INSTRUCTION N° 112/DEF/DPMM/PA relative à l'aptitude médicale au port et à la mise en œuvre du scaphandre d'intervention chimique « marine nationale scaphandre thermorégulé intertechniques Matisec ».
Abrogé le 03 juillet 2014 par : INSTRUCTION N° 0-9656-2014/DEF/DPMM/SPM portant abrogation de textes. Du 22 juillet 1999NOR D E F B 9 9 5 1 1 1 6 J
Dispositions générales.
Le scaphandre d'intervention chimique « marine nationale scaphandre thermorégulé intertechniques Matisec » (MANSTRIM) est un équipement lourd de protection individuelle et autonome qui permet de réaliser des missions humaines de longue durée (4 h), dans des conditions rendues agressives par un environnement pollué par des substances chimiques dangereuses peu ou pas connues avec éventuellement existence d'un risque de contamination par des gaz de combat ou des effluents nucléaires.
Ces missions sont confiées à des marins pompiers, travaillant en un ou plusieurs binômes mis à bord d'un bâtiment en difficulté due à la fortune de mer et transportant des substances chimiques dangereuses. Le moyen privilégié d'acheminement des binômes d'intervention est le transport et le treuillage à partir d'un hélicoptère.
Ces opérateurs sont chargés d'évaluer la situation de ce bâtiment en difficulté et d'effectuer, si besoin, des interventions élémentaires.
Au plan médico-physiologique, la mise en œuvre de ce scaphandre :
entraîne une dépense énergétique intense augmentée du fait de la surcharge pondérale liée au port de l'équipement (45 kg). L'aptitude physique au port de cet équipement nécessite un niveau minimum d'aptitude aérobie (VO2 max.) ;
son port prolongé est susceptible de provoquer une déshydratation corporelle avec risque d'hypovolémie plasmatique, ce qui, au plan de l'aptitude nécessite des conditions particulières du système cardio-vasculaire.
Aux plans psychique et psychologique, la parfaite cohésion des opérateurs entre eux et par rapport à la finalité de la mission nécessite un avis d'aptitude spécialisé du service local de psychologie appliquée (SLPA).
La présente instruction a pour objet de fixer les conditions médicales d'aptitudes requises pour le port et la mise en œuvre du scaphandre d'intervention chimique MANSTRIM.
1. Prérequis généraux d'aptitude.
Les opérateurs susceptibles de porter le scaphandre MANSTRIM sont des marins pompiers :
répondant au profil médical d'aptitude de base de leur spécialité [cf. instruction citée en réf. a) ] et ayant satisfait à l'examen psychologique d'aptitude exigé à l'engagement ;
dûment entraînés aux exigences de leur spécialité, aptes au port d'appareils respiratoires individuels (ARI) et à fournir des efforts physiques intenses ;
reconnus aptes aux visites médicales annuelle et triennale, cette dernière comportant les examens complémentaires suivants : hémogramme et bilan biologique, radiographie pulmonaire de face, exploration fonctionnelle respiratoire, audiogramme, ergovision, électrocardiogramme.
Ils doivent de plus satisfaire aux normes d'aptitude médicales spécifiques définies ci-après.
2. Normes d'aptitudes médicales spécifiques à la mise en oeuvre du scaphandre d'intervention chimique MANSTRIM.
2.1. Profil médical minimum.
S | I | G | Y | C | O | P |
1 | 1 | 1 | 2 | 2 | 2 | 2 |
2.2. Exigences particulières.
2.2.1. Catégorisation médico-physiologique.
Absence de pathologie et absence de séquelle de pathologie antérieure ainsi que d'anomalie organique ou fonctionnelle susceptible d'entraver une activité physique.
Le niveau d'aptitude physiologique requis est la catégorie 1 correspondant à une valeur de consommation maximale d'oxygène (VO2 max.) égale ou supérieure à 50 ml/min. kg déterminée :
soit sur le terrain par :
course derrière cycliste pour la détermination de la vitesse maximale aérobie (VMA) avec une valeur de VMA égale ou supérieure à la vitesse du palier de 14,35 km/h (finir le palier à 13 : 30 min.) ;
test de vitesse aérobie maximale d'évaluation [(VAMEVAL), cf. instruction citée en réf. b) ] avec valeur de VMA égale ou supérieure à la vitesse du palier de 14,5 km/h nécessitant d'atteindre ou dépasser le palier no 13 ;
soit éventuellement en secteur spécialisé par mesure indirecte ou directe de la puissance aérobie sur ergomètre ou sur tapis roulant.
Entraînement physique et sportif régulier permettant, en plus d'une bonne aptitude physique, une meilleure tolérance aux environnements agressifs (froid, chaud).
2.2.2. Squelette et appareil locomoteur.
Une compatibilité musculo-articulaire avec le port de charges lourdes est recherchée. Toute affection ostéoarticulaire ou musculo-tendineuse en évolution, ainsi que toutes les séquelles fonctionnelles d'affections congénitales ou acquises et les séquelles d'accident entraînent l'inaptitude, en particulier quand elles concernent l'axe rachidien.
2.2.3. Système cardio-vasculaire.
Le port prolongé du scaphandre MANSTRIM est susceptible de provoquer une déshydratation avec hypovolémie plasmatique pouvant favoriser l'apparition de pertes de connaissances aux changements posturaux. Une bonne adaptation des réponses cardio-vasculaires aux variations du volume sanguin est requise.
En conséquence, un bilan cardio-vasculaire comprenant un test sur table basculante (tilt test) avec mesure de la fréquence cardiaque et des pressions artérielles systolique et diastolique doit être effectué en milieu hospitalier.
Sont déclarés inaptes les sujets présentant une intolérance aux changements posturaux (vertiges, nausées, pertes de connaissance…).
2.2.4. Appareil respiratoire.
Une exploration fonctionnelle respiratoire est exigée. Toute anomalie doit être soumise à l'avis du spécialiste hospitalier.
2.2.5. Aptitude médico-psychologique.
La nature des missions susceptibles d'être demandées aux opérateurs (accomplir des tâches complexes en milieu hostile) ainsi que la spécificité des matériels mis en œuvre, en font des missions à risques et rendent nécessaire une véritable sélection psychologique du personnel appelé à porter le scaphandre MANSTRIM.
Cette sélection se fait en coopération avec le commandement, le médecin de la formation et le service local de psychologie appliquée.
Le commandement, en étroite collaboration avec son médecin et tenant compte des critères d'aptitude, effectue une présélection de ce personnel à partir :
de critères de savoir-faire (expérience de l'intervention en ARI par exemple) ;
de critères de confiance ;
de critères physiques annuels [test du contrôle obligatoire de la valeur physique individuelle (COVAPI) et en particulier test de marche avec port de charge] ;
de mises en situation par parcours d'entraînement sur moyens à terre et sur mer [par exemple, le navire marchand désaffecté avec parcours modulables sous très haute température, fumées, toxiques, etc., au centre d'instruction sécurité du bataillon des marins pompiers de Marseille (BMPM)].
Sont ainsi sélectionnés, dans la population des marins pompiers, de jeunes officiers mariniers ayant une bonne expérience du métier, ayant fait leur preuve dans des conduites à risques et méritant la confiance de leurs chefs. Ils doivent de plus, avoir des capacités physiques (constitution athlétique), intellectuelles et éthiques (sens de la discipline, capacités à gérer une tâche mentale complexe en situation subjective anxiogène, et être capables de mener successivement des tâches séquentielles pour obtenir un résultat complexe). Les candidats ainsi présélectionnés sont obligatoirement adressés au SLPA.
Le SLPA procède à un examen psychologique d'aptitude à ces missions aux fins :
d'éliminer les motivations pathologiques ;
de vérifier l'équanimité émotionnelle ;
de vérifier la logique des raisonnements et la fidélité au lien hiérarchique (sens de la discipline) ;
de vérifier le sens éthique en vue d'un travail à risques en binôme.
L'entretien psychologique spécialisé doit :
éliminer les candidats présentant des contre-indications manifestes : phobiques en espace clos, pusillanimes, sujets au jugement et au raisonnement défaillants (psychorigidité, impulsifs irraisonnés ou indécis, en proie au doute) ;
mettre en évidence les qualités souhaitables de courage, sang-froid, logique et générosité qui font les meilleures sauveteurs, secouristes, spécialistes du risque ;
vérifier qu'il n'existe pas dans leur histoire personnelle de problématique non résolue susceptible de les pousser inconsciemment dans des conduites à risque.
Ces hommes doivent être à la fois, jeunes, sportifs, très volontaires et motivés pour ces interventions, mais aussi fortement raisonnés, capables d'accomplir des tâches complexes (leur mission) en milieu hostile non physiologique (haute température, pollutions) revêtus d'un appareillage délicat et lourd.
Le psychologue peut s'aider dans la détermination de cette aptitude de tests psychométriques [Minnesota multiphasic personnality inventory (MMPI) obligatoire et tout autre à sa convenance].
2.3. Personnel féminin.
L'aptitude du personnel féminin est établie selon les mêmes critères médicaux que pour le personnel masculin ; seul l'état de grossesse entraîne une inaptitude temporaire dont la date de départ et la durée sont à déterminer par le médecin de la formation.
3. Visites médicales périodiques.
3.1. Visite annuelle.
L'aptitude au port du scaphandre MANSTRIM doit être contrôlée annuellement (A).
Le médecin de la formation sera attentif à tout fait nouveau survenu pendant l'année (traumatismes, affections diverses) pouvent contre-indiquer le port de ce matériel ainsi que sa mise en œuvre. Il effectuera en particulier une exploration fonctionnelle respiratoire et un bilan cardio-vasculaire annuels et soumettra au spécialiste hospitalier toute anomalie détectée lors de cette visite. Seul le tilt test ne sera pas refait en dehors de toute suspicion de troubles tensionnels orthostatiques.
Lors de cette visite, le médecin n'omettra pas de rechercher tout événement survenu dans la vie de l'intéressé (mariage, naissance, divorce, décès d'un proche, etc.) susceptible de le fragiliser au plan psychologique. Un avis spécialisé au SLPA sera alors demandé.
3.2. Visite triennale.
Aucun changement n'est à porter à la visite triennale des marins pompiers (cf. 1 de cette instruction).
Pour le ministre de la défense et par délégation :
Le vice-amiral d'escadre, directeur du personnel militaire de la marine,
Alain BEREAU.