelle.

Se protéger les mains avec des gants de caoutchouc (gants de ménage).

Mettre 1 litre à 1,5 l d'eau selon la taille de la moustiquaire, dans une bassine en plastique ou en métal.

Ajouter 1 ou 2 flacons de K-Othrine Moustiquaire® EC 15 selon la taille de la moustiquaire et bien mélanger.

Tremper la moustiquaire jusqu'à ce que le liquide ait été totalement absorbé, puis la ressortir.

Faire sécher la moustiquaire, à l'horizontale, pour éviter l'écoulement du liquide d'imprégnation.

Une fois sèche, la moustiquaire peut être utilisée immédiatement ou stockée dans du papier kraft en vue de son utilisation ultérieure.

La durée limite d'efficacité est fixée à six mois après la date d'imprégnation.

En cas de lavage, la moustiquaire doit être réimprégnée.

Un kit d'imprégnation individuelle comportant un flacon de quinze millilitres de K-Othrine Moustiquaire® EC 15 et un sac d'imprégnation avec mode d'emploi est disponible au catalogue des approvisionnements courants du service de santé des armées.

1.2 L'imprégnation collective.

Pour les unités élémentaires séjournant outremer (cas des compagnies tournantes), il est possible d'imprégner les moustiquaires dizaine par dizaine. Pour dix moustiquaires, il convient d'utiliser un bac dans lequel sont ajoutés successivement 10 litres d'eau puis 125 millilitres de K-Othrine EC 25 (soit un huitième de litre) puis les moustiquaires à traiter.

2 Précautions d'utilisation de l'insecticide.

L'imprégnation doit se faire avec des gants imperméables. En cas de projection du produit sur la peau ou les muqueuses, il faut rincer abondamment à l'eau et au savon (la sensation de brülure disparaît en quelques heures sans laisser de traces ni de séquelles).

La moustiquaire sèche peut être manipulée à mains nues. L'insecticide lui-même a une forte odeur qui disparaît après séchage. Les utilisateurs de moustiquaires traitées à la deltaméthrine n'ont jamais signalé d'intolérance.

L'insecticide est toxique pour les animaux à sang froid (poissons, crustacés d'eau douce). Il faut donc éviter de laver les récipients qui ont servi à l'imprégnation ou de jeter le produit éventuellement en excès dans les rivières ou les collections d'eau.

ANNEXE I.4. Principaux insecticides utilisés dans la lutte contre les poux.

Table 2. PRINCIPAUX INSECTICIDES UTILISES DANS LA LUTTE CONTRE LES POUX.

Insecticide.

Type chimique.

Formulation.

Concentration.

Toxicité = DL 50.

Coût.

g/kg.

p. 100.

DDT.

OC

Poudre

100

10,0

113

+

Lindane (Aphtiria®).

OC

Poudre

10

1,0

100

+

Téméphos (Abate®).

OP

Poudre

20

2,0

8 600

++

Perméthrine.

PY

Poudre

5

0,5

> 4 000

++++

OC : organochloré.

OP : organophosphoré.

PY : pyréthrinoïde.

 

ANNEXE I.5. Principaux insecticides utilisés dans la lutte contre les blattes.

Table 3. PRINCIPAUX INSECTICIDES UTILISES DANS LA LUTTE CONTRE LES BLATTES.

Insecticide, nom commercial, type chimique.

Formulation.

Concentration (en p. 100).

Chlordane.

Liquide à pulvériser.

Poudre sèche.

2,0 — 3,0

6,0

Dichlorvos, Dedevap®, OP.

Liquide à pulvériser.

Appât.

0,5

1,9

Chlordécone, Kepone®.

Appât.

0,125

Malathion, Cythion®, OP.

Liquide à pulvériser ou poudre sèche.

5,0

Propoxur, Baygon®, C.

Liquide à pulvériser.

Appât.

1,0

2,0

Bromophos.

Poudre mouillable à raison de 2 g/m2.

5,0

OP : organophosphorés.

C : carbamates.

 

ANNEXE I.6. Liste des produits et matériels de desinsectisation utilés à un poste de secours ou a un service médical d'unité en situation d'isolement.

Table 4. LISTE DES PRODUITS ET MATERIELS DE DESINSECTISATION UTILES A UN POSTE DE SECOURS OU A UN SERVICE MEDICAL D'UNITE EN SITUATION D'ISOLEMENT.

Produit ou matériel.

Présentation.

Aphtiria®, flacon poudreur 150 g.

Flacon.

Insectifuge, lotion ou pulvérisateur.

Flacon.

Insecticides pour insectes volants en bombe aérosol.

Bombe.

Insecticides pour insectes rampants, poudre type lindane à 2 p. 100.

Flacon.

Insecticides liquides genre King (pulvérisations rémanentes intradomiciliaires).

Litre.

Insecticide liquide K-Othrine EC 25® (imprégnation de moustiquaires, pulvérisations rémanentes intradomiciliaires).

Litre.

Crésylol sodique.

Litre.

Chlorure de chaux.

Kg.

Appareil à pulvérisation à pression préalable (capacité 20 litres), type Matabi® super.

 

Appareil de pulvérisation insecticide à moteur, portable, type Fontan® (facultatif selon les circonstances).

 

Tenue de protection pour pulvérisation : vareuse, pantalon, coiffe, masque, gants.

 

 

ANNEXE II.1.

ANNEXE II.2.

ANNEXE II.3. Principales maladies humaines dans lesquelles les rongeurs commensaux jouent un role important.

Table 5. PRINCIPALES MALADIES HUMAINES DANS LESQUELLES LES RONGEURS COMMENSAUX JOUENT UN ROLE IMPORTANT.

Mode de transmission à l'homme.

Maladie.

Agent pathogène.

Rôle du rongeur.

Morsure.

Septicémie.

Streptobacillus moniliformis.

Réservoir.

Sodoku.

Spirillum morsus muris.

Réservoir.

Rage.

Rhabdovirus.

Infection naturelle.

Ingestion de « poisson rouge » cru ou peu cuit, hôte intermédiaire.

Distomatose biliaire asiatique.

Clonorchis sinensis.

Hôte définitif fréquent.

Ingestion d'un hôte intermédiaire comme des crevettes d'eau douce.

Méningite à éosinophiles du Pacifique.

Angiostrongylus cantonensis.

Réservoir unique.

Ingestion de vers de farine (hôte intermédiaire) (infestation rare).

Teniase.

Hymenolepis diminuta.

Hôte définitif naturel.

Ingestion de viande de porc, sanglier, …

Trichinose.

Trichinella spiralis.

Cycles habituels rat-porc.

Ingestion d'aliments souillés.

Salmonelloses.

Salmonella typhimurium.

Infection naturelle.

Infestation transcutanée par la furcocercaire aquatique.

Bilharziose asiatique.

Schistosoma japonicum.

Réservoir.

Contact avec eau souillée par les déjections infectantes (plus rarement ingestion).

Leptospiroses.

Leptospira icterohemmorragiae grippotyphosa.

Rats et souris réservoirs de virus.

Voie cutanéo-muqueuse (ou ingestion).

Typhus murin.

Rickettsia typhi.

Réservoir essentiel.

Voie respiratoire.

Chorio-méningite lymphocytaire.

Arénavirus.

Souris principal réservoir de virus.

Piqûre de puce (xenopsylla chéopis).

Peste bubonique.

Yersinia pestis.

Rat disséminateur, intermédiaire entre réservoir sauvage et homme.

(Plus rarement voie respiratoire.)

(Peste pulmonaire.)

 

 

Piqûre de tique infectée (ornithodorus).

Borrelioses.

Borrelia duttoni.

Borrelia hispanica.

Réservoir possible de virus.

 

ANNEXE II.4. Indices d'infestation murine d'un territoire.

Figure 3.  

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