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Archivé DIRECTION CENTRALE DU GÉNIE : Sous-Direction travaux ; Section études juridiques techniques et administratives

DIRECTIVE N° 467/DEF/DCG/T/EJTA pour l'emploi de l'analyse de la valeur dans le service du génie.

Abrogé le 29 février 2008 par : DÉCISION N° 501409/DEF/SGA/SID portant abrogation de textes. Du 07 février 1989
NOR D E F T 8 9 6 1 2 1 2 C

Référence(s) :

Projet du service du génie pour l'an 2000 (PSG 2000) (n.i. BO).

Classement dans l'édition méthodique : BOEM  505-1.2.3.

Référence de publication : BOC, 1990, p. 163.

L'analyse de la valeur s'inscrit, dans le cadre du projet du service du génie pour l'an 2000 (PSG 2000), an nombre des méthodes concourant à l'amélioration de la qualité des prestations et de l'organisation du service du génie, rejoignant dans cette finalité les cercles de qualité, la démarche performancielle dans les appels d'offres et le contrôle de la qualité sur les chantiers.

Il appartient, dès maintenant, à chaque responsable chargé d'études de proposer, en connaissance de cause, la mise en œuvre de cette méthode d'optimisation.

Cette directive, pour l'emploi de l'analyse de la valeur dans le service du génie :

  • rappelle les principes de l'analyse de la valeur ;

  • précise ce que le service du génie et ses directeurs d'investissements sont en mesure d'en attendre ;

  • indique les modalités de son emploi.

Il est nécessaire que tous les responsables du service du génie contribuent à l'application de cette méthode de raisonnement et incitent leurs subordonnés à s'informer et à profiter pleinement de l'effort de formation consenti actuellement.

Préambule.

Dans le cadre du projet du service du génie pour l'an 2000 (PSG 2000), la mise en œuvre de méthodes nouvelles occupe une place capitale. L'amélioration d'ensemble du système complexe que constitue le service du génie passe en effet par l'accroissement de l'efficacité individuelle des hommes, en même temps que par l'augmentation du rendement des procédures de gestion et de conception.

La méthode de l'analyse de la valeur a été choisie pour contribuer à orienter le service du génie dans cette direction.

Cette méthode, qui a fait depuis quarante ans ses preuves dans le monde industriel, effectue actuellement sa percée dans le monde de la construction. Elle présente l'intérêt de s'appliquer tout spécialement aux phases de définition et de conception des ouvrages, tâches qui sont l'essence même de la mission du service du génie. Par ailleurs, elle a fait l'objet d'une normalisation internationale et française, ce qui garantit de disposer en permanence d'une référence universelle.

Le but de cette méthode étant la compétitivité des produits, les applications qui en seront faites au sein du service du génie doivent toujours être tournées vers l'économie des moyens et l'amélioration du fonctionnement. Les directeurs d'investissements, qui contribuent largement à financer son emploi, sont assurés d'en tirer profit, ponctuellement opération par opération, mais aussi globalement grâce à l'accroissement du rendement du service du génie et surtout grâce à la meilleure efficacité des relations bilatérales au moment de la définition du juste besoin.

Dans les années qui viennent, une grande partie du personnel d'encadrement et de conception du service du génie sera mis en contact avec cette méthode de raisonnement performante. Le bénéfice individuel des personnes ainsi formées ne pourra que s'ajouter au profit collectif induit par des habitudes nouvelles de concertation formalisée et de remise en cause intelligente.

1. Définition et principes de l'analyse de la valeur (AV).

1.1. Définition.

Faisant l'objet de normes AFNOR, la méthode de l'analyse de la valeur et les concepts afférents y sont codifiés de façon claire. C'est ainsi que : « l'analyse de la valeur est une méthode de compétitivité organisée et créative visant à la satisfaction complète du besoin de l'utilisateur par une démarche spécifique de conception à la fois fonctionnelle et économique ».

Les normes AFNOR, établies en 1984 et 1985, portent respectivement sur les points suivants :

  • X 50-150, le vocabulaire de l'analyse de la valeur ;

  • X 50-152, les caractéristiques fondamentales de l'analyse de la valeur ;

  • X 50-153, les recommandations pour la mise en œuvre de la méthode ;

  • X 50-151, guide pour l'élaboration d'un cahier des charges fonctionnel, expression fonctionnelle du besoin.

Ces normes constituent la référence de base à laquelle il conviendra de se référer dans la pratique de l'analyse de la valeur.

1.2. Principes de base de la méthode.

La méthode de l'analyse de la valeur, mise au point aux Etats-Unis par Laurence D. Miles après la seconde guerre mondiale, se caractérise par :

  • une approche fonctionnelle qui impose de formuler le problème en termes de finalités et non en termes de solutions ;

  • une analyse critique des données, informations et solutions avant leur prise en compte ;

  • une référence systématique aux coûts ;

  • une démarche créative qui vise à ouvrir l'éventail des solutions à considérer ;

  • un travail de groupe, l'AV contribue, de ce fait, à l'amélioration du dialogue entre partenaires concernés tant au sein de l'organisme qu'à l'extérieur ;

  • une démarche systématique et organisée faisant appel à un plan de travail type.

1.3. Corollaires de la méthode.

La méthode de l'analyse de la valeur, qui s'appuie essentiellement sur une approche fonctionnelle des problèmes, est à la base de plusieurs modes d'optimisation, suivant la contrainte choisie comme principale :

  • la conception pour un coût objectif (CCO), qui est une méthode de gestion prévisionnelle des coûts d'investissement au stade de la création d'un produit, le coût total étant lui-même prédéterminé ;

  • la conception pour un coût global (CCG), qui consiste à concevoir un produit en tenant compte de l'ensemble des coûts de possession engendrés par sa conception, sa fabrication, sa maintenance et éventuellement son recyclage.

Par ailleurs, la méthode AV, comprenant le concept de cahier des charges fonctionnel (CdCF), est intimement liée aux démarches exigencielle, puis performancielle, qui ont vu le jour dans le monde de la construction.

Enfin, l'analyse de la valeur administrative (AVA) est une extrapolation de la méthode AV des produits au domaine de l'amélioration ou de la création de processus administratifs et à la réduction de leur coût.

2. Domaines d'emploi de l'analyse de la valeur dans le service du génie et objectifs poursuivis.

Bien que l'analyse de la valeur soit une méthode de conception (ou de reconception) applicable à tout produit matériel ou immatériel, il est néanmoins important de la mettre en œuvre en priorité dans les applications où l'investissement consenti sera le plus fructueux, c'est-à-dire pour les projets difficiles dont la singularité est marquée, et, en tout état de cause, le plus en amont possible. En conséquence, les principaux domaines d'application pour le service du génie sont les suivants.

2.1. Domaine opérationnel.

Définition du juste besoin, élaboration avec l'utilisateur de l'expression des besoins (cahier des charges fonctionnel) dans le cas d'opérations complexes ou d'un type nouveau.

Conception proprement dite, optimisation de la réponse du service du génie à un besoin complexe ou d'un type nouveau, voire amélioration des normes d'infrastructure.

2.2. Domaine fonctionnel.

Amélioration des tâches administratives (procédures, documents).

Optimisation du système d'information.

Etudes générales d'organisation.

3. Modalités de mise en œuvre de l'analyse de la valeur dans le service du génie.

A court terme, le service du génie ne dispose pas en propre de spécialistes de haut niveau en analyse de la valeur. Les actions AV seront donc menées avec l'intervention de cabinets-conseils extérieurs.

Suivant le domaine d'utilisation précisé dans le chapitre précédent, la décision d'emploi, le mode de financement et l'exploitation des résultats de l'action AV feront l'objet des modalités suivantes.

3.1. Décision d'emploi de l'AV et financement.

S'agissant des opérations immobilières à étudier, la décision d'utilisation de l'AV incombe à l'autorité hiérarchique du niveau chargé de l'étude [directeur des travaux, commandant et directeur du génie de la région militaire ou directeur du service technique des bâtiments, fortifications et travaux (STBFT) suivant le cas]. Au préalable, cette autorité se sera assurée, via la direction centrale du génie (DCG), du consentement du directeur d'investissement relatif au financement et aux éventuels délais supplémentaires nécessaires pour mener à bien l'étude AV.

S'agissant de l'analyse de la valeur dans le domaine fonctionnel, seuls la DCG, le STBFT et le centre organisation, méthode, automatisation du génie (COMAG), organes centraux chargés d'études générales, sont en mesure de prendre l'initiative de son emploi. Le financement devant être assuré dans ce cas sur des crédits propres au génie, ou éventuellement sur des crédits mis en place spécialement par un directeur d'investissement pour une étude de fond, le COMAG et le STBFT s'assureront auprès de la DCG de l'existence de ce financement spécifique avant tout engagement juridique.

Dans tous les cas, la décision de lancer une action AV devra être subordonnée à la possibilité réelle de constituer le groupe de travail réunissant tous les interlocuteurs indispensables, notamment les représentants des utilisateurs du produit étudié.

3.2. Choix de l'intervenant et procédure administrative.

Le choix de l'intervenant est effectué par l'autorité responsable de l'étude en application du code des marchés publics. La dévolution de la prestation se fait de la manière suivante :

  • si le montant doit être inférieur au seuil de l'achat sur facture (ASF), la simple consultation écrite de plusieurs intervenants potentiels est suivie d'une lettre de commande. Ce cas est le plus fréquent ;

  • si le montant doit être supérieur au seuil de l'ASF, la consultation sera effectuée en application du code des marchés publics en vue de la passation d'un marché d'étude.

Devant la multiplication actuelle des cabinets-conseils, il est recommandé de faire preuve de prudence en matière de consultation et de sélection des intervenants. D'une manière générale, les critères suivants devront être réunis :

  • le cabinet-conseil devra être membre de l'association française pour l'analyse de la valeur (AFAV), garante de l'orthodoxie de la méthode ;

  • il devra pouvoir justifier d'une expérience certaine dans le domaine considéré (notamment en matière de bâtiment ou en matière administrative).

Il est recommandé aux commandements et directions du génie de région militaire (CDG) et directions des travaux du génie (DTG) de se renseigner sur les ressources locales, et d'en informer la DCG.

4. Formation a l'analyse de la valeur.

L'analyse de la valeur étant une méthode de raisonnement performante, bénéfique pour l'efficacité individuelle et, par conséquent, pour le rendement de l'ensemble du service, il importe que le maximum de cadres et de personnes chargés de missions de conception reçoivent une formation d'initiation à l'AV. L'objectif immédiat de cette initiation est de rendre les individus aptes à participer avec efficacité à une étude comportant l'emploi de l'AV ; l'objectif ultérieur est une amélioration d'ensemble de l'exécution des tâches de conception technique et administrative, obtenue grâce à l'« imprégnation » des modes de pensée.

Pour atteindre ces objectifs dans des délais acceptables, la formation à l'AV s'articule en deux volets : la formation à l'école supérieure du génie militaire et la formation permanente.

4.1. Formation à l'école supérieure du génie militaire (ESGM).

A partir des objectifs de formation énoncés ci-dessus, il incombe à l'ESGM de dispenser, avec l'aide d'intervenants extérieurs, un enseignement de l'AV à ses stagiaires effectuant les scolarités suivantes : diplôme technique, certificat technique, stage de techniciens d'études et de fabrications (TEF), stage de formation du corps technique et administratif (CTA).

Une directive particulière en précisera les modalités.

Dans l'immédiat, l'intervention des cabinets-conseils extérieurs sera financée spécifiquement par la DCG. A terme, il est souhaitable que ces enseignements soient complètement intégrés dans les cursus de formation. Les frais correspondants devront pouvoir être couverts au même titre que les autres coûts pédagogiques.

4.2. Formation continue.

En vue de réaliser rapidement une « imprégnation » minimale du service, un effort important sera réalisé dans les années 1989 et 1990 grâce à un financement particulier. L'organisation de stages comparables à ceux qui ont été effectués en 1988 à Paris et Versailles, est confiée aux CDG.

Ces stages, regroupant une quinzaine de personnes pendant trois jours, seront animés par des intervenants extérieurs choisis en liaison avec la DCG.

Le personnel concerné comprend les cadres de direction (directeurs, directeurs adjoints, chefs du service technique, chefs du service administratif) et de conception (officiers des bureaux d'études, techniciens d'études et de fabrication et ingénieurs techniciens d'études et de fabrication) ayant devant eux une durée raisonnable de présence dans le service.

Ultérieurement, l'effort de formation spécifique sera allégé. Il pourra alors être repris dans le cadre de la formation permanente pilotée par les régions militaires et la direction de la fonction militaire et des relations sociales (DFR).

5. Coordination, information.

La coordination des actions et de la formation AV sera assurée par la DCG, sous-direction travaux.

Un coordonnateur régional sera désigné par chaque CDG. Il sera l'interlocuteur du coordonnateur central et des directeurs des travaux. Le rôle des coordonnateurs est essentiellement d'informer les utilisateurs et le commandement, en vue de faciliter le développement des initiatives locales et de faire connaître à l'ensemble du service les résultats et problèmes entraînés par ces actions.

Le service du génie est, depuis le 1er janvier 1989, membre de l'AFAV. Tous les organismes de métropole, des forces françaises en Allemagne (FFA) et des départements et territoires d'outre-mer (DOM-TOM) sont rendus destinataires de la revue « valeur », organe de l'AFAV.

Dans le cadre du PSG 2000, les actions AV présentent une connotation pédagogique et une valeur d'exemple. A ce titre, il est indispensable que les utilisateurs de l'AV rendent compte des résultats des études AV qu'ils auront décidées. Ces comptes rendus seront adressés sous forme libre à la DCG, sous-direction travaux ; éventuellement un article sera rédigé pour le périodique « Info-Doc ». Les directeurs d'investissements en seront également informés.

Pour le ministre de la défense et par délégation :

Le général de division, directeur central du génie,

DELORME.