Au cours de manœuvres, de transports ou d'essais, les chars et engins chenilles sont souvent amenés à emprunter la voie publique, soit pour se rendre sur leurs terrains d'évolution, soit pour les besoins mêmes des exercices.

Il est incontestable que le passage de ces engins cause aux chaussées des détériorations parfois sérieuses, en particulier lors des grandes pluies sur les chemins empierrés ou les grandes chaleurs sur les routes goudronnées.

Sans songer à interdire, en temps de paix, les itinéraires routiers aux chars et aux engins chenillés pour leurs déplacements, il semble possible toutefois de limiter au maximum les dégâts causés à la voirie du territoire national.

À cet effet, il est prescrit de :

• 1. Circuler sur le revêtement solide de la route tout en conservant autant que possible sa droite.

  Cette prescription ne vient pas à rencontre des dispositions édictées au code de la route. Le chef de convoi prendra, en conséquence, toutes mesures de précaution assurant la libre circulation et la sécurité de tout usager de la route.

  Les services de pilotage et d'accompagnement à qui doivent être dévolues des fonctions de sécurité, feront les signaux réglementaires nécessaires pour prévenir des accidents ou pour faciliter le croisement ou le doublement de véhicules en ayant exprimé l'intention.

  Ces prescriptions figurent à l'instruction provisoire sur l'utilisation du matériel automobile, titre III (déplacements et stationnements des colonnes automobiles).

• 2. Limiter la vitesse de marche des engins chenillés au cours des déplacements sur route en fonction de l'état du réseau routier utilisé.

• 3. Sauf nécessité absolue, proscrire les manœuvres et demi-tours sur place (prévoir dans ce but des circuits de manœuvre). Éviter, en particulier, l'exécution de manœuvres de protection contre les vues aériennes si l'état du réseau routier peut faire craindre des détériorations.

• 4. Dans les virages, éviter les brusques changements de direction ; réduire, si besoin, l'allure pour les aborder, afin d'éviter les arrachements des plaques de goudron, notamment en période de chaleur.

• 5. Limiter dans toute la mesure du possible, pendant les heures chaudes de la journée, la circulation sur des revêtements de routes goudronnées, particulièrement ramollis.

• 6. Rechercher sur le plan local et en accord avec les autorités locales compétentes (préfets, ingénieurs des ponts et chaussées, maires), les circuits et itinéraires où la circulation des engins chenillés présente le moins d'inconvénients, en évitant toutefois les détours exagérément longs qui entraînent des dépenses de carburants et une usure du matériel, hors de proportion avec l'économie réalisée sur les chaussées.

  Les itinéraires pour se rendre des garages aux terrains de manœuvres doivent être choisis autant que possible en dehors des routes passagères et une fois pour toutes, imposés.

  Pour faciliter le choix des itinéraires définis précédemment, une étude systématique doit être dressée dans le rayon d'action normal des garnisons d'unités blindées. Cette étude menée en liaison avec les services locaux du génie et les directions régionales de transport est faite d'après les possibilités indiquées par les services des ponts et chaussées ou de la voirie locale (classe des ouvrages, vitesse limite).

• 7. Respecter les barrières de dégel qui, en général, portent interdiction de circulation.

• 8. Remplacer pour l'exécution des déplacements, chaque fois que cela sera possible, les chenilles métalliques par des chenilles caoutchoutées sur les engins qui peuvent en être pourvus.

  Ces prescriptions seront fréquemment rappelées dans toutes les unités et services dotés de matériel chenillé.