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Archivé DIRECTION CENTRALE DU SERVICE DES ESSENCES DES ARMÉES : sous-direction emploi ; bureau exploitation

CIRCULAIRE N° 7700/DEF/DCSEA/SDE/1/TD/180/01 relative aux méthodes de détection des contaminations bactériennes des carburants et des méthodes de traitement des carburants contaminés par des micro-organismes.

Abrogé le 26 novembre 2012 par : INSTRUCTION N° 10381/DEF/DCSEA/SDE/SDE3 relative à la détection et au traitement des contaminations de carburants par des micro-organismes dans les capacités de stockage fixes et mobiles du service des essences des armées et dans les réservoirs de certains équipements. Du 27 novembre 2000
NOR D E F E 0 0 5 2 7 3 1 C

Autre(s) version(s) :

 

1. Objet de la circulaire.

Cette circulaire traite de la contamination par des micro-organismes des carburants issus des distillats moyens du pétrole, c'est-à-dire, les carburéacteurs, les gazoles et les fiouls. Elle a, en particulier, pour objet de définir les procédures de détection d'une biocontamination ainsi que les procédures à mettre en œuvre lorsqu'une telle contamination est avérée.

Cette circulaire ne s'applique pas aux carburants légers tels que les essences aviation et les supercarburants. D'une façon générale, les essences constituent un milieu moins propice au développement des micro-organismes que les carburants issus des coupes moyennes du pétrole. Cette plus faible sensibilité est due à la présence de chaînes hydrocarbonées courtes et d'un meilleur pouvoir de séparation entre l'eau et le carburant. Dans le cas particulier de l'essence aviation F-18, le facteur prépondérant à l'origine de l'absence de développement microbien, est la présence de composés plombés, toxiques pour les micro-organismes.

L'annexe I décrit brièvement les phénomènes liés à la biocontamination des carburants.

Les prescriptions édictées par la présente circulaire sont applicables à l'ensemble des organismes du service des armées (SEA), en métropole et hors métropole.

Ces directives peuvent subir des modifications en fonction de l'expérience acquise et de l'évolution des produits de détection et de traitement.

2. Responsabilités.

Elles sont établies à trois niveaux différents :

Le chef d'établissement : il est directement responsable des opérations liées à la prévention, à la détection et au traitement d'une biocontamination.

L'autorité régionale (AR) ; il peut s'agir de la direction interarmées du SEA en région militaire (DRSEA) ou du détachement de liaison outre-mer (DLSEA/OM) :

  • elle est responsable de la définition des opérations d'exploitation consécutives à une présomption de biocontamination, dans le dépôt (distribution des carburants et utilisation des véhicules et des matériels du SEA), à l'intérieur de la région (approvisionnement des forces et du dépôt contaminé par d'autres sources) ;

  • elle se charge d'effectuer les commandes de tests de détection S-1752 et de produit biocide S-1751, après s'être assurée que les ressources régionales sont insuffisantes ;

  • en fonction des circonstances, la DRSEA peut, en cas de présomption de contamination, adapter la conduite à suivre décrite dans l'annexe IV, en particulier lorsque les résultats des tests ne correspondent pas exactement aux différents cas prévus dans ce document.

La direction centrale du service des essences des armées (DCSEA) conseille l'AR et le chef d'établissement, et effectue le suivi des opérations consécutives à un problème de biocontamination. Elle peut également orienter les actions à mener, en fonction des circonstances, d'une façon différente de celle décrite dans l'annexe IV.

3. Test de détection et produits de traitement.

3.1. Test de détection.

Le test de détection de micro-organismes, S-1752, répond aux exigences de la norme NF M 07-070. Il s'agit d'un test de terrain permettant de mettre en évidence, dans un délai de trois jours, la biocontmination des carburants par des bactéries, des levures ou des champignons.

La mise en œuvre de ces tests et leur interprétation sont décrites en annexe V.

3.2. Produits de traitement.

3.2.1. Biocide S-1751.

Le SEA utilise l'additif biocide pour carburants, S-1751, pour le traitement in situ des carburants à usage terrestre et aéronautique, aussi bien à titre préventif que curatif. Ce produit répond aux exigences de la spécification DCSEA 754.

Il permet de traiter simultanément le carburant, les fonds d'eau et les parois des capacités et des canalisations.

Il s'agit d'un biocide à large spectre d'efficacité qui n'a aucun effet néfaste, aux concentrations préconisées, sur des turbomachines terrestres et aéronautiques, sur les moteurs à pistons et sur les équipements.

Pour un usage aéronautique, ce biocide fait l'objet d'une autorisation d'emploi par la délégation générale pour l'armement, conformément à la circulaire citée en quatrième référence. La concentration maximale autorisée pour un usage aéronautique est rappelée en annexe X.

3.2.2. BIOBOR JF.

Ce biocide est parfois utilisé par les armées pour le traitement des réservoirs de certains aéronefs, conformément aux documents techniques en vigueur.

3.2.3. Utilisation simultanée de ces deux biocides.

Les annexes IX et X précisent dans quelles conditions le SEA peut être amené à manipuler du carburéacteur contenant du BIOBOR JF ou du carburéacteur contenant à la fois du BIOBOR JF et du S-1751.

4. Prévention et traitement des problèmes de biocontamination.

Les actions qui doivent être entreprises afin de réduire les risques de biocontamination ou d'en éliminer les effets sont décrites dans les annexes numérotées de II à XI.

5. Concours du service des essences des armées au profit des armées.

Le SEA peut être amené à apporter son concours aux armées, dans son domaine de compétence : conseils techniques, prélèvements de carburant, mise en œuvre du test S-1752, mise en œuvre de procédures de traitement.

Le SEA n'agit qu'à la demande des utilisateurs dans les conditions suivantes :

  • sur les plates-formes aéronautiques sur lesquelles le SEA est implanté, la demande de concours est adressée directement au représentant local du SEA ; celui-ci en rend compte à sa DRSEA ou au DLSEA/OM de rattachement ;

  • dans les autres cas, la demande doit être formulée auprès de la DRSEA ou du DLSEA/OM.

6. Texte abrogé.

La circulaire n6307/DEF/DCSEA/SDE/1/TD/185/01 du 27 septembre 1995 relative à la contamination des hydrocarbures par des micro-organismes est abrogée.

Pour le ministre de la défense et par délégation :

L'ingénieur général, directeur central du service des essences des armées,

Michel SCHMITZ.

Annexes

ANNEXE I. Description sommaire du phénomène de contamination par des micro-organismes.

1 Micro-organismes aérobies.

Les souches aérobies (champignons, levures ou bactéries) ont besoin d'oxygène pour se développer. Elles se nourrissent d'hydrocarbures et vivent à l'interface eau-carburant qui procure les conditions propices à leur prolifération. Certains facteurs amplifient le phénomène :

  • l'oxygénation mécanique du carburant due aux mouvements ;

  • la température (conditions optimales entre 30 et 40° C) ;

  • la présence d'oxydes métalliques ou de sels minéraux en fond de bac ;

  • la présence d'additifs tensioactifs qui maintiennent l'eau en suspension dans le carburant et augmentent la surface de l'interface.

Les conséquences directes sont nombreuses et souvent graves :

  • dégradation du carburant par apparition de produits acides d'origine organique ;

  • diminution du pouvoir de désémulsion du carburant due à la présence de produits bio-surfactants générés par certaines bactéries. Ces bio-surfactants maintiennent l'eau en suspension, ralentissent la décantation et empêchent la coalescence dans les filtres séparateurs d'eau ;

  • colmatage des filtres par une zooglée (masse gélatineuse) sur le média filtrant lui-même ou par le mycélium (fibres) produit par les champignons ;

  • attaque des revêtements et corrosion des réservoirs ;

  • mauvais fonctionnement des appareils de jaugeage.

De plus, des conséquences indirectes sont parfois dues à l'intervention du personnel :

  • détérioration des organes moteurs par bipasse volontaire des filtres souvent colmatés ;

  • détérioration du revêtement intérieur des réservoirs par des machines de lavage à haute pression ;

  • perte de pouvoir de désémulsion du carburant due à l'introduction d'agents tensioactifs lors du nettoyage des réservoirs.

2 Micro-organismes anaérobies.

Le mécanisme du développement des micro-organismes s'articule en deux phases :

  • dans un premier temps, développement des micro-organismes aérobies qui épuisent l'oxygène et forment le substrat initial ;

  • dans un second temps, utilisation de ce substrat désoxygéné pour le développement des micro-organismes anaérobies.

Ce mécanisme est particulièrement dangereux pour les dépôts stockeurs dont les cuves sont insuffisamment drainées. En effet, les micro-organismes anaérobies dégagent des produits de réaction dont certains sont corrosifs, toxiques ou explosifs : hydrogène sulfuré (H 2S), ammoniac (NH 3), méthane (CH4), etc.

Les conséquences sont toujours importantes :

  • corrosion des tôles des réservoirs ;

  • toxicité des gaz générés ;

  • risques d'incendie ou d'explosion dus à la formation d'un corps instable, tel que le sulfure de fer.

ANNEXE II. Prévention et détection initiale d'une biocontamination.

1 Prévention d'une biocontamination.

1.1 Mesures préventives d'exploitation.

Le travail courant d'exploitation des établissements du SEA constitue la meilleure prévention :

  • purge régulière de la phase aqueuse présente dans les fonds de filtres, de réservoirs et de capacités (fixes ou mobiles) ;

  • nettoyage périodique des capacités de stockage ;

  • respect des temps de décantation.

Une parfaite connaissance des matériels et des installations et l'adoption de mesures appropriées, contribuent à accroître l'efficacité de ces mesures. En particulier, les risques de biocontamination sont plus importants dans les bacs et les réservoirs qui ne peuvent être purgés complètement ainsi que dans les points bas des canalisations de gros diamètre lorsque les mouvements de produit sont peu fréquents.

1.2 Mesures préventives par addition.

Sur ordre de la DCSEA, un traitement préventif par addition peut compléter les mesures préventives d'exploitation. Le traitement se fait en ajoutant au carburant 50 ppm (en masse) de biocide S-1751 (soit environ 1 litre de S-1751 pour 25 m 3 de carburant).

Le mode opératoire est décrit dans les annexes VII et VIII.

2 Détection initiale d'un niveau de contamination anormale.

Le diagnostic initial d'un niveau anormal de contamination par des micro-organismes est effectué par observation directe dès l'apparition de l'un des phénomènes suivants :

  • eau de purge trouble, émulsionnée, colorée ;

  • présence dans les purges, de masse gélatineuse ou de filaments blanchâtres ;

  • tâches foncées sur les filtres ;

  • odeur d'œuf pourri (symptôme le moins fréquent dû à la présence de bactéries sulforéductrices).

Ce diagnostic doit cependant être confirmé par la mise en œuvre de tests de détection S-1752.

L'utilisation de ces tests est décrite dans l'annexe V.

ANNEXE III. Réception des produits par wagons réservoirs et camions-citernes.

Les opérations de contrôle qualité à effectuer à la réception de produit par wagons-réservoirs ou camions-citernes sont décrites dans l'instruction, citée en troisième référence, traitant du contrôle de qualité des produits distribués par le SEA.

Lors des opérations de contrôle qualité, si une contamination par les micro-organismes est suspectée, il y a lieu de considérer le produit comme non conforme et de n'effectuer le déchargement du produit qu'après accord de la DRSEA, comme prévu dans l'article 44.2 de l'instruction citée ci-dessus. Lorsque le déchargement est impératif (renvoi des wagons-réservoirs, contraintes liées à l'infrastructure), il y a lieu de limiter au maximum la contamination éventuelle des installations. Le produit suspecté doit être isolé.

ANNEXE IV. Actions à mener en cas de présomption d'une biocontamination.

1 Descriptions des procédures.

1.1 Les actions.

Les organismes responsables des actions à mener sont repérés dans l'organigramme par les symboles suivants :

Figure 1.  

 image_14357.png
 

Conformément au point 2 de ce document l'AR et la DCSEA peuvent, en fonction des circonstances, donner toute directive jugée nécessaire.

1.2 Les comptes rendus.

Ils sont repérés dans l'organigramme par un double encadrement.

Pour plus de clarté, ces comptes rendus sont transmis par télécopie à l'AR, pour action, à la DCSEA (SDE 1/TD et SDE 1/RD 1), pour information, et le cas échéant au DLSEA/RA, pour information.

Contenu minimum des différentes comptes rendus :

C/R I ; ce premier compte rendu doit décrire très précisément la situation :

  • circonstances des observations ;

  • phénomènes observés ;

  • volume de produit concerné, type et nombre de matériels concernés ;

  • incidences sur la mission de l'établissement ;

  • mesures prises ;

  • types de renforts demandés (personnel, matériels) ;

  • nombre de tests S-1752 nécessaires.

C/R II A ; ce document rapporte les résultats des tests et décrit les actions envisagées :

  • conditions de prélèvement des échantillons [zone (ex. : niveau, purge), difficultés rencontrées] ;

  • résultats, en repérant les échantillons, les zones de prélèvement, les tests ;

  • actions envisagées compte tenu des données.

C/R II B ; identique au précédent, précise en plus : quantité de biocide nécessaire au traitement.

C/R II C ; identique au C/R II A, précise en plus :

  • identité et fonction du responsable contacté sur la plate-forme aérienne ;

  • mesures envisagées par le client pouvant avoir des incidences sur les actions du SEA ;

  • quantité de biocide nécessaire au traitement en incluant, le cas échéant, les besoins du client.

C/R III : fait le point de la situation au profit de l'organisme de tutelle de la plate-forme aérienne concernée (région aérienne pour les BA ; S/AERO pour les BAN).

C/R IV ; intervient après le traitement et la mise à la consommation du produit, comporte au moins les éléments suivants :

  • procédure utilisée pour effectuer le traitement ;

  • difficultés rencontrées lors du traitement ;

  • matériels remplacés, le cas échéant ;

  • bilan des matériels et des volumes traités.

C/R V ; rend compte des mesures prises par le SEA et de leur résultat.

Lorsque la situation l'impose, les organismes concernés par un problème de biocontamination ne doivent pas hésiter à communiquer et à sortir du cadre standard qui est défini dans cette annexe (demande de renseignements complémentaires, directives particulières, conseils, etc.).

1.3 Les commandes et les expéditions de produits.

Elles sont effectuées par l'AR, par télécopie au centre de ravitaillement en essences (CRE) de Bouy, après s'être assurée que les ressources locales sont insuffisantes (ce qui est généralement le cas) ; DCSEA/RD 2 est mise en copie de la commande. Le CRE de Bouy expédie les commandes en veillant à utiliser les moyens permettant l'acheminement le plus rapide possible.

1.4 Précisions complémentaires.

Certaines indications succinctes qui apparaissent dans l'organigramme demandent d'être explicitées :

  • question « contamination phase carburant d'un matériel au moins » : par matériel, il faut entendre tout matériel du SEA susceptible d'être contaminé (bac, citerne de véhicule, corps de filtres, filtres, etc.) ;

  • mesure « traitement du produit et des matériels » : elle doit être prise conformément aux annexes VI, VII et VIII ;

  • mesure « mise à la consommation du produit » : elle doit être prise conformément à l'annexe X.

2 Organigramme décisionnel.

Figure 2.  

 image_14358.png
 

ANNEXE V. Échantillonnage du carburant, décision de traitement, mise en oeuvre et interprétation du test de détection S-1752.

1 Échantillonnage.

1.1 Principes généraux.

Lorsque les symptômes d'une biocontamination sont observés, la phase aqueuse est considérée comme contaminée. Ce principe résulte des cas de contamination déjà rencontrés au sein du SEA.

Les tests de détection sont donc réalisés exclusivement sur des échantillons prélevés dans la phase carburant.

Les échantillons sont prélevés en respectant la méthodologie « échantillonnage de niveau », décrite dans la circulaire, citée en cinquième référence, traitant de l'échantillonnage des produits pétroliers, ou à défaut sont prélevés à la purge après avoir évacué l'eau.

Dans tous les cas il convient de prélever trois échantillons de la phase hydrocarbure.

Si les conditions le permettent, les trois échantillons sont prélevés juste au-dessus de l'interface eau/carburant, si une phase aqueuse est présente, ou en fond de bac, en l'absence de phase aqueuse.

1.2 Précautions à prendre lors d'un échantillonnage.

En fonction du matériel utilisé et du type de prélèvement effectué, il convient de respecter les consignes suivantes :

Échantillonneur :

  • vérifier sa propreté ;

  • le rincer à l'aide d'alcool (stérilisation) ; utiliser l'alcool isopropylique S-737, à défaut de l'alcool à 70o du commerce ; bien laisser sécher ;

  • effectuer un rinçage de l'échantillonneur avec le produit qui doit être contrôlé, prélevé dans la partie supérieure du carburant ;

  • secouer énergiquement l'échantillonneur avant d'évacuer le produit de rinçage ;

  • nettoyer l'échantillonneur après chaque prélèvement destiné à analyse.

Bouteille d'échantillon :

  • n'utiliser que les bouteilles en verre des caisses VA 3. À défaut, une bouteille en verre d'au moins 500 ml, parfaitement propre ;

  • vérifier la propreté de la bouteille ;

  • n'ouvrir la bouteille qu'au moment de son remplissage, la refermer immédiatement après ;

  • ne pas toucher l'intérieur de la bouteille ni celui du bouchon ;

  • effectuer un rinçage de la bouteille avec le produit à contrôler ;

  • prélever le produit à contrôler à l'aide de l'échantillonneur ;

  • verser directement le produit, prélevé à l'aide de l'échantillonneur, dans la bouteille d'échantillon. Si un entonnoir est indispensable, celui-ci doit être propre et rincé à l'alcool ;

  • remplir la bouteille aux 2/3.

Prélèvement avec échantillonneur :

  • si des échantillons prélevés à différents niveaux sont nécessaires, effectuer les prélèvements du niveau haut vers le niveau bas ;

  • si les prélèvements sont effectués sur plusieurs bacs, prélever si possible, du moins contaminé au plus contaminé.

Prélèvement à la purge du réservoir :

  • nettoyer l'orifice de la purge, si besoin à l'alcool ;

  • laisser l'eau s'écouler à un débit régulier en évitant l'écoulement simultané de carburant ;

  • ne pas prélever à la purge des filtres ou immédiatement après la sortie des filtres ;

  • ne pas prélever par les tuyauteries d'exploitation ;

  • ne pas prélever à la purge des indicateurs de niveau.

Prélèvement sur pipeline :

  • utiliser les prises d'échantillon existantes ;

  • ne pas prélever à la purge des filtres ou immédiatement après la sortie des filtres ;

  • savoir que sous flux laminaire, les particules peuvent avoir tendance à se rassembler au centre de la veine de liquide (connaître son installation).

Remplir correctement et complètement l'étiquette d'échantillon.

2 Test de détection S-1752.

2.1 Généralités.

Trois tests S-1752 doivent être réalisés sur chacun des trois échantillons prélevés dans la phase carburant.

Les tests étant réalisés sur des échantillons de carburant exempts de phase aqueuse, il est nécessaire d'effectuer la dilution du carburant à l'aide de l'eau stérile contenue dans le kit S-1752.

2.2 Mise en œuvre.

Vérifier au préalable la date de péremption du test.

La mise en œuvre du test est effectuée conformément au mode d'emploi qui accompagne le kit de détection. Il convient, en particulier, de s'efforcer de se rapprocher le plus possible de la température d'incubation indiquée dans le mode d'emploi (30 ± 0,5° C).

Ce type de test de terrain ne présente pas la précision et la fiabilité d'une analyse réalisée dans les conditions optimales que peut offrir un laboratoire c'est la raison pour laquelle il est convenu d'effectuer trois tests par échantillon.

L'attention des opérateurs est attirée sur les points suivants :

  • le test est inefficace en présence d'un carburant traité ou biocide ;

  • le test doit être réalisé immédiatement après avoir effectué le prélèvement, ou exceptionnellement, vingt-quatre heures après, au plus tard (dans ce cas l'échantillon doit être conservé au frais).

2.3 Diagnostic de contamination.

2.3.1 Cotation en fonction des contaminants.

Le mode d'emploi du S-1752 comporte une table qui établit la correspondance entre l'aspect de géloses et le résultat du test. Ce résultat s'exprime en nombre de colonies par millilitre pour les bactéries et directement en niveau de contamination pour les levures et les champignons.

Le test est effectué sur échantillon de carburant dépourvu de phase aqueuse dilué à l'aide de l'eau stérile disponible dans le kit de détection.

Les tableaux qui suivent donnent la cotation à retenir pour estimer la contamination en fonction du résultat mesuré :

  • la première ligne correspond au résultat observé sur la gélose et évalué directement à partir de la table de référence du mode d'emploi (sans prise en compte de la dilution) ;

  • la seconde indique la cotation qui doit être retenue pour l'interprétation du test ; cette cotation tient compte de la dilution dans l'eau stérile du carburant prélevé.

2.3.1.1 Niveaux de contamination par les bactéries.

Table 1. Test réalisé sur du carburant pur dilué dans l'eau stérile du kit.

Quantité de bactéries par ml, mesurée selon la table de référence (sans prise en compte de la dilution)

Aucune colonie.

Quelques colonies (< 104).

>= 104 et < 106

>= 106

Cotation retenue (dilution prise en compte).

Néant.

Léger.

Moyen.

Fort.

 

2.3.1.2 Niveaux de contamination par les levures et les champignons.

Table 2. Test réalisé sur du carburant pur dilué dans l'eau stérile du kit.

Résultat observé sur la gélose (sans prise en compte de la dilution).

Aucune colonie.

Quelques colonies.

Léger.

Moyen et fort.

Cotation retenue (dilution prise en compte).

Néant.

Léger.

Moyen.

Fort.

 

2.3.2 Interprétation d'un test complet.

Un test est déclaré positif dans les cas suivants :

  • niveau de contamination par les champignons « léger » ou « moyen » ou « fort », quel que soit le niveau de contamination par les bactéries ou les  levures ;

  • niveau de contamination par les champignons « néant » accompagné de l'une des combinaisons suivantes en niveaux de contamination par les bactéries et les levures :

     

    Niveau en levures.

    Néant.

    Léger.

    Moyen.

    Fort.

    Niveau en bactéries.

    Néant.

       

    Positif.

    Léger.

       

    Positif.

    Moyen.

      

    Positif.

    Positif.

    Fort.

    Positif.

    Positif.

    Positif.

    Positif.

     

3 Décision de traitement.

3.1 Analyse de la phase carburant.

Un échantillon est considéré comme contaminé lorsque deux tests sur trois sont positifs.

La phase carburant est déclarée contaminée lorsque deux des trois échantillons sont diagnostiqués contaminés.

3.2 Analyse de la phase aqueuse.

Dans le cas d'un diagnostic de bicontamination, tel qu'il est défini en annexe II, la phase aqueuse est systématiquement considérée comme contaminée.

3.3 Décision de traitement.

Un traitement doit être entrepris dans les cas suivants :

  • carburant contaminé : traitement à 100 ppm de biocide (1 litre pour 12 500 litres de carburant) ;

  • carburant non contaminé et purge complète de la phase aqueuse impossible : purger le plus possible, puis traiter à 50 ppm de biocide (1 litre pour 25 000 litres de carburant).

Le traitement n'est pas entrepris si le carburant n'est pas contaminé et si la purge complète de la phase aqueuse est possible.

Les doses de traitement sont rappelées en annexe VI.

ANNEXE VI. Dosage et solubilité de l'additif biocide dans le carburant.

1 Dosage.

La teneur en additif biocide S1751 est exprimée en parties par million (ppm), en masse.

La valeur moyenne de la masse volumique du biocide est d'environ 1 000 kg/m 3, celle du carburant, quel qu'il soit, est considérée égale à 800 kg/m 3.

Les doses de traitement sont donc les suivantes :

 

Concentration en masse.

Dosage volumétrique.

Traitement préventif

50 ppm

1 litre pour 25 m3

Traitement curatif.

 

Phase carburant contaminée.

100 ppm

1 litre pour 12,5 m3

Phase carburant non contaminée et purge complète impossible

50 ppm

1 litre pour 25 m3

 

2 Solubilité.

La valeur du seuil de solubilité de ce biocide dans du gazole, indiquée par la documentation technique du fournisseur, est de l'ordre de 5 000 ppm, soit 1 litre de biocide pour 250 litres de carburant.

Dans le carburéacteur, le seuil de solubilité du S-1751 a été déterminé à 3 500 ppm, soit 1 litre de biocide pour 360 litres de carburant.

Au-delà de ces concentrations, les phases carburant et biocide demeurent distinctes l'une de l'autre. L'apparition de ces deux phases peut également être observée pour des teneurs en biocide inférieures à ces seuils mais supérieures aux concentrations usuelles ; la dissolution du biocide se fait alors progressivement.

Si pour des contraintes d'infrastructure, il est nécessaire de réaliser une solution mère avant le traitement d'une capacité contaminée, on respectera un seuil de solubilité divisé par 2.

ANNEXE VII. Traitement des capacités de stockage (fixes ou mobiles).

1 Traitement curatif.

1.1 Purge.

Procéder aux purges pour éliminer la phase aqueuse et l'interface au fond de la capacité.

1.2 Changement des filtres.

Procéder au remplacement des éléments filtrants (coalesceurs d'infrastructure, d'avitailleur), s'ils présentent un aspect anormal.

1.3 Traitement.

La manipulation de l'additif biocide, S-1751, doit faire l'objet des précautions particulières pour le personnel : gants, lunettes. Se reporter à la fiche de données de sécurité.

La concentration finale en additif biocide, S-1751, doit être égale à 100 ppm. Les trois méthodes suivantes peuvent être employées pour injecter l'additif biocide.

Introduction en amont de la pompe de transfert :

  • brancher un tuyau plastique plongeant dans un bidon d'additif biocide, S-1751, en amont de la pompe de transfert par l'intermédiaire d'une pompe doseuse et commencer l'injection dès que le débit de carburant est bien établi ;

  • en l'absence de pompe doseuse, disposer une vanne quart de tour sur le piquage en amont de la pompe. Régler l'ouverture de la vanne de façon à obtenir une aspiration d'additif tout au long du transfert de carburant (des repères de niveau auront été inscrits sur le bidon d'additif pour permettre une estimation du débit d'additif) ;

  • l'injection via la pompe de transfert est à privilégier parce qu'elle permet le traitement des canalisations, favorise l'homogénéité du mélange et limite les risques d'accident par manipulation.

Élaboration d'une solution mère homogène :

  • une telle solution peut être élaborée dans une capacité permettant une bonne homogénéisation du mélange carburant/biocide par la circulation du mélange en circuit fermé. La mise en œuvre de ce procédé peut être effectuée à l'aide d'un avitailleur 30 m 3 ;

  • il faut veiller à bien respecter le seuil de solubilité du biocide dans le carburant.

Introduction à partir du toit du bac :

  • il s'agit de la solution la moins efficace en raison des difficultés d'assurer une bonne homogénéité du mélange carburant/biocide ;

  • introduire l'additif biocide, S-1751, par le toit du bac au début d'une phase de remplissage ou de recomplètement d'au moins 20 p. 100 de l'existant initial de façon à assurer un brassage maximum du carburant.

1.4 Décantation, purge.

À l'issue du traitement, laisser décanter quarante-huit heures puis purger pour éliminer l'eau et les déchets organiques. Le carburant ainsi traité sera mis à la consommation en priorité après filtration éventuelle.

1.5 Inspection de la capacité.

Dès que la capacité est vide, son inspection, dans le respect des règles de sécurité qui s'imposent, permet de vérifier si un nettoyage complet est nécessaire.

1.6 Remarques.

La décontamination des canalisations, des pompes et des corps de filtre, est obtenue par circulation du produit traité.

Des résidus de décontamination, non éliminés par la décantation, sont encore susceptibles de colmater les filtres à l'issue de l'opération.

Le traitement des cuves de camions-citernes est assimilé à celui des capacités de stockage.

Dans le cas d'une batterie de petites cuves (volume unitaire inférieur à 200 m 3 ), la décontamination de l'installation peut se faire par transfert du carburant contenant de l'additif biocide, S-1751, à la concentration de 100 ppm et en respectant les étapes 1.2 et 1.3 décrites plus haut.

2 Traitement préventif.

Il est réalisé de manière identique au traitement curatif ; la concentration finale d'additif, biocide S-1751, doit être de 50 ppm.

Toutefois, ce traitement ne donne lieu, après l'addition du biocide, ni à une décantation du produit ni à l'inspection des capacités.

ANNEXE VIII. Traitement des réservoirs des véhicules et des matériels.

1 Méthode directe.

Si le réservoir est plein ou presque plein, procéder par la méthode indirecte décrite au paragraphe 2 suivant :

  • purger le réservoir et le filtre à carburant. Toute phase aqueuse doit être éliminée ;

  • compléter le réservoir avec du carburant préadditivé en biocide (solution mère), afin d'assurer le brassage du mélange ; la concentration finale en additif biocide, S-1751, doit être égale à 100 ppm en masse ;

  • effectuer la décontamination des circuits d'alimentation en faisant fonctionner le moteur quelques minutes ;

  • laisser décanter quarante-huit heures ; purger le réservoir et le filtre ;

  • changer le filtre à carburant.

2 Méthode indirecte.

Purger les réservoirs et les filtres à carburant, toute phase aqueuse doit être éliminée.

Vider les réservoirs concernés dans une cuve de stockage ; introduire l'additif biocide, S-1751, ou une solution mère, dans cette capacité lorsque 30 p. 100 du produit à traiter aura été versé ; poursuivre la vidange des réservoirs dans la cuve de stockage ; la concentration finale en additif biocide, S-1751, doit être égale à 100 ppm en masse.

Laisser décanter quarante-huit heures ; purger.

Remplir les réservoirs à traiter avec le carburant contenant du biocide.

Effectuer la décontamination des circuits d'alimentation en faisant fonctionner les moteurs quelques minutes.

Laisser décanter vingt-quatre heures ; purger (réservoirs et filtres).

Changer le filtre à carburant.

Remarque. — La présence de micro-organismes morts non décantés peut occasionner pendant quelque temps des colmatages des filtres sans qu'il y ait reprise de la contamination.

ANNEXE IX. Traitement des réservoirs d'aéronefs.

Le traitement des réservoirs d'aéronefs est de la responsabilité des utilisateurs. Ce type d'opération est effectué conformément aux procédures décrites dans la documentation technique de chaque aéronef et définies par la réglementation technique propre à chacune des armées.

Conformément au point 5 de la présente circulaire, le SEA apporte son concours, à l'utilisateur si celui-ci en fait la demande. Il peut s'agir de simples conseils techniques limités au domaine de compétence du SEA, mais aussi de la mise à disposition de matériels pétroliers qui doivent alors être mis en œuvre par le personnel du SEA ; il est ainsi envisageable d'avitailler un aéronef contaminé à l'aide d'un camion avitailleur dont la cargaison a été préalablement traitée avec du S-1751 ou du BIOBOR JF.

L'établissement du SEA ainsi sollicité rend compte le plus rapidement possible de la situation à sa DRSEA ou son DLSEA/OM de rattachement, pour action, et informe la DCSEA, ainsi que, le cas échéant, le détachement de liaison en région aérienne (DLSEA/RA) dont il dépend.

L'AR prend, éventuellement, les mesures de coordination qui s'imposent.

ANNEXE X. Utilisation des produits traités.

1 Produits à usage terrestre.

Ils peuvent être consommés sans aucune précaution particulière, directement après un traitement préventif ou curatif.

2 Carburateurs pour turbo-machines d'aviation.

2.1 Remarque préliminaire.

Dans le cas où les concentrations en biocides ne peuvent être appréciées ou ne peuvent pas être rendues compatibles avec un usage aéronautique (<= 50 ppm en masse), le carburéacteur concerné peut être déclassé en carburéacteur diesel non additivé, XF-63.

2.2 Cas général.

Pour un usage aéronautique, un carburéacteur ne doit pas contenir plus de 50 ppm d'additif biocide, S-1751. En conséquence, après un traitement curatif, il y a lieu de diluer le carburant traité avec un carburant non traité et non contaminé pour obtenir une concentration maximale de 50 ppm de biocide.

Dans le cas où le SEA contribue au traitement de réservoirs d'aéronefs en mettant en œuvre du BIOBOR JF, l'utilisation du carburant traité est effectuée sous la responsabilité des utilisateurs, sachant que la concentration maximale autorisée pour un usage en vol est de 135 ppm de BIOBOR JF.

Le mélange d'un carburéacteur traité au BIOBOR JF avec un carburéacteur contenant du S-1751 et l'utilisation de ce mélange à des fins aéronautiques sont également autorisés. Le mélange doit être réalisé à partir de carburants dont les concentrations respectives en BIOBOR JF et en S-1751 les rendent séparément aptes à un usage aéronautique.

2.3 Reprises de produit.

Les personnels d'exploitation doivent être conscients des risques de contamination que représente une reprise de carburant sur aéronef.

Les règles de contrôle de qualité (analyse type C) doivent être systématiquement appliquées.

La DCSEA autorise les reprises de carburéacteur traité au BIOBOR JF et l'utilisation de carburant à des fins aéronautiques. Pour cet usage, la concentration en BIOBOR JF doit alors être inférieure ou égale à 135 ppm.

Dans le cas où il est nécessaire d'effectuer un mélange de carburants contenant du S-1751 et du BIOBOR JF, les règles qui doivent être appliquées sont celles énoncées dans le paragraphe précédent.

ANNEXE XI. Élimination des déchets.

1 Tests de détection S-1752.

Après leur utilisation, les lames doivent être détruites conformément aux prescriptions de la norme NF M 07-070 : les géloses incubées sont neutralisées par incinération, immersion dans l'éthanol à 70° C ou dans l'eau de Javel à 12° chlorée ou par un séjour en autoclave (10 mn à 90° C).

2 Produits contenant DU S-1751.

Les déchets liquides contenant de l'additif biocide, S-1751, sont détruits par incinération dans un centre agréé.

ANNEXE XII. Définition des termes techniques.

1 À traiter.

Un produit pétrolier est dit « à traiter » lorsque son niveau de contamination mesuré avec le test S-1752 est supérieur ou égal aux seuils d'intervention.

2 Média filtrant.

Substance assurant la filtration.

3 Coalescence.

Phénomène physique caractérisé par l'agglomération des gouttelettes d'eau émulsionnées dans le carburant.

4 Biocide.

Produit détruisant les micro-organismes.

5 Tensioactif.

Produit modifiant la tension superficielle du fluide dans lequel il est dissous.

6 Biosurfactant.

Produit d'origine biologique qui solubilise les dépôts et l'eau dans le carburant.

7 Gélose.

Milieu de culture des micro-organismes à base d'algues utilisé en bactériologie.

8 Mycélium.

Longs filaments sécrétés par les champignons.

9 Zooglée.

Réunion de micro-organismes agglutinés par une substance visqueuse.